Le mythe de Dracula

1979 & 1992 : Dracula Forever

En 1979, sort sur les écrans le très simplement titré Dracula. Le film est mis en boîte par le réalisateur John Badham (le très connu Saturday Night Fever avec John Travolta et la musique des Bee Gees) et s'inspire autant du roman de Bram Stoker que de la pièce d'Hamilton Deane et John L. Balderston. Le scénario est signé W.D. Ritcher, qui est également responsable de celui de Invasion of The Body Snatchers (1978, Philip Kaufman), de celui des Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin (1986, John Carpenter) ou encore du Bazaar de l'épouvante (1993, Fraser Clarke Heston). A noter également que la musique du film est l'oeuvre du très grand compositeur John Williams.

Dans le rôle du comte Dracula, on retrouve Frank Langella (qui sera, en 1987, le pathétique Skeletor des Maîtres de l'Univers, l'adaptation live du dessin-animé) qui est d'ailleurs plutôt convaincant dans le rôle. A ses côtés, Laurence Olivier campe le professeur Van Helsing et Donald Pleasence (le docteur Sam Loomis du Halloween de Carpenter) interprète le rôle du docteur Seward.

L'histoire :

1913, un navire transportant les biens d'un certain comte Dracula, originaire de Transylvanie, en Roumanie, est pris dans une tempête au large des côtes anglaises. Le capitaine du navire n'a d'autres choix que d'ordonner à ses marins de lâcher du leste. Ils larguent par dessus bord une partie du chargement. Mais une créature jaillit de l'une des caisses et massacre l'équipage. Peu avant l'aube, dans l'asile dirigé par le docteur Seward, Mina Van Helsing, amie de Lucy, la fille de celui-ci, est irrésistiblement attirée vers la plage, où le bateau vient de s'échouer. Dans une caverne, elle découvre le corps inanimé de l'unique survivant, qui n'est autre que le comte Dracula...

On avait tout à craindre d'une énième relecture du mythe de Bram Stoker mais le fait est que le film de Badham est finalement assez réussi. La performance de Frank Langella n'égale pas celle d'un Christopher Lee ou d'un Bela Lugosi mais l'acteur a une certaine prestance et s'impose plutôt bien dans le rôle du vampire des Carpathes. Le film bénéficie en outre d'une réalisation soignée et d'une photographie remarquable. Sans oublier l'inquiétante partition de John Williams qui compte pour beaucoup dans l'atmosphère du film.

Abordons à présent le cas, ô combien intéressant (car très discuté et ne faisant pas l'unanimité) du Bram Stoker's Dracula de Francis Ford Coppola.

D'entrée de jeu, Coppola annonce la couleur en titrant son film Bram Stoker's Dracula. Clairement, il annonce qu'il s'agit "du Dracula de Bram Stoker". Donc, on peut être en droit de penser naturellement que son film constitue tout simplement la plus fidèle adaptation du roman de l'écrivain. Et en effet, le Dracula de Coppola est sans nul doute l'adaptation qui se rapproche le plus (au niveau du récit) du roman de Stoker. A la sortie du film, lors des divers interviews que Coppola et les acteurs du film accordèrent, ce détail au niveau de la fidélité et du respect des écrits de Stoker fut un levier promotionnel majeur. Malheureusement, la fidélité par rapport a une oeuvre peut s'avérer être une arme à double tranchant

Francis Ford Coppola (à gauche) dirigeant Anthony Hopkins (Van Helsing)

Esthétiquement, le film de Coppola impressionne et c'est quelque chose que l'on ne peut lui ôter. Qu'il s'agisse des décors, des costumes, des éclairages, de la photographie ou de la réalisation, on sent à la vision du film que le réalisateur a porté toute son attention sur ces éléments. Peut-être trop d'ailleurs et au détriment même de l'histoire et du rythme de son film. Le roman de Stoker étant particulièrement "volumineux" et le désir de Coppola tout aussi fort de réaliser une adaptation respectueuse au possible, il était inévitable que l'histoire en pâtisse quelque peu. Ainsi, Coppola s'attache parfois un peu trop au côté très romantique et dramatique à la fois du comte Dracula. De même, sa relation étrange avec la petite amie de Jonathan Harker (le peu convaincant Keanu Reeves), Mina (ravissante Winona Ryder) n'est pas particulièrement intéressante pour le spectateur qui se réjouira davantage lors des apparitions/transformations du comte. Rappelons au passage que la "tag line" du film (la petite phrase qui accompagne régulièrement le titre d'un film - exemple avec Alien le 8ème passager : "Dans l'espace, personne ne vous entend crier". Voilà!) était "Love Never Dies" ("L'amour est éternel", comme il fut traduit en français). Le film fut donc en quelque sorte "vendue" comme une histoire d'amour fantastique.

Le film de Coppola remporta un beau succès (plus de 190 millions de dollars de recettes à travers le monde pour un budget de 40 millions) et remit au goût du jour le thème vampirique au cinéma.

Enfin, par respect pour le mythe, je ne me permettrais pas d'aborder les cas récents de Dracula 2000 (2000, Patrick Lussier) et de sa suite de 2003, toujours dirigée par Lussier : Dracula II - Ascension. Deux gros navets qui essayent tant bien que mal de donner à Dracula un second souffle mais sans y parvenir ne serait-ce que quelques minutes...

 

Les "autres" Dracula

Le personnage de Bram Stoker aura inspiré un très grand nombre de films, comme vous avez pu le constatez. Mais s'il a souvent été porté avec brio à l'écran au travers des prestations de Bela Lugosi, Christopher Lee, Frank Langella et de Gary Oldman, il a également "servit" à quelques "farces" plus ou moins réussies. D'autres réalisateurs ont tenté de redonner ses lettres de noblesse au comte mais, de la même manière, avec plus ou moins de bonheur... Ce que l'on constate, de manière plus générale, c'est que les producteurs ont utilisé un peu à tort et à travers le nom de Dracula (pour des raisons purement et simplement commerciales) ou bien encore, ont réalisé des "cross-overs" (rencontre entre plusieurs personnages) comme le Dracula Prisonnier de Frankenstein...

Les déformations ne se produisent pas uniquement sur l'histoire même de Dracula mais également au niveau du nom même de Dracula. On retrouve ainsi un "Blacula", un "Rockula" (on ne rit pas)...

Certaines rencontres totalement improbables ont même été filmés comme Les Charlots contre Dracula ou Billy The Kid VS. Dracula...

J'ai sélectionné pour vous un petit éventail de diverses productions (films et téléfilms, comédies, horreur, épouvante, érotique...) :

Les images et photos appartiennent à leurs auteurs respectifs.

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