Le Crime est notre affaire

Oui bon ... il est vrai que ce film fonctionne nettement moins bien que le précédent ... la qualité est là, l'ambiance aussi mais il est un fait avéré que pour adapter une histoire du tandem Berresford d'Agatha Christie, il vaut mieux reprendre une histoire originale des deux héros (ce qui ne manque pas avec l'homme au complet marron ou le cheval pâle) ... l'erreur vient ici du fait que l'histoire originale est une aventure de Miss Jane Marple ... pour les connaisseurs et les esthètes, inutile de dire que le coté vivant n'est pas fort mis en avant dans les aventures de la vieille dame ... de fait, ici, sorry, mais le mélange entre le tandem toujours aussi fantasque du premier épisode et le train de 18.50 ne fonctionne pas à plein régime ... Annie Cordy peine à trouver un rythme normal et au contraire joue les trouble-fêtes un peu coconne tandis que Catherine Frot tente de retrouver la justesse de son interprétation passée ... aussi lorsque le scénario ne permet pas de donner dans le sentimental (comme le faisait by the pricking of my thumb), on s'écrase un peu à plat dans un ehistoire de meurtre pour gros magot ! Les autres acteurs sont assez mauvais et manquent singulièrement du charme ravageur du premier opus ... c'est un peu comme si on avait voulu mélanger le splendide mon petit doigt m'a dit et le pénible le mystère de la chambre jaune ... Toutefois, que cela ne nous empêche pas d'apprécier à sa juste valeur les jeux de mot d'une grande finesse, les non-dits satisfaisants, les paroles légères et les images récalcitrantes de Pascal Thomas ... c'est moins bon que le premier mais l'effet perdure malgré tout !

Suite du sympathique « mon petit doigt m’a dit », Le crime est notre affaire s’attache à retrouver l’essentiel de ce qui avait fait le succès de son prédécesseur, c'est-à-dire une enquête de début d’après midi sur France Télévision menée par un couple de sexagénaires décomplexés qui se refusent à vieillir lamentablement (A l’instar de ces retraités qui passent leurs débuts d’après-midi à somnoler devant les enquêtes de France Télévision…) C’est donc sur ce postulat particulièrement casse gueule que c’est relancé le sympathique Pascal Thomas, adaptant pour l’occasion une œuvre mineure d’Agatha Christie. Perspicace quand a la vétusté de son intrigue, il fonde tous ses efforts sur l’aspect attachant du couple Beresford, jouant à fond la corde de la comédie, plus proche de la bande dessinée -suggéré par l’affiche- que de l’univers de la maîtresse du polar. Grand bien lui a prit, tant le couple Dussolier/Frot fonctionne à plein régime dans le registre burlesque, l’empathie des spectateurs allant spontanément aux deux comédiens qui cabotinent gentiment dans des personnages qui semblent avoir été crées pour eux. Isolés dans le château d’un vieux radin magistralement interprété par Claude Rich, ils multiplient les scènes de comédies enlevées, au milieu de décors classieux et d’une foultitude d’acteurs grands luxe, de Chiara Mastroianni à la méconnaissable Annie Cordy. Durant toute la séance, qui paraît bien courte, on se retrouve déconnecté de la brutalité de notre quotidien pour nous retrouver transporté dans un univers coloré et joyeux où même la mort prête à sourire. Un film délicieux qui s’apparente au plaisir que procure une boîte de quality street. Coloré, agréable, d’une grande légèreté, mais aussi terriblement prudent, daté et prévisible, bref un film estampillé troisième âge que l’on apprécie toutefois d’un plaisir coupable.