Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia

Avec ce road movie criminel, Peckinpah poursuivait dans la veine d'une stylisation de la violence qui avait fait ses preuves dans l'apocalyptique western La Horde Sauvage. L'utilisation du ralenti confère aux séquences d'action (fusillades, embardées de véhicules) une intensité toute particulière, d'autant plus palpable qu'elle contraste avec le traitement sec et minimaliste de l'intrigue. Le cinéaste semble en effet plus intéressé par les sentiments de ses personnages (cupidité, amour, haine, soif de vengeance) que par la mécanique de l'histoire en elle-même, cette dernière pouvant paraître un peu faible sur la longueur. Mais l'atmosphère hostile et aride du Mexique, le jeu impeccable de Warren Oates, la maestria des gunfights et surtout le lourd climat de désenchantement qui plane crescendo sur le film font de cet Apportez-moi la Tête d'Alfredo Garcia une œuvre majeure dans la carrière de Peckinpah, d'un pessimisme et d'une radicalité à toute épreuve.