Voir la fiche complète du film : Heartless (Philip Ridley - 2009)
[[

Heartless

Un soir, Jamie assiste, impuissant, à la mise à mort d'un homme et de sa fille, brûlés vifs. Film intimiste associant avec un talent indéniable divers thèmes, <b>Heartless</b> est une oeuvre assez marquante.
Publié le 12 Juillet 2011 par GORE MANIACVoir la fiche de Heartless
8
Diable et Démon
**Attention, cette critique contient des spoilers.**

Depuis la mort de son père, Jamie Morgan vit seul avec sa mère dans un modeste appartement situé dans les quartiers pauvres de Londres.

Solitaire et réservé, à cause d'une tache de naissance en forme de coeur parcourant une grande partie de son visage, il fréquente peu de gens, hormis sa famille. Passionné de photographie, il sillonne les rues la nuit, en quête d'images sortant de l'ordinaire.
Un soir, il assiste, impuissant, à la mise à mort d'un homme et de sa fille, brûlés vifs. Le gang d'assassins, qui porte d'étranges masques de démons, saisissants de réalisme, remarque Jamie, qui réussit à fuir. Mais il ignore qu'il a été suivi.

Suite au meurtre de sa mère et de son meilleur ami, Jamie, ivre de colère, est prêt à tout pour se venger des mystérieux meurtriers. Il reçoit alors un étrange appel sur son portable, lui proposant une rencontre qui va bouleverser son existence.

Troisième long-métrage de Philip Ridley (Darkly Noon), Heartless peut être vu comme une énième variation sur le mythe de Faust, et ses multiples conséquences.
Ce film évoque avant tout la violence urbaine, omniprésente dans notre société. Ridley dépeint un Londres pauvre et sauvage, qu'il filme surtout de nuit, réaliste et sordide, avec sa population interlope, composée d'anonymes isolés et craintifs, tel Abel Ferrara avec New York (Driller Killer).

Jim Sturgess restitue à merveille cette solitude maladive et sans issue, surtout durant la première heure du film.
Cousin britannique d'un Donnie Darko, Jamie joue les Peeping Tom nocturne. La photographie, son unique passe-temps, en est la meilleure illustration : il observe plus qu'il n'agit. Il finira par subir avant de se révolter, avec l'aide d'un duo antinomique qui fera passer ce métrage du drame urbain au fantastique.

Dès la rencontre entre Jamie et Papa B, Heartless dévie en effet vers le surnaturel. On comprend bien vite que cet étrange personnage est le Diable.
L'aspect incongru de ses acolytes (la petite hindoue Belle, qui se prendra d'affection pour le héros, le maître d'armes, et sa maléfique baguette de sourcier) apporte une originalité qui ne fait que rendre encore plus prenant un suspense savamment distillé par un cinéaste qui soigne admirablement sa photographie (cf le jeu de couleurs de la scène dans l'immeuble Cendrillon House) et qui a parfaitement choisi ses comédiens, tous excellents.
En échange d'une beauté sans taches, notre héros devra offrir une vie à Papa B, afin de faire perdurer le chaos et la confusion.

Sarcastique, la scène du meurtre dévoile également la dualité de l'être humain dans toute sa splendeur : la beauté du corps du héros masquant désormais une âme sombre et torturée.
La morale du film est donc que l'on ne peut pas tout avoir, et que l'Homme est foncièrement mauvais, ses instincts primitifs pouvant ressortir à chaque instant. Les lueurs d'espoir du héros (l'amour de ses parents et de Belle), sont en effet de bien minces consolations vis-à-vis du climat ambiant (gangs de rues dans lequel est embringué son neveu, mensonges de la part de la femme qu'il aime et de Papa B, qui ne lui a finalement pas effacé ses marques, moqueries et persécutions qu'il subit chaque jour).

L'épilogue nous conforte dans cette opinion pessimiste, même si l'on peut aussi se dire qu'il s'agit là de l'unique porte de Salut pour un être rejeté pour sa différence, dans un monde qu'il ne comprend pas et qu'il avait déjà souhaité quitter (cf les marques sur son poignet).
On regrettera quelque peu un final assez brouillon, entassant pêle-mêle trop de rebondissements, finissant par faire patauger le spectateur dans un fatras allant à l'encontre du reste du métrage, autant lisible que troublant.

Film intimiste associant avec un talent indéniable divers thèmes, Heartless est une oeuvre assez marquante, preuve de la bonne santé du cinéma fantastique britannique.
On suivra avec attention les prochains projets de son réalisateur, jusqu'ici assez rare au cinéma (trois films en vingt ans).

A propos de l'auteur : GORE MANIAC
Portrait de GORE MANIAC

J'essaie de partager ma passion pour un cinéma méconnu, mais qui mérite incontestablement qu'on s'y arrête !

Autres critiques

Confession d&#039;un Cannibale
Inspiré de l’histoire vraie d’Armin Meiwes, Grimm love s’attache à décrire avec précision et objectivité ce fait divers incroyable et abominable qui a défrayé la chronique au-delà des frontières allemande en 2001. Petit rappel des faits : Armin, informaticien perturbé par la mort de sa mère, se réfugie sur le net. Là, il y découvre un forum de cannibalisme où il poste une...
L&#039;enfer des zombies
À plus d’un égard, L’enfer des zombies occupe une importance particulière dans le genre horrifique et le cinéma transalpin. Surfant sur la vague initiée par les films de Romero, le présent métrage est également considéré comme le premier film d’horreur de Lucio Fulci. Déjà versé dans le giallo et le thriller sulfureux, comme l’attestent Le venin de la peur et L’...
Puppet Master
Les poupées, au même titre que les requins, les serpents, les fantômes et les psychopathes, font partie du folklore et du paysage cinématographique d'horreur. Sont-elles l'objet d'un fantasme inavoué ? Je ne saurai répondre à cette question. Cependant, elle représente un danger potentiel, car malgré leur faiblesse, elles sont petites et peuvent en silence se faufiler partout. On se...
L&#039;Incroyable Hulk (série)
Souhaitant découvrir à tout prix le facteur déclencheur d'une force surhumaine permettant des sauvetages incroyables dans certaines situations de danger extrême, le Docteur David Banner (Bill Bixby) expérimente sur lui une solution qui le transforme en monstre doté d'une force monumentale. Pour la génération née au début des années 70, la série l'Incroyable Hulk a bouleversé le...
Histeria
Attention cette critique peut contenir des spoilers Depuis 1998 et The Ring , les films de fantômes asiatiques ont déferlé comme un tsunami sur nos écrans. C'est ainsi que les filles aux longs cheveux, Gamins blancs (ou bleus c'est selon) et une foule d'esprits nés du folklore local ont fait frissonner des millions de spectateurs. Il faut croire que le public asiatique ne lasse pas de ces...
Heartless
Réalisateur:
Durée:
114 min
8.125
Moyenne : 8.1 (8 votes)

UK HEARTLESS TRAILER (HD) starring Jim Sturgess

Thématiques