Oeil pour Oeil

Pur produit Grindhouse, I Spit on Your Grave ou Day of the Woman frôle le chef d’œuvre. Pour le moment, c’est le Rape & Revenge le plus percutant qu’il m’ait été donné de voir.

D’un point de vue exploitation, le film attire par ses côtés malsains : d’une part le viol d’une jeune fille dénudée et d’autre part sa sanglante vengeance. Ce sont donc le sexe et la violence qui insistent le public à assister à ce spectacle immoral. Pourtant, Meir Zarchi ne s’arrête pas à ces éléments racoleurs. Sans en avoir l’air, il donne beaucoup de sens à son œuvre et rallie subtilement à son point de vue. En d’autres termes, il est quasi-impossible de ne pas se positionner du côté de la victime.

Si certains considèrent le genre comme misogyne et brutal, on peut dire qu’I Spit on Your Grave est plutôt féministe dans l’âme. Ainsi, le fait de se sentir témoin d’un acte immoral par le voyeurisme fait de la dernière partie du film un soulagement. C’est assez proche du concept de Wes Craven et de The Last House on the Left sauf que Zarchi rend une copie plus aboutie sous tout point de vue.

Le Blu-Ray proposé par TFI Vidéo en 2011 pour la sortie du remake offre la version originale de 1978 en bonus. Certes, il n’y a ni suppléments, ni chapitres, mais pouvoir redécouvrir cette œuvre culte qui lança véritablement le mouvement Rape & Revenge dans une version HD 1920x1080 avec un son DTS-HD 5.1, c’est un plaisir de cinéphile indescriptible !

Ps: Camille Keaton est magnifique !

Très proche de La dernière maison sur la gauche, sorti quelques années plus tôt, I spit on your grave simplifie encore davantage l'intrigue en retraçant le calvaire d'une jeune romancière new-yorkaise venue chercher de l'inspiration en pleine nature, dans un cadre extrêmement proche de celui du film de Craven. Calvaire suivi de vengeance, puisque la jeune femme échappe à la mort et entend bien la faire connaître à ses bourreaux. Assez réaliste, violent et direct, I spit on your grave laisse pourtant un fort sentiment d'inachevé. En effet, les personnages manquent trop de profondeur pour qu'on leur prête vraiment leurs intentions (et leurs actions), et la vengeance de la victime laissée pour morte ne délivre que très partiellement le sentiment de satisfaction escompté, surtout à la toute fin où tout semble fait pour se débarrasser une bonne fois pour toute d'un scénario qui se réduit à l'inversion du rapport dominant-dominé. Film féministe, qui érige la femme à la fois en martyre et en justicière, I spit on your grave souffre néanmoins de la comparaison avec le film de Craven, dont il emprunte la quasi totalité des ressorts. De plus, la longueur de certaines scènes, probablement afin d'accentuer l'effet réaliste, plombe le rythme tandis que la seconde partie du film, trop prévisible, s'apparente plus à une succession de meurtres qu'à la réponse cruelle et juste d'une femme détruite par la monstruosité et la petitesse des hommes.

Rape & Revenge de bonne facture, « I spit on your grave » bénéficie de cette publicité gratuite qu’est le Vidéo Nasties, symbolique d’une violence intolérable bien souvent usurpée. Si, aujourd’hui, l’on en conçoit très peu la raison de ce classement, à l’instar du film grand frère qu’est la bouse « La dernière maison sur la gauche » du beaucoup trop estimé Wes Craven, il ne fait pas de doute que le film à uniquement été conçu pour s’heurter à la morale bien pensante de l’époque. Pourtant il se démarque assez vite de cette étiquette de par la présence de Camille Keaton, seule véritable actrice et petite nièce du grand Buster Keaton. Ajoutons à cela l’absence d’une composante musicale, s’affranchissant ainsi des codes du genre pour en livrer une vengeance froide et méticuleuse, et on assiste impassible à un Rape & Revenge amateur qui tient définitivement la route -chose assez rare que pour être signalée- malgré une mise en scène parfois vraiment trop amatrice. De plus, Meir Zarchi propose des meurtres qui relèvent d’ingéniosité à l’heure ou tous les films d’exploitation se suivaient et se ressemblaient. Bonne surprise à l'époque de sa vision mais sa ne marquera pas les esprits.

Film du niveau de Deliverance pour moi. J'aime particulièrement les dix premières minutes du film où la vacancière arrive dans une ville sans en connaitre les règles. Elle ne maitrise pas ce qui se passe et ne se rend pas compte que son comportement va être mal interprété. Filmé sans partie pris. Les 4 hommes du film sont tous très bon. Camille Keaton est elle, oh la la, c'est très très fort. La mise en scène est sobre , mais bien présente. Vous avez aimé "Massacre à la tronçonneuse", alors loupez pas "I Spit On Your Grave"!

Film classé dans la catégorie des Videos Nasties (pour rappel ce sont ces films qui furent interdits en Angleterre en raison de leur violence), I Spit on your Grave (littéralement « J’irai cracher sur vos tombes » en référence à Boris Vian) aborde ici un sujet ultra sensible dans le cinéma celui du viol. Ainsi le film nous raconte l’histoire d’une belle écrivain venant s’installer à la campagne pour rechercher l’inspiration et le calme. Pensant profiter de vacances tranquilles elle va devenir la proie d’une bande de dégénérés locaux qui vont s’acharner sexuellement et physiquement sur la malheureuse. Laissée pour morte elle va entamer une véritable chasse vengeresse dont les crimes rivalisent d’originalité. Véritable choc des cultures que ce film, dépourvu de musique, avec d’un côté une écrivain raffinée, Jennifer Hills (Camille Keaton) intellectuelle de profession, provenant d’une grande ville et insouciante et de l’autre côté des rednecks incultes, sauvages, bestiaux de l’Amerique profonde, celle de ces petites villes campagnardes nichées au cœur des forêts et à l’écart du frénétisme social des grandes métropoles américaines. Inévitablement on pense à Dustin Hoffman dans Straw Dogs (1971) jouant le rôle d’un scientifique venu s’installer dans les Cornouailles avec sa superbe épouse objet de convoitise des mâles dominants du petit village anglais. Ici pas de mari salvateur, Jennifer Hills est seule face à une bande de quatre dangereux fous et cette impression d’isolement est encore plus frappante. Si l’interprétation de Camille Keaton (petite-nièce de Buster) est très bonne c’est surtout son courage pour interpréter ce rôle qui soulève l’admiration. Cette succession de viols et d’humiliations filmés sans complaisance rend ce rôle extrêmement difficile à jouer et pourtant le personnage de Jennifer est très convainquant. Quant aux rôles des bourreaux ceux-ci sont relativement bien tenus mais on regrettera la très mauvaise interprétation de Richard Pace jouant le demeuré de service timide et franchement énervant. Pour la petite histoire la seule scène où celui-ci est convainquant fut celle où il se retrouve pendu à un arbre. En fait, pris d’une véritable crise de panique, il avait tellement eu peur lors de la scène que le résultat final est d’un réalisme saisissant et ce au grand bonheur du réalisateur. Sorti en 1978, ce film bénéficie de ce courant extrême qui régna durant les années 70 et qui permit à de nombreux réalisateurs de se lancer dans ces films jugés scandaleux en raison de leur violence et de ce côté ultra réaliste dérangeant. Pas sûr que nous aurions la même liberté de ton actuellement. En Australie par exemple ce film ne fut jamais censuré à sa sortie mais interdit en 1997 jusque 2004. Etonnant non ?