(suite de l'interview)

G.B : Avant d'aller véritablement sur le film, je voudrais encore un peu revenir sur la spécificité du projet. Le fait que ça sorte en DVD, en es-tu vraiment totalement satisfait ? Que l'opération soit conçue de cette manière, tu considères que c'est vraiment ce que tu voulais ?
B.R : Notre double programme est réellement conçu pour être projeté dans des conditions de festival, en one shot, avec l'équipe du film, puis sortir en vidéo. Il y a toujours des membres de l'équipe présents à chacune des projections réalisées, que ce soit à Paris ou en province. Aujourd'hui, à Strasbourg, je viens avec deux actrices, parce que ce soir Thierry est lui-même à Paris pour une autre projection du film, avec d'autres membres de l'équipe, notamment Tristan Schulmann. C'est vraiment un concept de soirée qu'on propose aux spectateurs. Je ne suis donc pas frustré dans la mesure où c'était exactement le type d'évènements que je souhaitais et c'est exactement de cette façon que le film a été conçu. Il n'a jamais été pensé pour intégrer le circuit traditionnel des sorties le mercredi. Ce n'était pas du tout le projet. Et il n'a jamais été question non plus de sortir deux films à une semaine d'intervalle, par exemple. Il était d'emblée hors de question que le spectateur paye deux fois pour voir les deux films. Dès les premières interviews qu'on a données, en pleine préparation, lors de l'écriture du film, on avait annoncé l'envie de sortir un projet fun, récréatif, différent. Faut dire que Thierry et moi avions vécu auparavant des expériences un peu hard lors de la sortie en salles de nos films respectifs. Du coup, on voulait être libéré de cette pression là et ne sortir le film que dans des conditions festives. Les gens qui ont envie de voir ce film au cinéma – parce que ce sont deux vrais films de cinéma, pensés comme tels, calibrés comme tels, avec une production value d'ampleur – peuvent le voir dans ces conditions, avec le premier film, un entracte, le deuxième film, et la rencontre avec l'équipe. C'est vraiment comme cela qu'on a envisagé le projet dans sa globalité.
G.B : Merci pour tes précisions et ta franchise à ce sujet. Parce que tu sais que les geeks imaginent une industrie française tellement lourde et réticente à l'égard de ce type de projet que vous étiez obligés de contourner les règles, en quelque sorte…
B.R : Oui, je sais. D'ailleurs, c'était très compliqué de communiquer sur le projet dès le début parce qu'il sort des sentiers battus, c'est un ovni, quelque chose qui n'existe pas dans le paysage cinématographique en France. Du coup, des gens m'ont dit : « ah, c'est dommage que ça ne sorte pas au cinéma ! ». Mais il sort au cinéma, c'est juste que l'on ne le fait pas comme tout le monde, simplement un peu différemment ! Même, plus grave, j'ai lu un papier dans la presse où les journalistes étaient si peu professionnels qu'ils annonçaient que l'exploitation que l'on proposait résultait du fait que l'on n'ait pas obtenu de sortie en salles traditionnelle ! Au contraire, dès la première interview qu'on l'on faite pour L'Ecran fantastique, on avait annoncé vouloir sortir le projet de cette façon, se balader en France pour présenter le film de cette manière, sans même espérer une telle sortie. Car, pour être honnête, on ne pensait pas faire aussi bien. On pensait tourner un peu sur Paris, avec un petit tour en province, alors qu'il y a finalement beaucoup plus de dates prévues en province, que le projet suscite de plus en plus l'intérêt, et que le film va être exploité durant quatre mois au cinéma, si l'on compte toutes ces soirées, jusqu'à ce qu'il sorte en DVD et en Blu-ray. De la première projection, fin février, jusqu'à sa sortie en DVD/Blu-ray, en juin, il aura toujours été visible, tout le temps, quelque part en France. Aucun film ne peut se vanter d'une telle réussite. Après, évidemment, ce n'est pas sur 500 salles, avec des copies dans tout Paris. C'est sûr, il faut accepter que c'est tout autre chose. Mais c'est non seulement ce que je souhaitais, mais je ne pensais même pas qu'on en obtiendrait autant par rapport à l'idée initiale que nous avions en tête !
G.B : Au niveau de la réalisation du projet, comment avez-vous trouvé cet équilibre ? Si l'on pense au projet Grindhouse de Tarantino et Rodriguez, difficile de ne pas faire la comparaison entre la réussite qu'est Boulevard de la mort et l'échec que constitue Planète terreur… Bien que vous ayez les mêmes personnages, ne craignais-tu pas un décalage entre les deux films ?
