Suspiria

...NON,je plaisante!!!Pour moi,ce n'est rien d'autre qu'un nouveau boulet de Dario Argento...L'histoire n'est pas crédible une seule seconde,les acteurs jouent très mal(comme des acteurs de films italiens quoi!)et les effets soit-disant de "trouille" ne m'ont pas fait sursauter une seule fois.Cependant,je vais être un peu moins vindicatif que d'habitude en soulignant la présence de meurtres assez déviants et remarquablement mis en scène(haaaa,le coup du couteau qui se plante dans un coeur qui bat encore...)L'ambiance qu'il réussit à créer est également attractive,mais malheureusement,elle est flinguée par pas mal de couleurs très flashy vraiment ridicules pour un film d'horreur...Un peu de bon dans un océan de médiocrité qui me laisse une nouvelle fois de glace!Ce n'est pas encore ce coup-ci qu'il arrivera à me mettre dans sa poche...

Du très bon film fantastique, une grande maestria au niveau de l'image. Le son des Goblins est fort, la déco de l'école de danse est vraimment sympa. C'est trop bon, et en plus les scènes de meurtres à la Giallo sont là !

Difficile de décrire une oeuvre comme Suspiria, qui tient plus de l'éxperience filmique que du simple produit cinématographique. Je m'explique, Suspiria est un film qui se ressent, qui se vit, où chaque détail est travaillé en profondeur et où rien n'est laissé au hasard. Des couleurs saturées qui appellent à notre capacité d'imagination et font du film une oeuvre à la limite de l'abstraction que viennent appuyer des décors grandioses mais toujours sobres et des scènes de meurtres élaborées mais très graphiques, jusqu'à la bande son ennivrante et semblant sortir tout droit de l'enfer. Tout cela confère au film un côté contradictoire mais dont l'alchimie pourtant périlleuse se révèle parfaite : grandiose mais toujours humble, grandiloquent mais jamais ridicule, tout à fait à l'image de son réalisateur. On a ainsi l'impression de vivre l'un des contes de fées de notre enfance, où tout est en apparence parfait mais où la menace est pourtant bien présente, latente. On ne ressort pas indemne de Suspiria et il est bon de rappeler aux néophytes que celui-ci ne s'aprhéhende pas comme une oeuvre normale et nécessite une certaine ouverture d'esprit à l'imaginaire. Les afficionados d'Argento acquiesceront et seront en terres connues. N'espérez donc pas voir un film d'horreur fun et sanglant, ni une série B bien rythmée. Eteignez les lumières, montez le son et préparez vous à une expérience sensitive jamais égalée.

Suspiria est certes un film prodigieux par son esthétique. Argento ne se contente pas de suivre laborieusement les traces de son maître et modèle Mario Bava, il repousse les limites de la conception visuelle du cinéma d'épouvante et donne naissance à un authentique florilège d'images baroques et fantasmagoriques qu'étaie une mise en scène à la perfection sidérante. Le format scope incroyablement étiré, les jeux de lumières et de couleurs omniprésents, l'ambiance onirique et la bande-son incontournable composée par le groupe Goblin sont les secrets d'une telle réussite formelle. Nonobstant cette admirable réalisation, le scénario, qui puise dans le mythe de la sorcellerie, peine à susciter l'intérêt en son aspect rachitique aussi bien que désuet. Il en résulte une œuvre parfois ennuyeuse, dont la démonstration visuelle finit par écraser tout le reste et qui peut de cette façon se révéler un tantinet pédante. L'opus suivant, Inferno, adopte le même cheminement et surenchérit dans ce dépouillement du récit et cette mise en exergue de la forme, ce qui — selon l'auteur de ces lignes — le rend nettement plus fascinant et abouti que Suspiria encore.

Le film s’ouvre sur une voix off qui nous relate que la jeune Susie Banner avait décidé de perfectionner ses études de ballet en s’inscrivant dans une célèbre académie de Fribourg quand soudain le timbre de la voix off s’efface avant de se retrouver noyer dans une composition délirante des Goblins, notes qui se noieront à leur tour dans le bourdonnement d’une pluie diluvienne. Au sommet de son art, Dario Argento rend avec Suspiria son œuvre la plus radicale, comme si rien ne pouvait plus arrêter sa folie créatrice. C’est pourquoi, au delà du film, Suspiria est une succession de tableaux dont les références semblent être à rechercher plutôt chez Gaudi et Dali que chez les contemporains cinématographiques du maître. Argento transcende le support strictement cinématographique pour offrir une œuvre baroque et fantasmagorique habitée par l’appréhension et la peur. En effet, construit comme un cauchemar, ni le jour, ni le monde, ni aucun mur ne sont un quelconque rempart contre la menace qui transpire. Tout peut arriver, et tout arrive, dans des décors fantasmagoriques saturés de couleurs et où certains tissus semblent plus difficiles à franchir que des portes closes. Totalement habité, Argento nous entraîne dans son inconscient, et, de par sa narration de conte, nous renvoie en enfance en nous soustrayant tous les repères confortables du cinéma fantastique pour nous manœuvrer dans son univers tourmenté. Une date fondamentale dans l’histoire du cinéma autant que dans l’histoire de l’art, mais aussi et surtout un film unique.