Un Homme et son Chien

Un film qui a été beaucoup critiqué à sa sortie, car accusé d'utiliser à fond le côté "pathos" et racoleur de la condition physique de Jean-Paul Belmondo, qui s'était écarté des plateaux cinéma, suite à un très grave AVC qui l'avait terrassé 7 ans auparavant, et laissé des séquelles encore visibles aujourd'hui...

Personnellement, je ne trouve pas que l'état de notre ami Jean-Paul Belmondo soit exposé de manière aussi immonde, et je pense que Francis Huster, le réalisateur, a réellement été touché par son ami et a eu une envie sincère de lui offrir un rôle à la mesure de son talent. Point de voyeurisme crasseux à mon avis, mais par contre beaucoup beaucoup de maladresses, c'est certain !

En fait ce remake du film "Umberto D." de Vittorio De Sica (1952), est étonnant. Il commence incroyablement bien, présentant des personnages subtils et attachants, avec une justesse qui force l'admiration. L'ensemble est lent, mais tellement riche et passionnant, interprété par des acteurs de talent, qu'on se dit que l'on va assister à un spectacle d'exception, frisant le chef-d'oeuvre, ou en tout cas méritant un bon 10/10.

Cependant vers un tiers du film, l'ensemble commence à perdre en force et imagination, s'étire en longueur, pour ne plus proposer à partir de son milieu que des scènes inégales et totalement interchangeables. Comme si l'histoire n'avait plus rien à raconter, à part quelques (réelles) fulgurances ça et là, balancées vaille que vaille dans un ensemble de plus en plus décousu.

Le rythme languissant qui ne gênait en rien au départ, grâce à la richesse de l'ensemble, devient fastidieux et parfois une vraie torture pour la patience du spectateur. Les interprètes ont beau être nombreux, brillants et de renom, cela ne suffit pas à sauver un scénario que ne se contente plus que d'aligner des scènes quasi indépendantes les unes des autres, qui ne font pas progresser l'histoire, mais juste présenter des "tranches de vie" ou de folies quotidiennes, dont certaines individuellement sont certes très fortes et belles, mais mises bout à bout ne servent plus de réel propos évolutif...

On devient alors terriblement gêné de se désinteresser de la descente aux enfers de cet homme si touchant, mise en scène sans autre inspiration que de viser à outrance la corde sensible du télespectateur, en oubliant de lui raconter ce qu'il est venu voir: Une histoire !

Il est évident que la mise en scène peu maîtrisée est un des points faibles de ce film "évènement" (Le Grand Retour de Belmondo au Cinéma), mais cela aurait pu passer relativement facilement si le scénario avait su conserver la force et la finesse de son début. Malheureusement, il s'embourbe au fur et à mesure, définitivement et de plus en plus dans les pires travers de ce genre de films: le drame démonstratif et larmoyant tiré à l'extrême, avec une fin terrible, malgré une pseudo lueur d'espoir... Pffffffffffff, dur, très dur...

Le début: un bon 10/10, au fur et à mesure: de 8/10 à 6/10, vers la fin: 4 à 5/10. Le constat est encore plus terrible quand tout commençait si bien, avec un acteur au sommet de son Art...