Brainiac

4.0/10
Brainiac

Critiques spectateurs

Réalisateur: Terry Michael King Avec Greg Bayan, Lisa Nistri, Joe Hansard, Elizabeth Shevock, Sarah East

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Portrait de Maniax Skell Maniax Skell
Newbie - 5 critiques
publié le 11/04/2013 - 18:41
4
 

Mais que fait Superman ?

Tout d'abord, laissez-moi vous annoncer que le titre de cette chronique est mensonger: je n'y parle pas du redoutable ennemi de Superman, le héros en collants rouges, mais bien de Brainiac, film amateur indépendant proposé à la vente dans l'immense catalogue dématérialisé Brain Damage Films qui se charge de proposer en dvd des films réalisés par des amateurs et des passionés que personne ne vendrait en temps normal, et que je suis quotidiennement depuis déjà un an aujourd'hui. De manière générale, le public semble détester les films proposés par BDF, mais il faut dire que les trois quarts des spectateurs se risquent à vivre l'expérience sans être même un minumum conscient de ce qui les attend ! En effet, derrière toute une série de jaquettes et de synopsis particulièrement aguichants peuvent se cacher le meilleur mais surtout le pire ! A titre personnel, en temps que personne prévenue, j'ai rarement été déçu par les métrages proposés. Mais cela vient sans doute du fait que j'ai toujours éprouvé beaucoup d'intérêt envers les créations de passionés qui décidèrent de profiter de leur weekend ou de leur semaine de congé pour faire un film d'horreur dans le fond du jardin. Il est à noter cependant que moults films font parfois preuve d'une qualité assez impressionante pour ce qu'ils sont. Mais de manière générale, je me suis retrouvé face à des métrages bourrés de bonnes idées et de bonnes intentions, voire même d'un certain savoir-faire exemplaire pour ce qui est du système D, mais aussi et surtout dôtés d'une mise en scène catastrophique, d'acteurs complètement à la ramasse et d'une qualité d'image assez exécrable... N'est pas Braindead qui veut !

Brainiac est hélas un film dans lequel on retrouve un peu toutes ces caractéristiques: il en dégage l'amour et l'enthosiasme flagrants d'un réalisateur visiblement passioné qui ne tendraient qu'à rendre ce film meilleur, mais qui ne parviennent hélas pas à cacher le fait que le budget soit équivalent à celui d'une soirée pizza entre amis. D'autant plus que lorsque l'on décide de débuter en s'attaquant au remake d'un film obscur considéré comme classique par une communauté non négligeable de cinéphiles, il est pratiquement impossible d'échapper au violent courroux de la critique... En effet, Brainiac est un remake d'une série B de 1952 nommée "El baron del Terror" mais relate ici les élucubrations d'un scientifique ayant mis sur le marché une drogue très addictive qui a eu effet pour lui, et pour une raison floue, de lui donner le pouvoir de se métamorphoser (au moyen d'un effet de fondu particulièrement cheap) en monstre friand de cervelle humaine... Ça a l'air bien sympa dit comme ça. Effectivement, il y a de quoi s'attendre à une série B gentiment gore et honnête, juste ce que l'on attend de la part de ce genre de production.

Seulement voilà, quand on veut faire un film gore sans budget, il faut savoir prendre des risques et ne pas avoir peur d'essayer de faire passer du plastique et du boudin pour des viscères, même si ça ne crie pas de vérité, cela aura au moins le mérite de l'intention de faire plaisir. Car bon, les scènes d'attaques où l'on voit le monstre (qui ne ressemble pas du tout à celui sur la pochette du dvd) caresser le front de sa proie avec sa bouche en étalant un peu de ketchup dessus, on fait comme on veut mais non, ça ne marche pas... On retiendra par contre trois scènes (qui figurent dans la bande-annonce, c'est dire !): une tête coupée trouvée dans une cuvette de wc (même si Stevie Wonder trouverait le trucage évident), un massacre hors champ (mais qui fait au moins couler beaucoup de sirop de myrtille sur le sol et les pieds de la victime) et une sortie de cerveau par le crâne (plan qui dure trois secondes à tout casser) suivi d'un oeil arraché ! Bref, on voit sur une seule scène de meurtre ce que l'on devrait voir pour les autres je n'ai pas assez de culot pour parler d'arnaque compte tenu de la nature du produit, mais quand même... On notera aussi lors du combat final une chute libre et une décapitation qui font plutôt pitié...

Si ce ne sont pas les effets spéciaux et la mise en scène qui font de ce métrage un véritable film d'horreur, sachez que ce ne sera pas le cas du scénario non plus. On parle ici des élucubrations d'un savant fou mangeur de cerveaux, mais l'histoire semble davantage tourner autour d'une enquête policière menée par un commissaire rondouillard et moustachu apparamment aussi efficace qu'un tire-bouchon le serait pour réparer une armoire. Pour être au moins honnête, à la décharge du film, une enquête policière est toujours un bon moyen de commencer un film d'épouvante où le suspense prime, et peut permettre très facilement d'instaurer un climat de tension. Mais cela aurait vraiment été le cas si l'on ne connaissait pas l'identité du tueur dès le début, laquelle est plus qu'évidente ! Ainsi, le film donne plus l'impression d'être un mixage foireux entre Columbo et Scooby-Doo que le remake d'une série B horrifique des années 50. A noter que la bande-annonce du film se la jouait carrément Cluedo en nous présentant le scénario comme étant imprévisible, et énumérait les différents personnages (même ceux qui n'ont droit qu'à dix minutes à l'écran) en prétendant que chacun d'entre eux pourrait bien être l'assassin (!!!)

Au final, Brainiac est un petit film amateur comme il en existe malheureusement beaucoup dans le catalogue BDF: empli d'enthousiasme et de bonnes intentions, témoignant d'une certain honnêteté mais à la fois d'une timidité agaçante et un manque flagrant de prise de risques. Le cul entre deux chaises, il ne sait pas non plus dans quelle catégorie se placer, pas assez de gore, pas assez de suspense, pas assez d'action, pas assez de péripéties, il ne trouve ni sa place dans la catégorie "policier", ni dans la catégorie "horreur", la faute à un manque d'ambition ou d'imagination. Il n'est pas non plus question de demander au réalisateur de pondre un film digne d'être présenté au BIFFF mais quand on se lance dans un remake, ou quand on veut faire quelque chose de réellement bon alors qu'on a pas les moyens, il faut pouvoir le faire avec un peu plus de courage, d'initiative, de talent, et surtout de cerveau...

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