Les dossiers de l'impossible

Le dossier des Aboyeuses

Au cours du XIXe siècle, de nombreuses femmes du Morbihan furent en proie à un mal étrange qui les poussait à aboyer comme des chiens. Pour les délivrer de ce maléfice, le jour de la Pentecôte, elles étaient amenées de gré ou de force devant la Vierge de Josselin et en repartaient libérées. Ces femmes, qui se débattaient, mordaient, frappaient, griffaient et hurlaient, étaient appelées Les Aboyeuses de Josselin. Des curieux venaient de partout assister au spectacle de leur délivrance.

Tout a commencé en novembre 1727 quand deux petites filles de Camors tombèrent en aboiement, se déchainant jour et nuit. Le 25 mai 1728, les deux fillettes ainsi qu’un autre enfant, qui n’étaient plus capables de marcher et qui aboyaient comme des chiens, furent amenés à la basilique Notre-Dame-du-Roncier de Josselin. Après avoir bu à la fontaine tout proche, le mal qui les tourmentait disparu aussi inexplicablement qu’il était venu. Ces enfants, dont l’histoire fut retranscrite dans des documents officiels, furent les trois premières personnes à être affectées par l’étrange phénomène.

Pendant quelques années, on n’entendit plus parler de manifestations semblables puis, brusquement, au XIXe siècle, le mal réapparut et se répandit dans toute la région, touchant uniquement les femmes.

L’auteur Charles Jeannel relate ainsi dans son ouvrage Les aboyeuses de Josselin (1855) : « Sa poitrine se gonfle, sa gorge siffle, une sorte de hoquet ou de sanglot s’en échappe ; puis, tout à coup, elle jappe, elle aboie, et si bien que les chiens lui répondent. Ou bien elle hurle à pleine poitrine. À la porte de l’église, ces scènes pénibles redoublent de violence ; l’aboyeuse fait des efforts désespérés pour n’en point franchir le seuil. Elle le franchit néanmoins. La foule s’écarte et fait place. L’église retentit du choc des souliers ferrés sur les dalles ; les aboiements, les hurlements se mêlent au chant de l’office. La voilà traînée jusqu’au pied du tronc, en forme de petit autel, sur lequel est posée la relique. Mais il faut lui faire appliquer les lèvres sur la vitre du reliquaire, et elle déploie une énergie diabolique pour échapper à ce baiser fatal. Deux hommes arc-boutent leurs bras sous ses épaules afin de lui abaisser invinciblement la tête avec leurs mains ; d’autres lui ont saisi les bras et les jambes ; les cris deviennent plus étouffés, les saccades convulsives de ce corps, enfin dompté, s’arrêtent. »

La malédiction des aboyeuses perdura pendant plus de deux siècles avant que le phénomène se raréfie. La dernière affligée fut délivrée de son mal le 8 septembre 1953. Personne ne sut jamais pourquoi elles se comportaient ainsi. Certains y virent un mouvement d’hystérie collective, d’autres une opposition farouche à l’église catholique.

Une légende prétend expliquer l’origine des aboyeuses. Celle-ci raconte qu’il y a bien longtemps, des femmes de Josselin lavaient leur linge quand une vieille mendiante apparut et leur demanda l’aumône d’une voix suppliante. Insensibles à ses malheurs, les femmes la chassèrent en l’insultant, mais la pauvresse insista. Agacées, elles finirent par lâcher sur elle l’énorme chien qui les accompagnait. Soudain, les haillons de la vieille femme se transformèrent en vêtements étincelants, les rides de son visage s’effacèrent et, rayonnante de beauté, elle leur déclara : « Mauvaises femmes, je suis la Vierge Marie. Vous vous êtes montrées sans pitié pour l’infortune. Je vous condamne vous et toutes vos descendantes à aboyer comme ce chien que vous avez lancé sur moi. »

 

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