Voyage jusqu'au bout de la nuit

A Sao Paulo, une transaction de drogue tourne mal. Wemba, chargé d’acheminer l’argent disparaît dans la ville sans donner de nouvelles à Rosso, le commanditaire de la transaction. Dans la nuit, les interrogations se mêlent à la peur de ne jamais revoir cet argent. Thriller demeurait inédit pendant un certain dans nos contrées, le film d’Eric Eason est une véritable plongée dans l’enfer des rues infâmes de la mégalopole brésilienne. L’intrigue se déroulant entièrement de nuit, on découvre les méandres de ruelles poisseuses où la drogue et la prostitution gangrènent une pauvreté toujours grandissante. Le ton est donné. On évolue dans un univers sombre, réaliste et délétère au possible. Bien que l’histoire ne recèle rien de bien original (un trafic de drogues qui prend une tournure imprévue), on accompagne avec entrain les protagonistes dans cette descente aux enfers. Pour cela, le casting se révèle sobre et sans accroches. Entre deux productions familiales, Brendan Fraser s’essaye à des rôles à contre-emploi. Cette fois-ci, il campe un personnage cupide et drogué jusqu’à la moelle. Voilà qui est d’autant plus surprenant que l’on a l’habitude de le voir dans des productions plus légères. Force est de reconnaître que ce revirement exceptionnel lui sied à merveille. Il parvient à donner à son personnage toute l’antipathie qu’il mérite, mais également un côté désespéré, symbole d’un passé tourmenté. Les seconds rôles, tels que Mos Def ou Scott Glenn campe également leur rôle avec conviction. Tout est entrepris dans ce Voyage jusqu’au bout de la nuit pour nous faire ressentir la profonde détresse dans laquelle s’est empêtrée chaque personnage. Acculé devant une réalité qu’ils ne peuvent accepter, ils n’auront d’autres choix que d’accepter les conséquences de leurs actes. En conclusion, Voyage jusqu’au bout de la nuit est une odyssée sans retour. Une escale dans la crasse et l’indigence où la loi se métamorphose en un concept malléable à souhait pour servir le plus fort ou le plus malin. Il est difficile de se montrer indifférent face à cette production en marge de la norme actuelle. Un thriller sombre et nihiliste d’une évidente franchise.