Gun

Seulement voilà, si le film est effectivement de la merde, "50 Cent", ou n'importe quel rappeur d'ailleurs, étant un gage de qualité pour les mouches, nous ne sommes pas en présence d'un chef-d'oeuvre nanardesque comme certains catcheurs savent offrir à nos intellects de plus en plus exigeants. Au bout de 5 mn seulement, on comprend que l'on s'est fait piéger: la mise en scène est réellement lamentable, poussive au possible, digne d'un téléfilm allemand "old-school", les dialogues pitoyables et les acteurs transparents.

Si l'interprétation globale est absolument consternante, malgré certains 2nds couteaux d'habitude habitués à plus de qualité (James Remar, Dany Trejo, John Larroquette), la personne qui fait le plus de peine à voir est bien Val Kilmer. Acteur surdoué aussi convainquant dans la comédie (Top Secret), que le thriller (Heat), en passant par la SF et bien d'autres; il est ici quasiment mort, totalement inexpressif, au-delà du coma dépassé. Avec 20-25 kilos de plus qui lui donnent l'air d'un clochard bouffi, il se traîne littéralement comme un animal en fin de vie qui attend que quelque chose se passe pour abréger ses souffrances. Voir un acteur de ce calibre est à ce point n'être plus que l'ombre de lui-même fait vraiment mal au coeur, surtout quand on a suivi sa carrière depuis ses débuts...

Quant à Curtis Jackson, on attend évidemment beaucoup de lui ! On l'imagine déjà descendant fièrement de son arbre en abandonnant bananes et guenons, pour balancer deux-trois "YO!" tout pourris mais bien sentis (genre "j'ai des couilles et de la personnalité... à moins que ce soit mon fric") entre deux fusillades mongoloïdes du plus bel effet. Raté encore, il a l'air d'un con prétentieux comme d'habitude, mais n'a pas le "petit plus" nanar qui le rendrait à la fois sympathique et amusant. Il balance bien sûr un "YO!" par-ci par là pour montrer qu'il est un mec qui gère grave avec une forte personnalité et tout et tout, mais l'ensemble est tellement mal filmé, de manière quasi amatrice, et les dialogues d'une telle stupidité, que l'on peine finalement à s'intéresser à ses péripéties de bac-à-sable. En fait, bien qu'étant limité dans son jeu, on pourrait même lui trouver un certain charisme, mais la laideur des images, la connerie de l'histoire, l'extrême nullité des dialogues qui ne mènent à rien et les pitoyables "performances" de ses camarades de jeu, anéantissent toute forme de qualité formelle. Reconnaissons tout de même qu'il parvient à dire son texte sans se tromper et apparemment sans l'aide de prompteur. Chapeau l'artiste... ou plutôt YO!

Pour information, signalons la nouvelle discipline qui va être présentée aux prochains Jeux Olympiques: le "YO! synchronisé". Cela consiste à s'élancer gaiement de branches en branches sans en rater une seule, tout en scandant frénétiquement des "YO!" bien virils sans se tromper dans le texte, et tout ça en synchronisation parfaite avec le balancement si harmonieux des bras qui donne tant de style aux rappeurs. Et p'is plus y nous f'rons rigoler, plus y z'aurons des bonnes notes ! Rappelons tout de même la codification extrêmement subtile du language rap, qui peut en laisser perplexe plus d'un de part sa complexité intellectuelle: un "YO!" signifie que t'as des couilles, des vraies, des grosses quoi avec du jus dedans. Deux "YO!" démontre que t'as à faire à un man qui a des couilles plus grosses que les tiennes, un pur truc de ouf forcément. Et quand y'a trois "YO!", alors là, c'est réservé à l'élite des élites, t'as à faire à une bonne tête de vainqueur que tu peux inviter à dîner pour amuser tes potes...

Quand on voit un budget de 10 millions de dollars, même si maintenant un Blockbuster se chiffre à 10 à 20 fois plus, on comprend mal où est passé le budget tant tout semble cheap et fauché. D'accord outre un scénario à chier, des acteurs pathétiques qui viennent cachetonner en période de crise, et un metteur en scène parti pisser qui s'est sûrement essuyé avec le script, on se demande quand même où est passé le budget ? Certes les scènes d'action sont redoutablement mal filmées... mais il n'y a de toutes façons quasiment rien à montrer. Où est passé le fric bordel ??? C'est l'ami Curtis qui voulait être payé bien plus que 50 cent, malgré des compétences artistiques qui n'en méritent pas la moitié, qui a plombé le budget ? C'est la consommation d'électricité pour la machine à électro-chocs censée réveiller Val Kilmer qui a dépassé les prévisions logistiques ? Ou alors le budget "putes" qui a tout cassé, le tournage ayant de toute évidente été tellement bâclé, qu'il devait rester beaucoup de temps à toute l'équipe pour s'amuser... eux...

Bref, un film à la stupidité atomique, dont le naufrage devait être évident dès la lecture d'un script même pas digne d'une rédaction de 6e, aux dialogues de centres aérés pour jeunes délinquants trisomiques; mais n'a même pas la chance d'être divertissant au second ou 36e degré tant tout se traîne lamentablement et que le décalage nanardesque souvent salvateur n'est même pas suffisamment affirmé pour être porteur de sourires en coin... Maintenant donner un vrai scénario à un guignol bagouzé pour qui écrire son nom sans faire de faute est déjà un exploit, serait comme donner de la confiture aux cochons, ou confier un opéra à un rappeur...

Additif: Je tiens à préciser que tout ce que j'ai écris plus haut, l'a été avant que j'ai eu connaissance de qui avait écrit le scénario, en créant la fiche du film pour le site (Ouais pass'queue sinon y'a encore des mauvaises langues qui vont me soupçonner de prendre les rappeurs pour des demeurés, alors que même pÔ vrai. Trop inZuste !). Celui qui enfonce Racine, Molière et Baudelaire d'un seul YO! se nomme: ... roulement de tambours, suspense aussi déchirant qu'un morceau de rap pour tes oreilles... 50 Cent ! Et oui, c'est lui qui a "écrit" (Ah Ah Ah Ah !) le scénario et les dialogues ! Que dire de plus après ça ? YO! ?