Voir la fiche complète du film : Ouija Shark (Brett Kelly - 2020)
[[

Ouija Shark

Avec Ouija Shark, on s’éloigne de l’appellation de film de requins pour se cantonner à une série Z moisie qui sort de toute considération rationnelle. Scénario, réalisation, effets spéciaux, interprétation… On saccage et on gaspille le moindre millimètre de bobine pour fournir un étron cinématographique comme on en voit peu.
Publié le 18 Septembre 2022 par Dante_1984Voir la fiche de Ouija Shark
0
Requin

Comme si la réalité n’était pas suffisante pour nous confirmer que la bêtise humaine est sans limites, on distingue une frange cinématographique qui prend un malin plaisir à nous le rappeler. Le genre d’incursions Z qui laissent pantois par un tel dénuement non de moyens, mais de talent et d’intérêt à l’existence de pareils blasphèmes du septième art. Dans cette mouvance, la sharksploitation occupe une place de choix pour d’innombrables tâcherons souhaitant exprimer leurs misérables visions d’un sous-genre autant opportuniste que fallacieux dans ses intentions. Sous le pseudonyme de Scott Patrick, Brett Kelly revient alors à la charge après des essais aussi déplorables qu’effroyables : Raiders of the Lost Shark et Jurassic Shark.

 

La planche venue de la mer...

À vrai dire, on distingue aisément la patte poisseuse de ce « cinéaste » autoproclamé. Un grain d’image qui ferait passer Les Feux de l’Amour pour un chef d’œuvre visuel. Un jeu de caméras qui en oublie les bases mêmes des techniques de mise en scène. Un casting tout droit sorti d’une pochette surprise… Le ton est donné et l’on ne fait guère les choses à moitié pour les saccager dès les premières secondes. Après l’inutilité du générique d’introduction (5 minutes), on reprend des plans, des situations et des lieux similaires aux bévues précitées. La plage, une potiche empotée, un plan d’eau saumâtre et une planche ouija en guise d’élément perturbateur, du moins dans la masse grise qui s’assimile au cerveau des scénaristes.

D’ailleurs, faut-il un cerveau pour deux scénaristes ou deux cerveaux pour un scénariste afin de commettre pareille imbécillité ? La question a le mérite d’être posée et demeure l’unique interrogation qui vaille le détour. La suite, elle, est connue de tous dans son déroulement, mais pas forcément dans son exposition. On se moque éperdument de l’intrigue ou du semblant d’histoire qui, en dépit, de sa simplicité intrinsèque est incapable d’enchaîner deux scènes avec un minimum de cohérence. On ne compte plus les faux raccords ou les invraisemblances qui déferlent plus rapidement qu’un raz-de-marée. Cela sans oublier ces clichés ambulants, pas même en mesure d’aligner une répartie avec l’intonation ou l’expression adéquate.

 

La bête qui sort de terre...

Mais cela n’est rien lorsqu’on constate que le massacre en devenir se mue dans un délire halluciné où le fantôme d’un requin hante les bas-fonds d’une piscine ou les contrées hospitalières de la forêt à proximité ! Une ombre plane entre les arbres, sans doute un morceau de papier découpé maladroitement et colorié avec un feutre bon marché. Pour les visions spectrales, on nous inflige un squale en pâte à modeler croisé avec un Playmobil. Mention spéciale aux animations où la mâchoire inférieure de l’animal s’agite avec un « réalisme » effarant. À cela s’ajoutent des effets psychédéliques du plus mauvais goût, notamment lors de l’invocation fortuite du requin.

Ouija Shark se ponctue de ces instants méphitiques où l’on s’interroge sur sa santé mentale, si l’on a bien remarqué ce que les images dégorgent comme immondices graphiques. On songe à ces courses poursuites en vue subjective où l’animal fonce dans un tourbillon de magmas ectoplasmiques, le tout dans un silence aussi assourdissant que cocasse. Les morts sont vite enchaînées et pour le moins ratées. Merci au montage catastrophique de mettre fin au calvaire au plus vite. Énième irruption non identifiée dans le ciel : un combat entre l’esprit du requin et celui d’un personnage secondaire, sorte d’amalgame poussif et terrifiant entre Dr Strange et Dragon Ball. Un véritable cas d’école…

 

Un nouvel modèle de Playmobil à l'échelle 1/1

Au final, Ouija Shark relève d’une autre dimension. Si l’on a pu constater que les précédentes frasques de son géniteur feraient passer les productions SyFy et Asylum pour de bons films, la présente incursion les place au rang de chef d’œuvre. Certains peuvent apprécier le côté artisanal des séries Z. Pour autant, celles-ci démontrent qu’il ne suffit pas de tenir une caméra pour être réalisateur. Du poivrot sur le point de se soulager, puis agressé dans une cage d’escalier par le squale, jusqu’à cet affrontement astral d’une connerie sans nom, les exemples d’incongruité fourmillent en tous sens. Dans un état second, l’exercice pourrait paraître amusant. Il n’en demeure pas moins infâme, voire abject.

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

Autres critiques

Créature
Il n'est pas difficile de mesurer l'impact incroyable qu'à eu Les Dents de la Mer de Spielberg sur le cinéma de genre. Il suffit de regarder toutes les suites de piètre qualité et les films s'en inspirant largement comme La Mort au Large , Peur Bleue et consorts. Mais ce n'est pas le seul film à avoir eu cette force. En effet, on peut aussi compter parmi les grands films qui...
Blood Dolls
Impossible de commencer cette critique sans un petit rappel de qui est Charles Band et de la société qui lui est fondamentalement associée, Full Moon . Il s'agit d'une société qui a produit un nombre assez impressionnant de films d'horreur et qui continue aujourd'hui encore à faire des films un peu plus obscurs. À l'image de The Asylum qui bouffe à tous les râteliers, Full Moon et Charles Band s'...
White Zombie
Au début des années 1930, le cinéma parlant n’en est encore qu’à ses balbutiements. Pour bon nombre d’acteurs, la transition avec le muet est difficile, voire catastrophique. Cette période coïncide avec l’un des axes charnières pour l’épouvante et l’horreur avec l’adaptation de figures littéraires mythiques. On songe aux monstres de la Universal avec...
Out of the Dark
Santa Clara, Colombie, 1992. Une maison isolée la nuit, un homme seul et l’orage qui gronde à l’extérieur. La sonnerie du téléphone retentie et après un brèf échange, l’homme déclare à son interlocuteur que ce qu’il lui demande sera la dernière chose qu’il fera, puis raccroche. Il se saisit alors de dossiers et entame de les brûler. Surpris par des coups donnés à la porte d’entrée, il se...
Urban Legend 2 - Coup de grâce
À la fin des années 1990, le slasher a connu un nouvel essor avec Scream . S’ensuivirent des itérations plus ou moins notables, dont les plus célèbres demeurent Souviens-toi l’été dernier et Urban Legend . Contrairement à ses homologues, cette franchise se veut vieillissante et, globalement, peu rigoureuse dans sa progression. Il en ressort une modeste production qui se contente d...
Ouija Shark
Réalisateur:
Durée:
81 min
1
Moyenne : 1 (1 vote)

OUIJA SHARK - Official Trailer

Thématiques