Le Professionnel

« L'ennemi est là, tout près, tapi dans l'ombre... » A une époque de sortie du colonialisme outrancier de la France (on éludera le cas des malheureux DomTom toujours sous domination 'étrangère' ... A ce propos, Président, sont-ils étrangers, ceux-là ???), Lautner tirait à boulets rouges sur la politique de Giscaaaaaaaaard d'Estaing en matière d'affaires externes (affaire de Bokasa) ... avec un certain succès même si la critique de Giscard est facile alors qu'il fut un président novateur, intellectuel et très droit (suppression des écoutes téléphoniques, création du divorce par consentement mutuel, IVG ...)

Sur base d'un roman fort intéressant de Patrick Alexander, Lautner et sa bande (Audiard M, Audiard J et Sempé) parvient à restituer l'ambiance très controversée des influences politiques européennes en Afrique dans cette histoire d'agent secret démasqué volontairement (on notera donc que l'histoire - anglaise donc - se rapproche plutôt des agissements du Dernier Roi d'Ecoose, le dictateur canibale Idi Amin Dada) et qui retrouve la liberté alors que son pays ne l'attendait vraiment pas et se prend donc l'ancêtre de la DGSE en plein dans la gueule ! Même si l'erreur malheureuse de l'attaque envers un gouvernement plus otage que partisan est mal gérée (gageons que cela aurait été plus judicieux sur une attaque personnelle envers la vieille baderne imbécile et dangereuse de De Gaulle) puisque le livre se basait sur des faits antérieurs et donc plutôt sur les manoeuvres odieuses des barbouzes du vieux crétin gaulliste, le scénario tient la route et s'offre même quelques luxueux détails de coups bas politiques plutôt intéressants ... on en retient que les scénaristes ont parfaitement retenu les leçons de l'affaire Markovic (encore heureux que Delon ne joue pas dans ce film !!!)

Les acteurs sont tous formidables : Belmondo bien sur en tête dans un rôle mi-froid, mi-cabotin qui lui va comme un gant, Hossein en brute immonde ivre d'horreur et de monstruosité, Desailly traître et fuyant, Richard droit mais si fier et si présomptueux ... rien que du beau monde au blacon ...

Et pour terminer en beauté ce film exceptionnel : une finale complètement opposée aux fins habituelles d'un bébel et une musique ennivrante, puissante, miséricordieuse et dramatique d'ennio Morricone ... un chef d'oeuvre du cinéma français ...