Le mythe de Dracula

1956 - 1973 : La Hammer s'empare du mythe

La Hammer, société britannique connue de tous les amateurs de fantastique et d'épouvante fera revivre le mythe du comte Dracula assez tardivement. Après le succès de Frankenstein s'est échappé, mis en boîte par l'un des réalisateurs les plus doués de l'écurie Hammer, Terence Fisher, la compagnie rachète les droits des grands "monstres" des années 30. Et parmi ceux-ci, Dracula.

Alors que Bela Lugosi (acteur de théâtre au début, rappelons-le) faisait du comte un dandy plutôt "cabotin", la Hammer décide de donner une nouvelle jeunesse au vampire de ces dames. C'est donc en 1958 que sort Le Cauchemar de Dracula (Horror of Dracula). Campé par l'imposant et glacial Christopher Lee, le comte Dracula devient d'une sobriété élégante et d'une prestance incroyable. Dans le rôle d'Abraham Van Helsing, un autre très grand acteur de l'époque : Peter Cushing. Le film, très coloré, est un chef d'oeuvre et va ouvrir la voie aux autres monstres de la Universal.

En 1960, sort Les Maîtresses de Dracula (The Brides of Dracula). Mais à la fin du Cauchemar... le destin du comte semblait pourtant bel et bien scellé. Réalisé par Terence Fisher, le film ne porte pas vraiment son titre étant donné que le prince des ténèbres n'y apparaît... pas ! Van Helsing (Peter Cushing) traque le baron Meinster (David Peel) mais aucun comte Dracula à l'horizon.

De même, le film de Don Sharp de 1962, Le Baiser du Vampire ne peut être "rattaché" à l'histoire de Dracula. Le film met en scène le comte très aristocratique, Rayna, qui n'est malheureusement qu'un "ersatz" de Dracula. Cependant, de par sa mise en scène et son atmosphère, le film de Sharp reste intéressant et agréable à regarder. Christopher Lee a cependant refusé de porter une nouvelle fois la cape de Dracula, jugeant que cela pouvait être "préjudiciable" à sa carrière dans le sens où il risquait de s'enfermer dans le rôle du vampire.

Mais Christopher Lee reviendra sur sa décision, fort heureusement, et rejoindra à nouveau Terence Fisher en 1966 pour les besoins de Dracula : Prince of Darkness. Malheureusement, le peu de dialogues de Lee (qui demandait d'ailleurs des cachets de plus en plus élevés) et son temps d'apparition très court à l'écran ne permettent pas au film de se hisser au niveau de son prédécesseur de 1958. De plus, l'absence de Peter Cushing/Van Helsing se fait cruellement ressentir tout au long du film. Seule la réalisation, la photographie, les décors et l'atmosphère générale du film parviennent à faire du film de Fisher une honnête production de la Hammer.

Dès lors, l'histoire originale de Bram Stoker ne sera plus d'aucune utilité aux scénaristes et producteurs de la Hammer qui n'en reprendront parfois que les bases ou juste le nom du comte Dracula. C'est donc en 1968 que sort un nouveau film à l'honneur du comte Dracula. Baptisé Dracula et Les Femmes (Dracula Has Risen From The Grave, de Freddie Francis), le film nous narre les "mésaventures" du comte qui voit son château exorcisé. Contraint à quitter sa demeure, Dracula (toujours campé par Christopher Lee) décide de se venger de l'homme qui a placé un crucifix géant devant son antre. Le film n'est pas d'une qualité extraordinaire et, une fois de plus, les apparitions de Christopher Lee/Dracula se font souvent cruellement attendre.

Pour essayer de "diversifier" un peu le genre tournant autour de dracula, un Comtesse Dracula (Countess Dracula, de Peter Sasdy) est mis en chantier et sort sur les écrans en 1970. Le film est dominé par la présence de la charmante Ingrid Pitt (déjà créditée au générique du The Vampire Lovers de Roy Ward Baker), dans le rôle de la comtesse vampire.

La même année sort Les Cicatrices de Dracula (Scars of Dracula), réalisé par Roy Ward Baker qui sortait à peine de Comtesse Dracula. Christopher Lee porte toujours la paire de canines du comte des Carpathes. Cependant, il n'a pas a ses trousses Van Helsing. L'histoire nous explique comment le frère d'un dénommé Paul Carson part à la recherche de celui-ci (tué par Dracula) et se retrouve face au comte et à son insatiable soif de sang... Un film peu intéressant et qui ne figure pas parmi les meilleurs films de la série.

