La Chair et le Sang

Une épopée médiévale bien sanglante et transgressive, ce qui n'est guère étonnant au vu du réalisateur, Paul Verhoeven, dont c'est le premier long-métrage. 

On nous livre ici un récit sans concession avec beaucoup de violences, dont des scènes de viol très explicite. De plus, la maladie est aussi visuellement bien montré, renforçant le malaise ambiant. Ça donne un réalisme assez crue à une époque passée. 

Le protagoniste principal, Martin, n'a rien d'une figure héroïque, c'est un tueur et violeur qui va de plus en plus loin dans sa mégalomanie, menant son groupe à une chute progressive. Pour autant, il n'est pas le seul fautif de la situation, le film appuyant dés le début la traîtrise dont lui et les siens ont été victimes, donnant au personnage une approche plus nuancée, ce qui ne retire pourtant rien aux crimes dont il se rend coupable. Sa relation  avec Agnès est toxique, démarrant sur un viol, puis se poursuivant sur un jeu de séduction et de manipulation qui tourne à une possessivité malsaine mais rendant son conflit avec le prince Steven, le futur mari de Agnès, plus intéressant, assez similaire finalement au conflit Pâris/Menelas durant la guerre de Troie. Rutger Hauer est très bon dans le rôle, appuyant le charisme, la malice mais aussi la cruauté du personnage. 

Fait étonnant, par le prince on se retrouve avec des armes de guerre assez innatendu pour l'époque, donnant un plus aux scènes de bataille. 

C'est un film assez gris où il n'y a pas vraiment de camp du bien ou du mal, même si les motivations de Stevens, sauver sa promise, reste bien plus nobles que celles de Martin, motivé lui par une soif de pouvoir et de vengeance. 

Globalement, c'est un bon film médiéval à la violence crue, bien loin donc d'autres films du même genre de l'époque à l'esthétique bien plus polissés. C'est malaisant à souhait mais avec tout de même  des scènes de bataille qui ont un côté vraiment épique. Il y a quelques faux raccords et facilités scénaristiques, mais on peut pardonner au réalisateur dont c'est le premier grand film.