A minuit je possèderai ton âme

En 1963, José Mojica Marins tourne « A minuit je posséderais ton âme » où il incarne également le rôle titre. À savoir le croquemort Zé Do Caixao, résultat d’un cauchemar abominable ou ce dernier emmenait le jeune réalisateur aux portes de sa mort. Facilement distinguable grâce à son habituel haut de forme, sa barbe et ses vrais ongles à la longueur outrancière, Zé évolue dans un monde baroque teinté de surréalisme et se veut une concaténation de tous les tabous et les interdits de la société. En effet, obsédé sexuel, meurtrier sadique et odieusement anticlérical, le personnage n’est que la représentation de l’aliénation mentale de son réalisateur. Parmi tous ses vices, c’est assurément sa destitution des mythes religieux qui frappa le plus les mœurs des critiques du pays ; le contexte social et temporel aidant cet être marginalement abject à se faire une notoriété dans le circuit de la contre-culture brésilienne dont il deviendra une véritable icône. La suite de la carrière du metteur en scène confirmera le côté symbiotique et obsessionnel entre José Mojica Marins et Zé Do Caixao dont il ne parviendra pas à se défaire jusqu’à ce jour, jouxtant ses chef d’œuvres du cinéma de genre déviant à d’autres films plutôt mineurs. Mais outre son personnage, « A minuit je posséderais ton âme » est une véritable leçon de cinéma pour réalisateur fauché. Sorte d’expérimentation de cadrages inhabituels, de mise en situation réelles (on raconte qu’il aurait saoulé l’actrice jouant la compagne du croquemort afin de laisser une araignée venimeuse lui gambadée sur le corps) et de Fx cheap tous aussi déviants que son cerveau cliniquement instable, le film est unique dans sa mise en scène et n’offre aucun répit à son spectateur, le forçant à affronter ses craintes et les scènes de violences hystériques prompt à magnifier les actes d’un Zé Do Caixao en état de grâce blasphématrice.