P - La possédée

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Portrait de Dante_1984 Dante_1984
I am Legend - 1124 critiques
publié le 18/02/2010 - 10:42
8
 

L'esprit cannibale

La jeune Aaw vit dans la forêt avec sa grand-mère. Cette dernière lui apprend la magie avant de tomber gravement malade. Ayant besoin d’argent pour payer les médicaments, la jeune Aaw est contrainte de travailler dans un bar à hôtesse. A présent, son nouveau nom est Dau. Tout ce qu’elle connaît devient un lointain souvenir. L’histoire débute dans la campagne thaïlandaise. Paul Spurrier y dépeint une pauvreté extrême où se côtoient des villageois très superstitieux et méprisants envers la jeune Aaw. Une rapide introduction qui laisse la place à l’exil de la jeune fille dans la capitale thaïlandaise. L’espoir s’aminci inexorablement lorsqu’elle aperçoit la ville. L’urbanisme est le reflet de son village natal. Une société frappée de plein fouet par l’indigence où seul ne survive que les plus forts. Cette réalité est parfaitement décrite dans le bar à hôtesse. Un microcosme où s’est formée une hiérarchie qu’il advient de respecter. Les nouveaux venus sont considérés comme indésirables et nuisibles à l’ordre établi. Les jeunes filles n’adoptent pas derechef les mœurs établies par les plus anciennes. De ce fait, elles incarnent la volonté de changement et la différence. La différence a toujours effrayée l’homme pour les raisons sus-citées. Cette critique sociale se prolonge sur la dénonciation d’un tourisme sexuel à l’ampleur démesurée dont les autorités ne se soucient que trop peu. Le sentiment d’impunité et la corruption dans les pays pauvres étant le véritable fond du problème pour s’attaquer à de telles batailles. Si la première partie approfondie grandement ces thèmes avec adresse, la seconde partie se révèle de moins bonne facture, car plus ordinaire. On ne s’enfonce pas dans les redites du spectre vengeur, mais de la possession. A l’aide d’un maquillage grossier et peu crédible, la jeune Dau arpente les rues de Bangkok en quête de viande crue et de préférence vivante. Un revirement de situation assez inexplicable étant donné que la magie demeurait une composante suggestive de l’histoire. L’évocation latente cède la place à l’absurde, voire au grotesque. En dépit de cette seconde partie quelque peu déroutante et aléatoire, le film de Paul Spurrier demeure intrigant et d’une qualité tout à fait honorable. Le sérieux avec lequel il s’est employé à traiter son sujet s’érode à cause d’une seconde partie très quelconque. Si celle-ci aurait été dans la continuité de la précédente, en privilégiant le drame et la suggestion, P possédait tous les éléments pour devenir un excellent film.
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