Requiem pour un massacre

Je ne connais pas beaucoup de films qui traitent de la seconde guerre mondiale en URSS. Et d'ailleurs cet aspect du conflit est assez mal connu du grand public. D'ailleurs, ce fut un conflit dans le conflit, tant le nombre de victimes fut abominable. La guerre fit d'horribles ravages en URSS, on parle de 20 millions de morts Russes, dont 10 millions de civiles. Ce bilan s'expliquait par le fait que hitler avait de ce conflit fait une sorte de guerre sainte : "la raçe contre la masse", "le pangermanisme, contre le Panslavisme". Ainsi les exactions contre les Russes furent nombreuses. Pour en venir au film, il est incroyablement sobre, ne vous attendez pas à des batailles épiques, ni à des personnages très sophistiqués. le réalisateur filment des gens du peuple : les partisans, rudes avec eux même, encore plus rude avec les allemands. Mais ce film se positionne avant tout du point de vue de ce jeune garçon qui au départ joue à la guerre, comme tout les garçons. Sauf qu'il va très vite découvrir que la guerre n'est pas un jeu. Car le film ne nous épargne rien, ce n'est que souffrances, famines, deuils, massacres. Pour en venir à ce jeune garçon, l'acteur est incroyable de réalisme, c'est bien simple, à la fin son visage est le visage un homme de 60 ans, exprimant ainsi les traumatismes subies. De plus le réalisateur n'essaie pas d'en rajouter dans l'anti-germanisme, et il a bien raison, car la quasi-majorité des allemands n'ont pas de sang de civiles innocents sur les mains. Ces atrocités étaient soit l'oeuvre des waffen SS, (encore que les SS suden komando, chargé de l'extermination des Juifs ne se contentaient jamais que de faire creuser un grand trou à leurs victimes avant de les fusiller à la chaîne comme à Babillard, sans malraitance physique), ou pire, des brigades chargées de la répression contre les partisans, je parle des brigades commandées par dirlewanger, et kaminski. Il s'agissait ni plus ni moins d'unité irrégulières composées d'authentiques criminels récuperé dans les prisons, ou alors de rénegats russes, déguisés en militaire, qui se comportaient en infâmes soudards, d'ailleurs le film montre bien des individus bas de plafond. A ce titre, j'ajouterai que la séquence du hangar, si elle est horriblement bien faite, reste cependant très softe en comparaison de ce que ces monstres faisaient subir à leurs victimes dans la réalité. On ne peut que louer la volonté du réalisateur de ne pas en rajouter. Mais le clou du film est la séquence finale, d'une incroyable violence psychologique, quand notre jeune garçon tire sur le portrait de hitler, et que la vie de ce type défile à l'envers, sur le "requiem Dies Irae "de Mozart (un paradoxe), et là croyez moi ou non, mais toutes les fibres de mon être se sont mises à frissonner ! comme rarement.Un film incroyable, qui rend hommage à la vaillance du peuple Russe qui magré toutes les souffrances subies écrasa l'allemagne nazi, hommage que l'on retrouve dans le documentaire de rossif, de Nuremberg à Nuremberg (dont le film emprunte certaines images). Et ce film croyez-moi est en passe de se retrouver dans le trio de mes films prèferés.

Âpre, sordide, cafardeux, estomaquant, jusqu'au-boutiste. Voilà une poignée de termes qui peuvent résumer Va et Regarde. Elem Klimov a sans nul doute réalisé le film le plus noir, le plus vraisemblable et le plus éprouvant sur la guerre avec cette évocation de la campagne Barbarossa où, durant la Seconde Guerre Mondiale, le Troisième Reich nazi prit possession de l'URSS et mit à feu et à sang des centaines de villages biélorusses. Narrant le parcours effroyable d'un jeune garçon de quinze ans enrôlé de son plein gré par les partisans et qui sera confronté au cours de son itinéraire à tout un tas d'horreurs bien réelles, l'œuvre de Klimov se montre à la fois d'une authenticité à couper le souffle et d'une richesse formelle rare. Les travellings virtuoses à la Steady Cam confèrent au tout une ampleur cinématographique inégalable en son genre tandis que l'atrocité des actes commis et des situations qui en découlent, de même que le traumatisme vécu par le personnage principal, nous retournent littéralement les tripes. Ce rôle d'adolescent campé par l'extraordinaire Aleksei Krachvenko fait tout bonnement partie des performances d'acteur les plus prodigieuses du septième art. D'un gamin à l'allure ordinaire, il passe à un être au visage et au mental détériorés par la guerre dont les blessures intérieures ne pourront jamais se refermer. Le coup de théâtre final enragé et symbolique, clou du spectacle, marque lui aussi l'esprit pour toujours. Un formidable drame psychologique, un exercice visuel éblouissant, un film d'horreur dans le sens le plus terre-à-terre du mot et une expérience cinématographique hors du commun. Bouleversant.