Braquo

Autant le dire de suite, Braquo est objectivement l'une des meilleures séries françaises produites ces dernières années. Pas besoin d'être nécessairement accroc aux flics mal rasés et vêtus de cuir pour le reconnaître, tant cette série regorge de qualités. Il faut dire qu'un taulier du milieu est aux commandes de l'engin - Olivier Marchal - qui officie ici comme coproducteur, scénariste et réalisateur (les quatre premiers épisodes). Ceux qui avaient déjà apprécié 36 Quai des Orfèvres, Gangsters ou encore MR 73, ne devraient pas être déçus du voyage. Une réalisation impeccable et très réaliste, au style résolument inspiré de ce qui se fait de l'autre côté de l'atlantique. Olivier Marchal est en effet un grand fan de cinéma américain, et cela transpire dans sa manière d'opérer : ça change de Julie Lescaut, n'en déplaise à certains...

Braquo dispose en outre d'un casting royal, qui lui assure d'emblée un certain standing. Jean-Hugues Anglade est ainsi LA star de la série dans le rôle d'Eddy Caplan, vieux briscard au grand coeur, paternaliste avec son groupe d'opération, entraîné dans un enchevêtrement infernal de galères qui vont le conduire lui et ses hommes très loin derrière la ligne jaune... Mention spéciale également au prometteur Nicolas Duvauchelle dans le rôle de la tête brûlée : une valeur montante du cinéma français ! On retrouve également des noms plus connus, comme Samuel Le Bihan, François Levantal et Francis Renaud (saison 2), ce dernier étant un fidèle d'Olivier Marchal. La force de la série réside ainsi dans cette solidarité indéfectible que l'on ressent au sein du groupe d'Eddy Caplan. Quatre flics unis dans et contre un système qu'ils ne comprennent plus depuis longtemps, à l'image de beaucoup de flics d'aujourd'hui, qui se sentent abandonnés par leur hiérarchie et méprisés par la société.

La première saison est la meilleure, car s'inscrivant justement dans cette réalité sombre et désenchantée dans laquelle évolue ces flics. Le ton est grave, froid et réaliste, sans concession tant dans la violence de l'action que des dialogues. Certaines répliques sont parfois téléphonées - marque de fabrique du cinéma français - mais d'autres versent carrément dans le jubilatoire : z'ont de la répartie ces flics ! L'intrigue est passionnante et nous plonge au coeur des zones d'ombre de la police et du grand banditisme parisien. Les rebondissements sont nombreux et on se demande toujours comment nos quatre larrons vont réussir à sortir de leurs galères... La seconde saison, qui s'inscrit directement dans la continuité de la première, verse davantage dans l'action et donne parfois l'impression de n'être prétexte qu'à une succession de scènes d'exécutions : trop de protagonistes en somme, souvent caricaturaux (le colonel Dantin notamment...)

Au final, et en attendant avec impatience la troisième saison, Braquo se révèle être une réussite. Une série mature et musclée, très bien maîtrisée à tous les niveaux, avec ce seul bémol concernant la surenchère de la saison 2. Une série qui fait un bien fou au paysage télévisuel français !

8,5/10