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Wes Craven

Biographie

Wes Craven est né le 2 août 1949 à Cleveland (Ohio). Il est à l'horreur ce que John Ford est au western: un cinéaste culte, roi d'un genre autrefois florissant, aujourd'hui renaissant. Freddy, sa créature, fait désormais partie des mythes du septième Art, monstre onirique (des rêves) des plus terrifiants, vedette des cauchemars des adolescents des années 80.

Spécialiste du fantastique gore, Wes Craven n'est pourtant pas tombé tout petit dans la marmite de l'horreur. Ancien professeur de philosophie, il passe au cinéma comme monteur de documentaires. Son premier film, il se le voit proposer par son ami, Sean S.Cunningham, futur réalisateur de Vendredi 13: "Il était prêt à me produire un scénario, à condition que ce soit le plus diabolique et effrayant possible. J'ai donc écrit une histoire violente et dégueulasse: La Dernière Maison sur la Gauche. On l'a monté comme une plaisanterie, persuadés que personne n'irait le voir. Le film est sorti dans quelques drive-in jusqu'à ce qu'une grosse compagnie le repère et nous propose une sortie nationale. Tout à coup, j'étais considéré comme un réalisateur de films d'horreur qui n'avait plus aucun problème pour trouver des financements. Pourquoi, alors, ne pas continuer?" (Première, août 1997).

"The Last House on the Left", le premier film choc du cinéaste

Avec à peine un coût de 50 000 dollars et un tournage de trois semaines (y compris dans la cour du producteur et chez sa mère), le film provoque un vrai scandale: les critiques se déchaînent contre ce film, d'une rare violence physique et mentale. Wes Craven enchaîne alors les séries B, en leur imprimant une vraie réflexion, dénonçant par l'intermédiaire de la fiction. Il s'inspire d'ailleurs des documentaires sur la guerre du Vietnam pour rendre compte de la violence aux États-Unis, et l'utilise dans La Colline a des Yeux (1977). Les amateurs ne sont pas déçus: le film, ultra violent, est adapté de l'histoire vraie d'une famille écossaise anthropophage, qui tendait des embuscades aux voyageurs de la région. Pour l'occasion, il utilise des gens avec la mine la plus patibulaire possible. Le film remporte le Prix du meilleur film au Festival de Londres, le Grand Prix du Festival de Sitges et le Prix de l'Académie du cinéma fantastique et de SF de Los Angeles.

Second succès avec un film devenu culte: "The Hills Have Eyes"

Après avoir réalisé le très quelconque Eté de la Peur avec Linda Blair pour la télévision, Craven continue d'oeuvrer dans le genre avec le sympathique La Ferme de la Terreur racontant les pérégrinations de 3 jeunes filles (dont Sharon Stone pour la première fois à l'écran) aux prises avec des Amish peu hospitalier et à leurs démons. Là encore, le film est un succès en terme de rentabilité.

Linda Blair et Sharon Stone respectivement dans "Summer of fear" et "Deadly blessing"

Le réalisateur sera moins heureux avec son hommage à la BD La Créature du Marais, en 1982, qui renvoie à l'histoire de Dr Jekyll et Mr Hyde, mais avec un traitement et des effets spéciaux ridicules qui font de ce film un gros nanard Z tout au plus amusant. S'ensuit un logique échec qui va mettre le cinéaste dans une position financière difficile. Celui-ci endetté va aller jusqu'à demander des emprunts à droite à gauche auprès d'amis proches.

Le très Z et très raté "Swamp Thing"

C'est ainsi plus par opportunité et besoin que Craven écrit le script d'une suite à son plus gros succès à ce jours: La Colline a des Yeux 2. Produit et réalisé à la va-vite pour un million de dollars, le film apparaît encore aujourd'hui comme le plus mauvais de son auteur. Rien à voir en tout cas avec l'ambiance et la violence du premier volet. A l'époque beaucoup considèrent que Wes Craven est fini et qu'il ne retrouvera jamais l'inspiration de ses débuts.

Le tout aussi mauvais "The Hills Have Eyes 2"

Cependant, notre homme va rebondir grâce à un fait divers paru dans la presse et concernant un jeune homme mort dans son sommeil. La renommée s'abat véritablement sur Craven avec le prix de la Critique au Festival d'Avoriaz en 1985, pour Les Griffes de la Nuit. Mais aussi sur le faciès brûlé et les lames de rasoir au bout des doigts de redoutable Freddy Krueger. Un mythe est né et Craven entre à jamais au panthéon des grands réalisateurs du fantastique et dans l'histoire du cinéma. Notons que parmis les nombreuses suites qui verrons le jour, Craven ne s'impliquera que dans le troisième (et excellent) épisode, et réalisera le septième.

