Limitless

Ce Limitless est une bonne surprise, j'avoue avoir passé une très bonne soirée en le visionnant. Il est vrai pourtant que le film souffre de quelques défauts mais il séduit par sa désinvolture et l'habilité avec laquelle il convoque les clichés pour mieux les contourner. En dire plus serait ouvrir la boite à spoilers, je ne vais donc pas développer, mais disons qu'on croit souvent retomber en terrain connu, voire dans des sentiers battus et que le film trouve toujours le moyen de créer la surprise. Cette astuce, ajouté à un bon rythme, fait qu'on ne s'ennuie pas une seconde. Un bon point est également le casting et l'interprétation et notamment celle de l'acteur principal, Bradley Cooper, le "futé" du remake de L'Agence tous risques". Robert de Niro se contente d'être lui-même, sans cabotiner ni briller, et parvient somme toute à être crédible, ce qui suffit. Au niveau des limites, j'estime personnellement que les effets visuels, qui font penser parfois à Jan Kounen, ne sont pas toujours pertinents, même s'ils sont en soi toujours réussis, et alourdissent par moments le film. Mais, à mon avis, la grosse limite du film est le manque de profondeur du scénario: être habile et malin, jouer la carte de l'immoralité et du cynisme, pourquoi pas, mais autant alors le jouer à fond. En fait, l'idée de départ a un énorme potentiel, et le réalisateur n'en fait qu'un divertissement tantôt efficace, tantôt jouissif, mais somme toute limité, ce qui est, vu le titre du film, quelque peu dommage et décevant...

Nous avons ici un scénario qui tient sur un ticket de caisse. La rencontre d'un auteur à la dérive et un ami de longue date qui lui fourgue un pilule qui décuple ces fonctions intellectuelles, et lui ouvre les portes de la puissance psychique. Une vie qui bascule ainsi vers le divin : la réussite et le prodige d'une vision du monde extralucide. Plus de temps à perdre et devenir le prototype du rêve de golden boy qui attise la convoitise. L'ensemble est parsemé d'un vague élan polar-thriller. Un divertissement sans plus, dont le ressort principal est : si c'était possible?. Trop tard, on a déjà la réponse : oui mais avec le délirium en plus avec des "cachetons" des rave party. Le plus étonnant dans limitless tient au fait que pour une fois, et c'est rare pour des américains, on est épargné de la morale : "n'y touchez pas, c'est pas bien". Pire, il semblerait que ce soit mieux d'être dopé et mortel précoce, car le message triomphe : la vie tiède n'a pas grand intérêt et réussir c'est bien sûr cumuler des dollars et vite via la dopamine à fond les bielles!. Autre chose? malheureusement non, car l'axe du scénario est tenu fil tendu sur la pilule à convoiter, mais pas vraiment sur un volet semé d'enjeux qui aurait permis au film de rejoindre la case d'un bon thriller haut en couleur. Ici les yeux de l'acteur principal brillent et sont dilatés comme dans un after ou sortie discothèque belge façon consommation coktail de produits divers...