Toujours en 1970, Christopher Lee sera à l'affiche d'un autre film (non produit par la Hammer) sur Dracula : Les Nuits de Dracula (El Conde Dracula). Le film, réalisé par ce cher Jesus Franco (réalisateur aux mille pseudonymes et qui a réalisé plus de 180 films!), est d'une nullité affligeante (aucun rythme, aucun sens de la mise en scène, aucun suspense, aucune ambiance) et il ne se passe quasiment rien dans le film (ah, si, une chauve-souris en plastique s'agite à une fenêtre). A noter que l'acteur Klaus Kinski cachetonna dans le film dans le rôle de Reinfield.

Nous sommes toujours en 1970 avec Une Messe pour Dracula (Taste The Blood of Dracula) du réalisateur Peter Sasdy. Christopher Lee incarne toujours le prince des ténèbres avec la même sobriété inquiétante. Malheureusement, le film n'est pas particulièrement réussi. A noter d'ailleurs qu'à l'origine, le film ne devait pas mettre en scène le comte mais Christopher Lee insista pour reprendre le rôle.

Deux ans plus tard, en 1972, la Hammer nous offre un Dracula A.D. 72 (réalisé par Alan Gibson) plutôt sympathique, surtout que l'on a droit aux retrouvailles entre Christopher Lee et son rival de toujours, Peter Cushing. Au début du film, le comte Dracula est laissé pour mort, empalé tandis que Van Helsing laisse échapper son ultime souffle de vie. Ensuite, on est donc parachuté en 1972, avec un des descendants de Van Helsing et un certain Johnnie Alucard qui compte bien ramener à la vie le comte Dracula. Une fois que c'est chose faite, Van Helsing se lance à sa poursuite... Rien de très original et surtout, rien de transcendant par rapport aux précédents films. L'idée de transporter Dracula dans les années 70 ne fonctionne pas vraiment et le spectacle s'en ressent beaucoup.

Après Les Nuits de Dracula, Jesus Franco persiste et signe la même année La Fille de Dracula. Bien entendu, il ne s'agit pas là d'une production de la Hammer !

Le casting compte pas mal d'acteurs et d'actrices que l'on retrouvera dans les films de Franco : Britt Nichols (Les Expériences Erotiques de Frankenstein, Les Démons, Christina princesse de l'érotisme), Anne Libert (Les Ebranlées, Le Journal Intime d'une Nymphomane), et ce cher Howard Vernon (Les Exploits Erotiques de Maciste dans l'Atlantide, Célestine bonne à tout faire, Les possédées du diable, Le lac des morts-vivants) qui interprète le rôle du comte Karlstein (Dracula donc).

En 1974, Christopher Lee et Peter Cushing se retrouvent à nouveau face à face pour les besoins de Dracula vit toujours à Londres (The Satanic Rites of Dracula, mis en scène toujours par Alan Gibson). Tout comme le précédent film de la série, celui-ci ne marquera pas vraiment les esprits et marquera la fin de la série produite par la Hammer.

1974 c'est aussi l'année de Du Sang Pour Dracula (Andy Warhol's Dracula). Et bien qu'il ne s'agisse pas d'une production de la Hammer, le film de Antonio Margheriti et Paul Morrissey propose une variation intéressante sur le mythe. En effet, Dracula (remarquable Udo Kier) nous est présenté comme un vampire malade qui ne peut étancher sa soif de sang. Pour survivre, il a besoin du sang de jeunes femmes vièrges. Mais le soucis c'est qu'un gigolo traîne dans son entourage et s'occupe de défleurer toutes les demoiselles qui passent sous son nez...

L'année suivante, avec Vem var Dracula ? (In Search of Dracula, Calvin Floyd), on découvre une sorte de rétrospective des films qui mirent en scène le célèbre vampire. Il s'agit donc là plus d'un documentaire qu'un film d'ailleurs. Un documentaire intéressant au demeurant.

1976, la franchise est quasiment morte et le film Dracula, père et fils (Dracula and Son, non produit par la Hammer), réalisé par Edouard Molinaro (Hibernatus, La cage aux folles, bonjour les références) sur un scénario d'Alain Godard, ne changera pas la donne. Christopher Lee endosse la cape du comte Dracula encore une fois et se voit affublé d'un rejeton, Ferdinand (!). Mais le fiston a la même soif de sang que son papa. Et pourtant il n'accepte pas sa condition de suceur de sang et se nourrit de rats, de chats... Pendant que son père devient une vedette de cinéma (en jouant, bien sûr, le rôle de Dracula), il tombe amoureux d'une jeune demoiselle. Alors évidemment, il a peur que son papa se jette sur elle... C'est drôle par moment mais malheureusement, la réalisation est peu originale et les interprétations de certains acteurs est assez approximative. On se demande encore ce qui a bien pu pousser l'illustre Christopher Lee a rejoindre le casting de cette pochade...

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