Le Parrain - 3eme partie

Alors ce dernier opus n'a pas plu à tout le monde. Il a été largement sujet à discussions, notamment pour le fait que Coppola ait employé sa fille dans un rôle important, et que le style, l'atmosphère du film rompt souvent avec celle des deux précédents.

Pour ma part, je ferais partie de ses fervents défenseurs ! Déjà pour ce qui est de l'emploi de sa propre fille, c'est un faux procès, une vaste connerie qui a enflammé les médias d'alors qui ne devaient vraiment avoir rien d'autre à foutre dans leurs feuilles de choux. Coppola n'est pas un abruti. Qu'il ait offert un rôle à sa fille est une chose, mais metteur en scène particulièrement pointilleux, je pense qu'il a largement évalué les capacités de Sofia à s'acquitter de ses engagements. Et elle est très bien, alors ils n'avaient qu'à fermer leur grandes gueules tous ces frustrés du 7e Art dont le seul talent est de fourrer leurs gros cul dans un fauteuil pour "inspecter les travaux finis".

Deuxièmement, et plus important encore, la rupture de ton avec les 2 autres films... Cela ne me dérange pas. Au contraire même. Je trouve que la direction prise par ce dernier volet est tout à fait celle qu'il fallait prendre, et la plus logique. On y voit un Michael Corleone faible, en proie au doute, alors qu'il avait toujours été d'une grande force et détermination. On le voit malade, fatigué, déprimé, rongé par le remord de ce qu'il a fait, de ses mauvais choix, de tout ce qu'il a perdu (le plus important, sa VRAIE famille), et de l'homme qu'il aurait dû être, qu'il était destiné à être...

Certains passages sont réellement très touchants, bouleversants, très bien vus mais si parfois attendus, et tout le casting est une nouvelle fois excellentissime. Seul regret pour ce film d'ailleurs, le casting, parfait, mais avec 16 ans d'écart avec l'opus précédent, certaines têtes n'ont pu être récupérées. Le plus gros manque étant (et Coppola le dit lui-même dans son commentaire audio) Robert Duvall, qui n'a pas repris son rôle du fidèle Tom Hagen, car on ne voulait pas lui accorder le même salaire qu'Al Pacino. C'est l'impeccable George Hamilton qui jouera les avocats cette fois-ci, avec beaucoup de talent... mais il n'est pas dans la continuité de la série. Dommage !

Maintenant rassurez-vous, on ne passe pas son temps à pleurnicher. Il y a comme dans les deux autres, une intrigue forte et multidirectionnelle, du mystère, du suspense, de l'action et de la violence. Ainsi que des personnages puissants et charismatiques, comme ceux brillamment campés par Andy Garcia et Joe Mantegna. Certaines séquences d'action sont fabuleuses, comme celle de l'attaque meurtrière d'une tour à l'hélicoptère, ou celle de l'assassinat d'un ennemi en pleine rue par Vincent Mancini, orchestré d'une façon tout simplement magistrale !

Encore un grand film, un très grand film qui conclue parfaitement une saga unique en son genre (un 4e opus fut envisagé jonglant entre deux époques comme le "Parrain 2", avec un prolongement du personnage d'Andy Garcia, mais le manque de temps et la mort de Mario Puzo ont enterré cette idée. Voir le topo que j'ai posté dans la rubrique "Anecdotes" de la fiche: http://www.horreur.net/film-2819-Le-Parrain--3eme-partie-1990.html) ! A mon avis en tous cas...

Le volet de clôture honorable mais pas exceptionnel d'une trilogie qui avait des chances d'être parfaite si on évoque ses premier et second opus. La mise en scène de Coppola s'avère un peu tiède, le coup de Michael Corleone avec puis contre le Vatican ne s'avale pas très bien et Andy Garcia semble à côté de la plaque dans son interprétation caricaturale de jeune chien fou. Reste que le film, en dépit de ses faiblesses manifestes, distille un beau souffle dramatique – ou du moins de jolis vestiges de la force romanesque des Parrain 1 et 2 –, jouit d'un Al Pacino toujours aussi impérial et possède la même musique envoûtante de ses prédécesseurs (Nino Rota rules), ce qui fait que l'on suit l'ensemble avec intérêt.

Le plus fâde des trois opus par son récit cahotique et n'évitant pas toujours les écueils malheureux et les poncifs du genre ... toutefois ceci reste du très grand art certes un peu trop théâtral dans le jeu des acteurs et trop apuyé dans la réalité hypothétique voulue par l'auteur ... une scène finale d'anthologie pour conclure cette magnifique trilogie qui espérons-le le restera ... trilogie !