Naissance d'un mythe: Freddy dans "A Nightmare on Elm Street"

Le réalisateur aura moins de réussite l'année suivante puisqu'après avoir réalisé Chiller pour la télévision, son très moyen L'Amie Mortelle passera quasi inaperçu et sera un échec au box-office. Pas grave cependant puisque l'aura dont il bénéficie depuis son chef-d'oeuvre précédent lui permet de s'atteler au projet de son choix.

Nouvel échec artistique pour Craven avec son "Deadly Friend"

Et ce projet sera ce qui constitue encore aujourd'hui son plus grand film avec Les Griffes de la Nuit. En effet, pour un budget conséquent de 11 millions de dollars (le plus élévé de carrière à cette époque), Craven met en scène l'excellent L'Emprise des Tenèbres (The Serpent and the Rainbow) avec Bill Pulman. Traitant du vaudou Haïtien avec un réalisme à tout épreuve et un sadisme que l'on avait plus vu chez le cinéaste depuis La Colline a des Yeux, le film adapte avec succès un roman-témoignage qui se veut véridique. Succès artistique donc, mais aussi commercial puisque le film remportera quasiment deux fois sa mise au box office US.

L'un des sommets de l'oeuvre du cinéaste: le formidable The Serpent and the Rainbow

C'est maintenant une habitude: Wes Craven ne parvient quasiment jamais à enchaîner deux bons films consécutivement et semble attiré par ce jeu des montagnes Russes. Encore une fois Shocker sorti en 1989 va confirmer la règle. En essayant de créer un nouveau croquemitaine en la présence du condamné à mort Horace Pinker, le réalisateur livre un film atypique mais qui ne révolutionne en rien le genre. Flottant entre le slasher de base et quelques envolées oniriques dont Craven a le secret, le film peine à remporter une adhésion totale. Pas mauvais, mais pas transcendant.

Son film suivant, en revanche sera plutôt une bonne surprise. En effet, Le Sous-Sol de la Peur parvient à créer un climat oppressant rappelant les débuts du cinéaste tout en ajoutant une dimension politique à laquel le cinéaste à la différence d'un Carpenter ou d'un Romero ne nous avait pas habitué. Un film intéressant qui saura trouver son public aux Etats-Unis et qui remportera le Prix spécial du Jury à Avoriaz en 1992.

Deux oeuvres inégales: "Shocker" et "The People Under the Stairs"

Trois ans plus tard, Craven va essayer de renouveler le genre avec Freddy Sort de la Nuit (Wes Craven's New Nightmare) mais le film sera un relatif échec. Un voulant trop auteuriser son film, le cinéaste ne parviendra pas à échapper à de trop nombreuses longueurs. Peu terrifiant, le film reste malgré tout comme l'un des épisodes les plus intéressant de la saga en replaçant le célèbre croquemitaine sous un angle plus conforme à ses origines. Un certains nombre d'éléments demeurent intéressants comme l'idée du "film dans le film". Au box-office, le film ne sera cependant pas le succès escompté.

L'un des épisode les plus original de la série, le 7e volet: "Freddy Sort de la Nuit"

En 1996, Craven va réaliser la comédie fantastique Un Vampire à Brooklyn (produit et avec Eddie Murphy). Vendu à la base comme un film d'horreur et sur le nom de son réalisateur, le film sera un nouvel échec artistique. Sympathique au demeurant, le film n'apporte pas beaucoup au thème du vampirisme, sinon l'amusement à guetter les apparitions dans différents rôles de Eddy Murphy (plus inspiré par le passé toutefois). sur une idée qui aurait pu être interéssante, le film ne va jamais au bout de ses idées pour ne froisser aucun plublic, mais au final n'en attire réellement aucun. Parsemé de légers morceaux gores ou d'humour noir, le film s'arrête toujours avant de franchir une salutaire limite. Dommage.

