Parle avec elle

Et non. Cette critique ne parlera pas des agents spéciaux de Hellboy, mais bien d'un film magnifique de Pedro Almodóvar.

Il ne vous aura pas échappé que l'affiche de Hable con ella rappelle quelque peu les délires argentesques des 70's. Mais dans le film, ces couleurs seront plus attachées à la distinction des personnages qu'à l'âme des décors. Ainsi, elles accentue et scindent l'histoire en 2 point de vues bien différents et complémentaires.

Le film conte la rencontre improbable de deux hommes dont les compagnes sont en état de mort cérébrale. Si l'un est persuadé qu'un réveil est toujours possible, l'autre ne croit pas en cette possibilité. Alors que tout les oppose, leurs parcours vont pourtant se mêler, révélant un lien aussi fort qu'étrange...

Hable con ella est à placer parmi les plus belles réussites du réalisateur espagnol. La puissance émotionnelle est parfaitement maîtrisée et le scénario met des baffes jusqu'à une conclusion qui laisse sur le cul. C'est de l'excellent cinéma.

Loin de se reposer sur platitude picturale trop régulière des films d'auteurs, Almodóvar innove encore et toujours dans l'esthétisme de son ½uvre, allant ainsi provoquer des sentiments plus forts. Si ces choix rendent le film magnifique, ce n'est pas sans compter sur des musiques tout aussi percutantes. Comme à son habitude, il arrête même le cours de son histoire pour prendre le temps de planer au son d'une chanson aussi belle qu'émouvante.

Parlons aussi des prises de risques. Si le récit finit par basculer dans un enfer déstabilisant selon la plume unique de son auteur, il inclus aussi des scènes d'un film muet en noir et blanc. Personnellement, j'ai adoré la poésie de l'Amant qui rétrécit. C'est à la fois fantastique, romantique et... déroutant dans son dénouement. Peu de réalisateurs auraient su placer cette métaphore sans briser la cohérence de l'ensemble.

Une nouvelle fois, Pedro Almodóvar signe une ½uvre unique qui saura ravir les amateurs de films forts, innovants et un peu déviants.