Tommy

Visionner l'adaptation du Tommy des Who par Ken Russel est une expérience en soi... Difficile de chroniquer un tel film! Essayons de prendre des critères objectifs...

D'abord l'adaptation. Franchement, malgré la présence de nombreuses stars, le film est musicalement très en deçà de l'album: les morceaux sont étirés, gavés de synthétiseur, réarrangés et réinterprétés souvent pour le pire. Quant aux inédits, ils sont purement fonctionnels et anecdotiques. En revanche, l'amateur de la musique des seventies prendra un vrai plaisir à entendre jammer ces musiciens surdoués. Du point de vue de l'histoire, les changements apportés sont mineurs, mais le récit est globalement plus facile à suivre et à comprendre que sur l'album, mais l'ensemble reste une grosse fable assez fumeuse.

Maintenant la mise en image... Alors là, c'est du lourd. Difficile de parler de mise en scène à proprement parler. Il s'agit plutôt d'enchaînement de clips et de juxtapositions de délires visuels parfois très beaux mais le plus souvent indigestes. Mais on peut se dire aussi que Tommy y gagne un peu d'intérêt car il apparaît aussi comme un symbole d'une époque où on pouvait se permettre ce genre de film. Dans le cinéma contemporain, seul Jan Kounen me semble suivre ce genre de démarche radicale, avec plus de réussite d'ailleurs.

Est-ce à dire que Tommy n'a aucune qualité? Ce serait injuste: Roger Daltrey est très convaincant dans le rôle titre et Ann-Margret Olsson ne démérite pas non plus. Il y a aussi quelques plans qui dégagent malgré tout beaucoup de poésie. Enfin Tommy est unique en son genre. Autant de raisons qui méritent un visionnage, histoire de se faire une idée...