Le mythe de Dracula

par Julien

Dracula est sans conteste l'un des plus grands mythes du fantastique, en littérature comme au cinéma. A l'instar de la créature de Frankenstein ou du loup-garou, le comte Dracula a été la source d'inspiration de nombreux films et téléfilms. Sans plus attendre, découvrons ensemble l'histoire hors du commun du Prince des Ténèbres et ses nombreuses apparitions au cinéma...

Vlad Tepes "L'Empaleur"

Né sous la plume de l'écrivain irlandais, Bram Stoker (1847-1912) et paru en roman en 1897, le comte Dracula n'est pas vraiment issu de l'imagination de cet auteur. En effet, un certain compte Dracul a bel et bien vécu au 15ème siècle en Roumanie. Dracula était le surnom de Vlad Tepes (dit "Vlad l'Empaleur", 1430-1476), Prince de Valachie. La Valachie et la Transylvanie étaient délimitées par les Carpathes régionales, le Bas-Danube et la Mer Noire.

Son père était Vlad Dracul (pour information, en roumain, "drac" signifie "diable"). S'il n'a jamais été question de pratiques vampiriques au sujet du père comme du fils, la cruauté et la tyrannie de ce dernier étaient bien une réalité pour les habitants des villages voisins de ses terres. Vlad Tepes fut surnommé l'empaleur car on raconte que, lors des nombreuses batailles et campagnes militaires qu'il entreprit (contre les turcs notamment), il prenait un plaisir très particulier à empaler ses ennemis et à les voir agonir dans d'atroces souffrances. Il aimait également, paraît-il, dîner devant le spectacle.

En 1476, il trouve la mort dans des circonstances qui restent aujourd'hui encore mystérieuses (on évoqua l'un de ses comparses, le prenant pour un turc, qui lui aurait ôté la vie). Il est décapité et sa tête est plantée sur une lance. Son corps sera enterré au couvent de Snagov.

Au début du siècle (début des années 30), sa tombe fut découvert et trouvée vide. Le mythe de Dracula prit alors forme pour rejoindre les écrits de Stoker...

L'écrivain Bram Stoker

1921 - Nosferatu

Dracula fait sa première apparition "officieuse" au cinéma en 1921 dans le chef d'oeuvre muet de Friedrich Wilhelm Murnau, Nosferatu : Eine Symphonie des Grauens. L'histoire est celle du jeune et plein d'avenir Thomas Hutter (Gustav Von Wangenheim) qui part pour la Transylvanie afin de vendre une propriété en Allemagne, dans la ville de Wisbourg, à un certain comte Orlok Nosferatu (Max Schreck). Lorsqu'il arrive sur les lieux, il découvre dans la maison du comte une photographie de sa femme Ellen (Greta Schroeder). Le comte emménage donc dans une résidence proche de celle de Thomas. Mais le comte amène avec lui la morte et la peste pour les habitants de la ville...

Le scénariste du film, Henrik Galleen a réalisé une adaptation assez libre de l'oeuvre de Stoker. Ainsi, l'action passe de Londres à Wisbourg (pour des raisons sûrement commerciales, étant donné qu'il s'agit d'une production allemande). De ce fait, les noms des personnages de Stoker n'ont pas été conservés (Jonathan Harker devient Thomas Hutter, le comte Dracula devient le comte Orlok Nosferatu, Mina devient Ellen...). Des modifications qui n'altèrent pas l'oeuvre de Stoker de la même façon que la suivante : en effet, Galleen instaure une nouvelle "règle" pour les vampires : ils ne supportent pas la lumière du jour qui devient une menace mortelle pour eux. Un détail important qui influencera beaucoup les films qui traiteront du mythe de Dracula.

Il faut cependant noter que dans le film de Francis Ford Coppola de 1992, on peut voir une scène au cours de laquelle le comte Dracula se promène, de jour, dans les rues de Londres (scène présente dans le roman de Stoker).

