Escape from Death

Étiqueté « Lucio Fulci présente » pour des raisons commerciales, le pape du gore transalpin ayant encore à cette époque-là une certaine renommée au sein du cinéma d'horreur local, puis distribué en vidéo sous le titre de Luna di Sangue, ce giallo à très petit budget réalisé par l'assez rare Enzo Milioni ne suscite pas grand chose d'autre que l'ennui. Tout y est terriblement laborieux, d'un scénario on ne peut plus linéaire et prévisible à un casting composé d'acteurs fatigués ou démotivés en passant par une mise en scène sans le moindre relief. Les bavardages plats et interminables se succèdent devant notre mine blasée jusqu'à une poignée de révélations très platement amenées et devinables dès le début. Produit par la compagnie Alpha Cinematografica, qui possède quelques petits joyaux en leur genre à son actif, dont certains réalisés par Fulci lui-même (Soupçons de Mort, The Muder Secret, Hansel e Gretel), Fuga dalla Morte constitue donc un film de plus tourné en 16mm avec une grande économie de moyens dans quelque endroit rural italien. La plupart de ces métrages finissent par se confondrent dans les décors, la qualité d'image exécrable — un plus pour certains, car leur conférant une ambiance sale et malsaine — et les acteurs qu'on retrouve fréquemment d'une œuvre à l'autre. Parlons-en, des comédiens, dans ce Fuga dalla Morte. Ils semblent au pire de leur forme, en particulier Zora Kerova, la fameuse blonde de Cannibal Ferox suspendue par les seins à l'aide de crochets, ici totalement morne et inexpressive, ainsi qu'Annie Belle, actrice d'origine française dont le jeu et la présence étaient autrefois synonymes de dynamisme et la fraîcheur dans le paysage du « bis » italien (notamment chez Deodato ou D'Amato) et qui joue là un second rôle des plus insignifiant. Le film ne se porte guère beaucoup mieux au niveau de sa réalisation, paresseuse à souhait, qui se limite à des plans fixes et un montage alterné tout juste dignes d'un mauvais téléfilm policier diffusé sur les chaînes câblées. Milioni nous réserve un ou deux rares travellings qui ne suffisent pas à faire oublier la désespérante platitude de sa mise en scène. Les dialogues inintéressants entre les protagonistes finissent par occuper toute l'intrigue et notre unique maigre consolation résidera dans les quelques scènes de meurtres finales, plutôt féroces et impressionnantes (une tête explosée sous l'impact d'un coup de feu et la mutilation d'un visage à l'aide d'éclats de vitre, pour citer les effets les plus réussis). Certaines d’entre elles seront d'ailleurs reprises par Fulci dans son best-of du gore Nightmare Concert et on peut comprendre pourquoi.

Giallo affreusement bavard et languissant, Fuga dalla Morte ne vaut que pour ses deux ou trois assassinats à la violence graphique assez poussée, lui évitant de sombrer dans le ratage complet. Pour le reste, prévoyez de bonnes tasses de café ou des mots-croisés afin que le temps passe plus vite…