Quartier lointain

7.0/10
Quartier lointain

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Captain Nono
America's Most Wanted - 326 critiques
publié le 21/05/2011 - 20:02
8
 

Une belle adaptation

C'est sur les conseils avisés d'un ami que j'ai découvert le manga original de Jirô Taniguchi, oeuvre d'une sensibilité remarquable, et dont l'histoire m'a profondément touché. L'histoire d'un homme approchant la cinquantaine et hanté par une certaine mélancolie, qui retourne par hasard dans le village de son enfance, et par un phénomène extraordinaire, sous les traits de l'adolescent qu'il était dans les années 60. L'occasion pour lui de comprendre les raisons qui ont poussé son père, un homme introverti et secret, à quitter subitement sa famille un soir, pour ne plus jamais donner de nouvelles ...

Il n'est jamais aisé de s'approprier une oeuvre écrite pour en réaliser l'adaptation au cinéma. Le manga original est d'une telle richesse émotionnelle que le défi s'annonçait rude pour le réalisateur Sam Garbarski. Certains devaient craindre l'occidentalisation de l'adaptation, mais il en résulte finalement une très agréable "carte postale" d'un village français des années 60, niché au coeur des magnifiques paysages du Jura. Un doux parfum de nostalgie plane sur la réalisation, sobre et appliquée, qui sait s'effacer pour mettre en avant le jeu des acteurs. Le jeune comédien Léo Legrand m'a beaucoup plu dans le rôle du jeune Thomas. Une prestation juste et subtile, à l'image de l'ensemble des acteurs du film d'ailleurs, notamment les parents de Thomas.

Quartier Lointain est une touchante chronique familiale qui s'appuie sur le thème d'une enfance retrouvée pour aborder des sujets plus graves, comme le sens de la vie, les tabous et les non-dits au sein d'une famille, les regrets, le deuil ... On s'identifie rapidement au personnage de Thomas, à sa vision des choses avec le recul et l'expérience d'un homme mûr dans le corps d'un adolescent de quinze ans. Comme lui, on cherche à comprendre le caractère indéchiffrable de son père ainsi que son mystérieux secret, et comme lui on s'attache à sa mère, une belle femme douce et aimante, mais si triste et si résignée ... Une histoire simple mais empreinte de beaucoup d'émotions, dont la profondeur est magnifiquement amplifiée par la belle et mélancolique partition du groupe AIR, que l'on avait notamment pu découvrir sur le film Virgin Suicides de Sofia Coppola en 2000.

Pour conclure, je ne peux que vous recommander à la fois le manga et le film. Une oeuvre qui touche le coeur et réveille la fibre nostalgique qui sommeille en chacun de nous, et qui assurément donne à réfléchir sur les vraies valeurs de la vie.

Portrait de Dante_1984 Dante_1984
I am Legend - 1124 critiques
publié le 10/05/2011 - 14:11
8
 

Retour vers le passé

Thomas est un auteur de bande-dessinée hanté par la disparition aussi soudaine qu’inexpliquée de son père lorsqu’il était adolescent. En revenant dans le village de son enfance, il perd connaissance devant la tombe de sa mère et… se réveille à l'aune de ses 15 ans, voilà plusieurs décennies. Il va tout tenter pour comprendre ce qui tourmente son père et l’empêcher de partir. Quartier lointain est l’adaptation d’un manga qui a connu un énorme succès dans son genre. Étant donné que je n’ai pas lu l’œuvre de Jirô Taniguchi, mon avis portera sur la qualité du film et de son histoire et non sur sa fidélité ou sa qualité d’adaptation.

Si le voyage dans le temps est souvent affaire de péripéties grandiloquentes ou, à tout le moins, rocambolesques, l’incursion du concept dans une production française donne lieu à un habile compromis entre le drame familial et le fantastique. Dès lors, cette incursion temporelle apparaît davantage comme un rêve éveillé. Une réminiscence de souvenirs profondément enfouis qui prend vie sous nos yeux. Plus qu’une deuxième chance pour colmater les blessures du passé, cette odyssée exorcise les peurs et les doutes et offre un regard « adulte » sur la page de l’enfance. Les petits détails de la vie quotidienne deviennent de savoureux moments alors que les préoccupations somme toute superficielles de l’adolescence passent en second lieu.

Mais le film de Sam Gabarski se révèle également une formidable reconstitution des années 1960 où régnait une certaine insouciance. Le village est alors la représentation d’un microcosme quasi léthargique que rien ne semble altérer. D’ailleurs, le présent et le passé se rejoignent sur ce point. Le village est la transition entre deux époques aux antipodes. Les affres du temps ont bien modifié les apparats, mais les mentalités demeurent. De fait, il découle une certaine nostalgie d’une époque révolue qui appartient au monde des souvenirs et autres rêveries. On pourrait même penser que cette vision idéalise une vie qui n’a plus court dorénavant où la nonchalance et la contemplation sont les vecteurs du bonheur. En d’autres termes, il faut prendre le temps de vivre.

Bref, Quartier lointain est un film atypique et séduisant. Il touche la fibre sensible qui sommeille en chacun de nous pour narrer un problème familial ayant eu des répercussions dans les vies futures des différents intervenants. Le récit prend des allures de voyage initiatique, comme si apprendre à se connaître (quel que soit son âge) permettait de mieux comprendre les aspirations de son entourage ; a fortiori, de ses proches. On a l’impression de se retrouver sur un petit nuage, transporté par la musique d’Air (le groupe justifie à merveille son nom) aux sonorités à la fois planantes et impalpables. En somme, une histoire émouvante racontée avec sobriété et un brin de fatalisme. Un film qui sort de l’ordinaire.

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