Tron

Je m’apprête à donner mon humble avis sur une production Disney pour un site qui se prénomme horreur.net, je trouve cela assez cocasse, mais actualité oblige… La sortie d’une tardive d’une séquelle près de trente ans plus tard a surement poussé bon nombre de curieux, fans de fantastique, à visionner ce film que j’avais vu par hasard, lorsque j’étais gamin, chez un chanceux détenteur d’un décodeur pirate de la chaine cryptée. Ensuite il ne fut pas évident de le choper à la TV car ses diffusions ont été plutôt rares.

Flynn est un concepteur génial de jeux vidéo qui s’est fait voler son œuvre par Dillinger, un homme d’affaire sournois et vénal. Aidé par deux amis, il s’introduit dans les locaux de l’entreprise dirigée par Dillinger dans le but de trouver une preuve du pillage dont il est victime. Pas assez méfiant, il sera finalement envoyé au centre même du jeu…

Le synopsis est simpliste mais permet beaucoup de folies visuelles dont le réalisateur ne sera pas avare. La débauche d’effets spéciaux avant-gardistes pour la création d’un monde virtuel somptueux et la plongée au cœur d’un jeu vidéo novateur, ont marqué beaucoup d’esprit à l’époque. En effet le jeu du disque, celui qui ressemble à la pelote basque, et surtout le combat de Light Cycle, sont exceptionnels d’inventivité et de singularité. Même si ce qui était ultra moderne en 1982 parait un peu dépassé de nos jours, le visuel est globalement magnifique et bien loin de faire sa trentaine d’années. Cependant, on peut lui reprocher son rythme inégal alternant des séquences fortes de pure action et des moments plus lents, notamment pendant la seconde moitié. L’autre défaut, même s’il dépend de quel point de vue on se place, est son évident calibrage Disney Land qui le prive d’audace scénaristique et du moindre gramme de violence.

Tron est donc un film rare, tant dans sa conception que pour ses diffusions, et visionnaire, référence incontestable pour Matrix, qui mérite son statut de film culte, même sans être un réel chef d’œuvre.

Il m’aura fallu presque 20 ans pour que je me décide enfin à regarder Tron. Pourquoi ? Parce que je dois avouer que les images de sa suite m’ont fortement impressionné. Autant que l’excellente musique de Daft Punk. A part Les Yeux de la Forêt dont je garde un bon souvenir, je dois admettre que la mention Walt Disney ne m’a jamais attirée. A titre d’exemple, je déteste le troisième opus de Pirates des Caraïbes. Je ne m’attendais pas à passer tout le film dans un monde virtuel. Surtout que celui-ci date de presque 30 ans ! Mais l’âge est-il une raison suffisante ? Bien sure que non. Pour l’époque, Tron est une vraie révélation. Mais une innovation avant toute chose car il fut le premier à utiliser des images de synthèses pour un long-métrage. L’époque n’est plus la même mais en étant vraiment objectif, c’est tout simplement une claque dans la tronche. Comme le fût Matrix en son temps, par exemple. Il y a bien sure une histoire à suivre et celle-ci vaut bien plus que beaucoup de films post-2000 à gros budget. Gentille comme le casting qui nous fait revenir dans le passé. Un plaisir que de retrouver des comédiens qu’on aurait aimé voir plus souvent. Curieusement, le film m’a pas mal fait penser à Inception de Christopher Nolan. Dans le fond, il s’agit du même concept avec plusieurs décennies d’écart. Dans les deux cas la réussite est presque totale. Mise à part une fin un peu trop vite expédiée, le réalisateur Steven Lisberger s’est surpassé. Car au-delà de la « simplicité » de cette aventure, il y a un parallèle important à souligner. En plus d’une matérialisation ingénieuse du monde virtuel, il y a un réel combat entre le réel et le virtuel. Une idée fabuleuse pour une mise en place qui l’est tout autant. Sans jamais oublier l’époque d’où il provient, je me dois de souligner l’évidente qualité intrinsèque, et vice versa, de cette oeuvre unique en son genre malgré les rides dues aux années écoulées. De l’autre coté de mon écran, j’attends le retour de Clu de pied ferme !

Comment ne pas penser à Matrix en voyant ce film ?. Quoique, ce film est plus simple et plus simpliste. Plus simple, dans le sens on on comprend tout tout de suite, et plus simpliste dans le sens ou le film est emprunt de manichéisme, en opposant le gentil informaticien bricoleur, face à l'avide PDG de multi-national qui veut tout contrôler. N'empêche ce qui est extraordinaire c'est l'année du film : 1982, à cette époque on est au balbutiement du micro-ordinateur, qui vient tout juste de voir le jour. Et il ya déja des réalisateurs pour cogiter un scénario sur ce que pourrait être l'informatique de demain. Bien sur on en est pas encore là !. Dommage toutefois que le film ait pas mal vieillit du point de vue des effets spéciaux.