Impossible de commencer cette critique sans un petit rappel de qui est Charles Band et de la société qui lui est fondamentalement associée,
Full Moon. Il s'agit d'une société qui a produit un nombre assez impressionnant de films d'horreur et qui continue aujourd'hui encore à faire des films un peu plus obscurs. À l'image de
The Asylum qui bouffe à tous les râteliers,
Full Moon et Charles Band s'essayent principalement à l'horreur et de temps à autre au fantastique, mais toujours avec une petite dose d'épouvante. C'est en 1988 que sort
Jeu d'Enfant de Tom Holland et mettant en scène la célèbre poupée Chucky et qui va connaître un succès assez fulgurant. Profitant de la mode des poupées tueuses,
Full Moon et Charles Band en profite pour sortir
Puppet Master en 1989 de David Schmoeller. Le succès est au rendez-vous, puisqu'une kyrielle de suites verra le jour. Mais ne s'arrêtant pas à cette franchise, Charles Band décide de prendre la caméra et de faire
Blood Dolls, un film d'horreur baroque, gothique et complètement loufoque. Maintenant, le film tient-il la comparaison avec ses aînés ? Allons voir cela de plus près !
Voilà une position bien inconfortable!
L'histoire de
Blood Dolls part d'un fait assez contemporain. Un riche et excentrique homme d'affaires se fait voler un joli petit pactole suite à une O.P.A rondement menée par une bande de personnes véreuses. Très remonté, il décide donc de balancer son homme de main, Mascaro ainsi que trois de ses créations, des poupées douées d'intelligence et à tendance sadomasochiste pour aller les tuer. Mais l'un d’eux cache un énorme secret. Voilà le pitch de départ, qui, hormis des poupées tueuses ne sort pas tellement des sentiers battus et ressert un genre déjà-vu. Mais il faut rajouter plusieurs éléments à cela. Tout d'abord, le méchant de l'histoire qui se cache sous un masque parce qu'il possède une tête miniature. Ensuite, le Mascaro en question est tout le temps maquillé en clown. Un autre serviteur est un nain boiteux et s'amuse à électrifier un groupe de jeunes femmes qui joue du rock dans une cage. Les poupées sont des êtres vivants qui ont été réduits grâce à une machine qui ressemble à un coffre de pression. Bref, on voit bien que tout cela est proprement loufoque et agréablement déjanté. Alors bien entendu, le pitch de l'O.P.A n'est qu'un sous-entendu pour faire un massacre et on n'en reparlera plus par la suite. D'autant plus que l'instigateur de cette machination est un crétin qui pratique le SM avec sa compagne qui tire les ficelles. Du coup, difficile de se placer dans ce film. Est-ce une farce grotesque ? Est-ce un vrai film d'horreur loufoque ? Est-ce une comédie ? Et bien, c'est un peu tout ça à la fois et cela demeure déroutant. Surtout que la mise en scène n'est pas terrible et que les effets visuels sont relativement désuets.
Si les influences du film sont indéniables, entre les Puppet Master ou encore Chucky, le film essaye de faire quelque chose d'autre, tout en pompant honteusement l'ambiance du premier et l'humour du second. Par contre, au niveau du budget, cela a dû être très raide. Il suffit de voir les quelques effets spéciaux limites, mais surtout l'animation des poupées qui est ridicule. En fait, il s'agit vraiment de jouets que l'on peut trouver dans le commerce et un mec a dû mettre des fils pour faire bouger les bras et les jambes. Donc, au niveau crédibilité, on repassera, d'autant plus que les plans de caméra ne sont pas intéressants, essayant désespérément de faire peur en les planquant dans des coins de portes. On aura aussi du mal à croire que ces trois poupées arrivent à buter autant de personnes, mais lorsque l'on voit que ces dernières tombent avec un tout petit coup de couteau (de la taille d'un cure-dent) dans le pied et que par la suite, elles ne font que hurler, on comprend que la mort était si aisée. Le côté gore est assez anecdotique, faute de moyens, même si certaines mises à mort sont assez comiques (le SM dans une machine pleine de fils et qui se resserre contre lui, ou encore une chaise avec une perceuse intégrée).
Tu veux voir mes seins mon loulou ?
Bien entendu, dans ce genre de production, il ne faut pas regarder le casting, car bien souvent, c'est très mauvais. Et il ne faudra pas être exigent dans
Blood Dolls. Jack Maturin est le grand méchant de l'histoire, celui qui possède une petite tête. S'il demeure assez ridicule, il a le mérite d'être convaincant dans son rôle et cela n'a pas dû être facile avec un costume géant à la con. Mais le plus efficace, c'est celui qui joue monsieur Mascaro, le clown qui fait vraiment froid dans le dos. Pour le reste, c'est plutôt loufoque, tout comme le film. On a la plantureuse et sublime Debra Mayer qui joue la grande méchante de l'histoire et qui n'est pas du tout crédible, tout comme les autres méchants du film qui ne sont que des chairs à saucisse, des moutons pour les poupées. Bref, tout cela sonne faux, mais on aura notre quota de nichons avec l'une des musiciennes du groupe de rock dans la cage électrifiée. On pourra aussi rire rapidement sur le rôle du nain, qui se prend deux coups de guitare dans la gueule et qui va voltiger dans les airs. La fin est débile, dans le ton du film.
Au final, Blood Dolls possède un petit côté sympathique qui lui confère une aura particulière. Le seul problème, c'est que le grotesque et le loufoque sont bien trop présents et ne servent pas particulièrement le film. Alors on aura un petit plaisir coupable à regarder ce métrage, mais force est de constater que cela reste assez mauvais et bien trop léger. Bref, un film pour les curieux du genre, qui a le mérite de faire passer le temps et de ne pas ennuyer le spectateur, chose rare dans les nanars !