B.R : C'est juste qu'en fait on n'a aucune personnalité, Thierry Poiraud et moi (rires) ! Non plus sérieusement, même si je ne partage pas forcément ton avis concernant le film de Rodriguez, on était réellement dans une autre configuration. On raconte une seule et même histoire à deux, avec les mêmes personnages, qui évoluent sur l'ensemble des deux films. L'ensemble des personnages, Solène en tête, a un parcours qui commence dans le film 1 pour se résoudre dans le film 2. On ne pouvait donc pas se permettre de tirer la couverture vers soi, chacun dans son coin.
Charlie Bruneau : Oui, mais vous n'avez pas traité les mêmes personnages de la même manière. Notamment parce que vous n'avez pas le même humour, Thierry et toi. C'est bien la direction artistique qui reste la même et qui, selon moi, fait le lien entre les deux films. D'ailleurs, lorsque l'on s'est retrouvé sur le tournage avec Thierry ou Benjamin, et non pas avec les deux en même temps comme c'était le cas lors des répétitions, vous n'aviez pas la même vision des personnages dans certaines situations et pas forcément le même humour. On a bien sûr joué de la même manière les personnages, dans le sens où ils évoluaient de façon cohérente dans les deux films, mais c'était assez différent dans la tonalité de certaines scènes, sans qu'il n'y ait aucune incompatibilité entre vous deux, mais plutôt une vraie complémentarité. C'était très intéressant, et même déroutant parfois, de voir ce que chacun des réalisateurs faisait de cela. Une scène de tension pouvait être appréhendée de deux manières tout à fait différentes par Benjamin et Thierry. C'était assez étonnant parfois.
B.R : En fait, on s'est prémuni très tôt contre cette disparité ; c'était un danger que l'on a identifié dès le début du projet. C'est précisément pour cette raison que Thierry et moi avons choisi tous les acteurs ensemble, intégralement, et avons procédé de la même façon pour les costumes, les décors, pour le choix de l'équipe technique, et pour l'appréhension globale de l'histoire. J'étais par exemple là tout le temps, même lorsqu'il s'agissait des répétitions pour le film de Thierry, pour apporter mon grain de sel, faire des suggestions, même s'il faisait ses choix, librement, pour construire ses répliques et ses situations. On a toujours discuté de tout pour trouver la plus grande cohérence entre les deux films. Un peu comme dans la fabrication d'une série télé – c'est d'ailleurs une culture noble, une méthode de fonctionnement qui marche parfaitement bien. Du coup, on a aussi pu mettre la pression sur les comédiens pour bien leur faire comprendre qu'ils étaient également les garants de leurs personnages. Thierry et moi passions du temps à discuter des personnages mais, en fin de compte, les comédiens avaient une lourde responsabilité et devaient cerner à quelle moment de l'histoire leurs personnages devaient évoluer et se comporter de telle ou telle façon.
C.B : Complètement. C'est en cela que l'expérience ressemblait beaucoup au tournage d'une série télé. Il y a une grande responsabilité du comédien vis-à-vis de son personnage, responsabilité que l'on n'a pas forcément de la même manière sur le tournage d'un long-métrage. Dans une fiction télé ou une série, il y a généralement une charte qui précise que les réalisateurs de chaque épisode sont souvent, d'une certaine manière, interchangeables, et mettent leurs pieds dans des chaussures déjà formés par le réalisateur du ou des épisodes précédents. Du coup, les comédiens deviennent garants de leur personnage. Même s'il y a une patte apportée par un réalisateur ou un autre, le comédien doit garder en lui la colonne vertébrale de son personnage. C'est exactement ce qu'il s'est passé sur le tournage de Goal of the Dead. Le travail en amont, avant le tournage, travail d'habitude peu fait dans les tournages en France, permettait de mieux saisir les personnages. Les répétitions nous ont permis de comprendre les personnages et de les aborder de façon claire et cohérente sur le tournage. Très souvent, en France, on manque cruellement de ce type de travail de préparation. Pour le coup, cette méthode a pu garantir que les personnages se tiennent, soient cohérents, sur les deux films.




















![28 Ans Plus Tard [4K Ultra HD Boîtier SteelBook limité] 28 Ans Plus Tard [4K Ultra HD Boîtier SteelBook limité]](https://www.horreur.net/sites/default/files/styles/vertical-petit/public/upload/28ansplustard_bduhd.jpg?itok=vn_bkDqH)




































![28 Ans Plus Tard [4K Ultra HD Boîtier SteelBook limité] 28 Ans Plus Tard [4K Ultra HD Boîtier SteelBook limité]](https://www.horreur.net/sites/default/files/styles/meilleurs_films/public/upload/28ansplustard_bduhd.jpg?itok=v0OsnHUq)















