La Tour du Diable : La Critique Insulaire - Critique
C'est parfois mal joué, maladroit, un peu trop bavard et avec des décors qui sentent bon le carton-pâte, mais c’est aussi ce qui fait le charme de ce film sympathique à redécouvrir.
Au croisement de Fog et La Baie sanglante, La Tour du Diable (Tower of Evil en VO) se pose en série B britannique oubliée, mais savoureuse, sortie en 1972 sous la houlette de Jim O’Connolly. Le monsieur, après avoir collaboré avec Ray Harryhausen sur La Vallée de Gwangi, opère ici un virage à 180° pour plonger tête la première dans le slasher à tendance sexploitation, mâtiné d’un soupçon d’archéologie mystico-fantastique.

Tout commence sur Snape Island, îlot rocheux et brumeux où un massacre a eu lieu. Les autorités retrouvent une survivante, nue, catatonique, et couverte de sang (ça pose l’ambiance directement, ne nous le cachons pas). S'ensuivent des séances d’hypnose à base de stroboscopes psychédéliques pour tenter de reconstituer les faits. Pendant ce temps, une équipe de scientifiques et d’experts (tous très sexy et en chaleur, cela va de soi) revient sur l’île pour enquêter...

Entre le trésor phénicien, les armes antiques, les légendes locales et les créatures tapies dans l’ombre, La Tour du Diable mélange allègrement les genres puisqu’on passe de l’enquête paranormale au récit gothique, en effectuant un détour par le survival insulaire, le tout saupoudré d’un soupçon de giallo italien façon L’Étrusque tue encore. Et tout ça avec un budget modeste, une ambiance kitsch à souhait, ainsi qu’une belle maîtrise du rythme. Parce que c’est un bon point à signaler, on ne s’ennuie pas devant La Tour du Diable.
Comme tout bon prototype de slasher, le film déroule ses scènes de meurtre avec méthode : jeunes gens libérés = punition sanglante. L’ambiance 70's est un personnage à lui seul puisque nous avons là un festival de minijupes orange, de pantalons verts pomme, de torses nus huilés et de jeans moulants.
À ce titre, la distribution offre une galerie de figures aussi réjouissantes que maladroites, de la final girl mutique au détective désabusé en passant par les archéologues un peu trop propres sur eux pour être crédibles.

Le film n’hésite pas à exhiber ses corps - féminins comme masculins - dans une approche de sexploitation hypocritement morale, mais gentiment coquine. La censure de l’époque a sans doute freiné certaines ardeurs, mais les meurtres restent suffisamment graphiques pour satisfaire les amateurs d’horreur vintage.
Ainsi, on pardonnera volontiers les effets spéciaux bricolés et les maquettes visibles, tant le film compense par son ambiance nocturne et brumeuse. La photographie de Desmond Dickinson (lequel officia notamment sur Crimes au musée des horreurs) donne à l’ensemble une identité visuelle affirmée. Signalons également un montage plutôt habile et quelques séquences à la limite de l’expérimental, à l’image de cette scène de meurtres ponctuée d’une succession ininterrompue de cris.
Et cerise sur le gâteau, le doublage français se montre amusant avec certains accents anglais qui feraient passer Michel Leeb pour le plus fin des imitateurs.

Bref, s’il ne révolutionna pas le genre, La Tour du Diable se place pourtant en jalon discret au sein de l’évolution du film d’horreur. Bien avant Halloween, Vendredi 13 ou même Black Christmas qui ne sortira que deux ans plus tard, Jim O’Connolly expérimente des éléments que l’on retrouvera dans toute la génération slasher, à savoir l’endroit coupé du monde, les jeunes en rut, la créature vengeresse, le flashback révélateur, et bien sûr, la survivante marquée par le traumatisme.

Alors oui, tout cela est parfois mal joué, maladroit, un peu trop bavard et avec des décors qui sentent bon le carton-pâte, mais c’est aussi ce qui fait le charme de ce film sympathique à redécouvrir. Avec un bon verre, quelques chips, et un peu d’indulgence, La Tour du Diable se savoure comme un petit vin vieilli en fût de brume. Pour ma part, j’ai passé un bon moment.

Comme à son habitude avec sa collection Angoisse, Rimini Editions nous propose une très belle redécouverte de La Tour du Diable présentée dans un boîtier Digipack 3 volets avec étui. Le film bénéficie d’un master HD qui magnifie la photographie brumeuse et les éclairages de Desmond Dickinson, tandis que du côté des bonus, cette édition comprend l’inévitable livret de 24 pages signé Marc Toullec, qui revient avec passion sur les coulisses de cette production hybride.
On notera également la présence d’un bonus vidéo exclusif, à savoir « Derrière la brume », une présentation du film par Eric Peretti (25 min), qui resitue La Tour du Diable dans son époque, ses influences, et son héritage cinématographique parfois insoupçonné.





























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