La moyenne comédie horrifique tendance "blaxploitation" mettant en scène Eddie Murphy: Un vampire à Brooklyn

En 1996, il travaille par la suite pour Miramax sur un projet de remake de La Maison du Diable de Robert Wise. Mais le studio abandonne le projet (pour l'anecdote, le film se fera -malheureusement-, et sera réalisé par Jan De Bont. Il s'agit de Hantise qui n'a plus grand chose à voir avec l'original). Malgré tout, Miramax propose ensuite à Craven de travailler sur le scénario d'un certain Kevin Williamson, fan de cinéma d'horreur. D'abord connu sous le nom de "Scary Movie", le film est rebaptisé et devient Scream. Le succès est au rendez-vous et le film engrange plus de 100 millions de recettes rien qu'au box-office US. Le néo-slaher vient de faire son apparition. Le film remporte le Grand Prix au Festival Fantastique de Gérardmer 1996 . Avec Scream, Wes Craven révèle toutes les ficelles des films d'horreurs, en détourne les règles et réalise une véritable anthologie du genre. La carrière de Craven est relancé, et tous ses projets peuvent désormais devenir réalité. Bien que très critiqué, ce premier volet d'une série à venir est une oeuvre étonnante de maîtrise parsemé de scènes devenues déjà culte, témoins cette incroyable scène d'ouverture dans laquelle Drew Barrymore (la seule actrice connu du film à l'époque) se fait sauvagement éventrer puis pendre à un arbre. Une scène d'une sauvagerie rarement vue depuis qui nous rappelle par bien des aspects un film comme La Dernière Maison sur la Gauche.

"Scream", le plus grand succès à ce jour pour Craven qui remit le slasher au goût du jour

Fort de ce succès, il change ainsi de registre avec le mélo, La Musique de mon Coeur, avec Meryl Streep, ce qui ne l'empêche pas de s'atteler à deux nouveaux Scream. La trilogie Scream constitue alors l'un des plus beaux succès des sagas horrifiques (une des plus rentable en tout cas). Wes Craven n'a pas l'intention de renoncer au genre qui l'a rendu si célèbre: "Je ne pense pas avoir mis un terme à ma carrière dans le film d'horreur, j'ai trop d'affinités avec ce genre pour m'en tenir là. Mais il est certain que je souhaite également m'investir dans d'autres registres, je vais donc louvoyer entre les deux. Je ne sais pas si je reviendrai au concept spécifique du tueur en série armé d'un couteau et masqué, relancé par Scream. Je pense avoir fait le tour de la question. Lors de mes entretiens, j'ai souvent dit que pour moi, Polanski était le parfait exemple d'un cinéaste capable de faire un film terrifiant, puis de passer à un genre totalement différent. C'est ainsi que j'aimerais pouvoir travailler: des films de genre lorqu'un projet me séduit,et d'autres choses, aussi diverses que possibles, par ailleurs. On verra bien."

Changement de registre avec Music of the Heart, un mélo mettant en scène Meryl Streep

S'ensuivent donc deux volets intitulés respectivement: Scream 2 et Scream 3. Deux suites inférieures au premier volet et surtout beaucoup moins violentes qui continuent d'embarasser les défenseurs du premier volet. En effet, Craven va encore plus loin dans la démystification et le cynisme à l'encontre d'un genre dans lequel il a évolué toute sa vie. Cependant, de nombreuses scènes rappellent (surtout dans le deuxième en fait) la maîtrise du suspense dont sait faire preuve le cinéaste.

Deux suites pas franchement nécessaires malgré quelques moments de bravoure: "Scream 2" et "Scream 3"

Wes Craven, outre la réalisation de films, est aussi producteur (Wishmaster, ou Dracula 2001). Côté réalisation, il sort en 2005 Cursed dans un quasi anonymat. Chose on ne peut plus mérité tant le film est un nanard mal ficelé, bien loin des meilleurs films du cinéaste. Abordant le thème des loups-garou à travers une production qualamiteuse qui s'est étirée sur plusieurs années et ayant subit l'arrêt du tournage à la moitié pour rempartir de zéro. Craven est resté à bord et a tenté de sauver les meubles. En vain. En 2005, il tente de se rattraper avec Red-Eye avec dans le rôle principal Cillian Murphy (l'épouvantail de Batman Begins et le personnage principal de 28 jours plus tard...). En attendant de se remettre au quatrième volet de la série des Scream, Wes Craven, à l'instar de John Carpenter, produit ou vend les droits de ses films les plus celèbres. C'est ainsi que sortent les deux volets de la Colline a des Yeux en 2006 et 2007 (réalisé par le frenchie Alexandre Aja et Martin Weisz) avant de retrouver prochainement les nouvelles versions de La Dernière Maison sur la Gauche et des Griffes de la nuit.

Red-Eye

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