Le film eu une influence considérable pour le cinéma en général, au même titre que d'autres oeuvres issues du mouvement expressionniste allemand comme Metropolis (1927) ou Le Cabinet du Docteur Caligari (1919). Il suffit de s'attarder sur le travail au niveau des angles de caméra ou des éclairages pour constater qu'avec le film de Murnau, c'est une nouvelle ère pour le cinéma fantastique alors encore à ses balbutiements. Et ce n'est pas un hasard si le réalisateur Tim Burton, dans son film Batman : Le Défi, a nommé l'un de ses personnages Max Schreck (en allemand "Schreck" signifie "terreur"). Un hommage à l'acteur qui interpréta le rôle du comte Orlok dans le film de Murnau.

Info : En mettant en chantier le film, la société de production a "oublié" de payer le copyright à Bram Stoker. Elle fut poursuivie pour plagiat et fut même condamnée par un tribunal anglais qui ordonna que toutes les copies du film et les négatifs soient purement et simplement détruits. En Allemagne, la décision fut jugée inapplicable et le film poursuivit sa carrière...

En 1979, le réalisateur Werner Herzog réalisera un remake du film de Murnau avec, à son "avantage", la couleur et le son. Nosferatu : Phantom der Nacht bénéficie d'une atmosphère qui, si elle ne rivalise pas avec celle du film de Murnau, demeure intéressante sur certains points (au niveau des éclairages notamment). Mais le rythme lent du film ne joua pas en sa faveur. Le rôle du comte incomba au charismatique Klaus Kinski (1926-1991). A ses côtés, une jeune française, Isabelle Adjani, dans le rôle de Lucy Harker. En 1986, il reprendra le rôle de Nosferatu dans Nosferatu in Venice dans une production italienne mise en scène par Mario Caiano et Augusto Caminito. Signalons au passage que Klaus Kinski participa à la réalisation du film (sans y être pour autant crédité à ce poste), de même que Luigi Cozzi (réalisateur de l'ultra kitsch Starcrash).

 

1931 - 1945 : Des planches à l'écran

Compagnie fondée en 1912, la fameuse Universal décide de porter à l'écran une pièce de théâtre qui obtint un certain succès sous les feux de Broadway : Dracula. Carl Laemmle Jr (le fils du fondateur de la Universal) demande au réalisateur Tod Browning (Freaks) de s'atteler à la préparation du film. Avec à son actif des films déjà classiques comme Londres après minuit ou Le club des trois (avec Lon Chaney), Browning était le réalisateur le plus à même de mettre en scène le célèbre vampire. Alors que Lon Chaney devait être l'interprète du comte, il décède en 1930 d'un cancer de la gorge. Ce sera finalement le Dracula de la pièce de théâtre, l'acteur hongrois Bela Lugosi, qui se glissera dans la cape de Dracula. Le film sort en 1931 et remporte un beau succès critique et commercial. Avec une réalisation aussi soignée que la photographie (de Karl Freund), le film marquera une date dans l'histoire du cinéma fantastique. Sans oublier la prestation haute en couleur de Bela Lugosi .

En 1936, le réalisateur Lambert Hillyer mettra en scène La fille de Dracula (Dracula's Daughter). La Universal décide d'exploiter la légende de Dracula mais sans Dracula (!). Le film est d'une médiocrité assez affligeante et ne marquera pas les esprits cette année-là.

En 1943 sort l'assez insolite mais très intéressant Le Fils de Dracula (Son of Dracula, de Robert Siodmak) dans lequel d'ailleurs, il n'est point question du célèbre vampire mais du comte Alucard (qui n'est d'ailleurs jamais mentionné comme étant le fils de Dracula).

Puis, en 1945, c'est au tour de La Mansion de Dracula (House of Dracula, de Erle C. Kenton) d'être en vedette. Dans le film, le comte Dracula souhaite en finir avec sa condition de vampire et demande conseil auprès d'un médecin. Mais il s'agit là d'une nouvelle ruse de la part du comte qui souhaite juste se rapprocher de la femme du médecin. C'est alors qu'arrive Lawrence Talbot (Lon Chaney Jr), alias le loup-garou, qui vient pour guérir sa lycanthropie. Enfin un autre monstre sacré de la Universal fait son apparition en la personne de la créature de Frankenstein! Et c'est le début de la guerre des monstres...

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