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Paranoïaque - Critique

Alors qu'elle assiste à une messe en l'honneur de ses parents et de son frère disparus, Eleanor Ashby pense reconnaître son défunt frère dans l'église. Paranoïaque fait partie de ces petites perles noires oubliées qu'il est de bon ton de reconsidérer à sa juste valeur, à mi-chemin entre les Diaboliques de Clouzot et les Innocents de Clayton.

Publié le 19 Décembre 2017 par GORE MANIAC
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Attention, cette critique contient quelques spoilers.

Alors qu'elle assiste à une messe en l'honneur de ses parents et de son frère disparus il y a près de dix ans, Eleanor Ashby pense reconnaître son défunt frère dans l'église. Sa tante et son frère, persuadés qu'elle perd la raison, ne la croient pas.

Faisant partie des meilleurs scénaristes de la Hammer, Jimmy Sangster s'oriente vers le thriller dès le début des années 60. Une aubaine pour la firme britannique, toujours ouverte à de nouveaux challenges. Après Hurler de Peur (1961), il puise son inspiration dans une nouvelle de Josephine Tey pour Paranoïaque. Chef opérateur virtuose récompensé par deux oscars, Freddie Francis n'en est qu'au début d'une belle carrière de réalisateur lorsqu'il est retenu pour ce film. Sa collaboration avec Sangster, qui s'étendra sur plusieurs thrillers, constituera l'un des points d'orgue de sa cinématographie.

Initialement prévu pour un tournage en couleurs, Paranoïaque a été magistralement sauvé de cette lubie par le tandem Sangster-Francis, bien décidé à conserver l'étiquette glauque et froide du film noir. Confiée à l'excellent Arthur Grant, qui oeuvra régulièrement pour la Hammer (les Vierges de Satan, l'Invasion des Morts-Vivants), la photographie constitue l'un des points forts du film. Très soignée, jouant sur des jeux de lumière mettant en avant la noirceur des protagonistes et sur les zones d'ombre d'un scénario bien agencé, elle joue un rôle capital en nous immergeant pleinement dans ce délicieux casse-tête.

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Pour l'une de ses premières réalisations, Francis installe un climat délétère qui ne va cesser de se déliter, à l'image d'un Oliver Reed qui écrase l'ensemble du casting de sa présence animale et magnétique. Au départ simple bourgeois cynique et alcoolique, il sombre petit à petit dans une spectaculaire folie furieuse. Dans un rôle sur-mesure (le comédien était réputé pour ses nombreuses frasques), Reed signe sans aucun doute sa meilleure prestation pour les studios Hammer, égalant des Brando et autres Kinski dans un final de haute volée.

Bande-Annonce

Face à un aussi infernal talent, il semble difficile d'exister pour les autres comédiens, du très effacé Alexander Davion (Tony) à la jolie Janette Scott (Eleanor), même si Sheila Burrell cultive l'ambiguïté dans le rôle de la tante Harriet. Sa relation avec son neveu névrosé s'avère aussi troublante que celle entre Eleanor et Tony. Pensant retrouver son frère, qu'elle croyait mort huit ans plus tôt, elle finira par sombrer dans l'inceste après avoir flirté avec le suicide. Ces multiples tensions et liens sordides au sein de cette famille, rarement évoqués au cinéma, constituent l'un des points d'orgue d'un scénario macabre à souhait.

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Après des doutes vite levés sur l'identité de Tony, on s'intéressera au sort subi par l'adolescent en question. Sombrant dans un climat quasi gothique qu'aurait apprécié Edgar Poe, Paranoïaque s'achève dans un incendie salvateur, souvent utilisé dans les productions Hammer pour en finir avec le monstre du film. Un monstre à visage humain, ici, pourtant tout aussi effrayant que les vampires et autres créatures démoniaques illustrant souvent les célèbres studios britanniques.

Distribué en Blu-Ray par l'éditeur Elephant Films depuis près d'un mois, avec une dizaine d'autres productions Hammer (dont l'excellent Meurtre par Procuration, également composé par le duo Francis-Sangster), Paranoïaque fait partie de ces petites perles noires oubliées qu'il est de bon ton de reconsidérer à sa juste valeur, à mi-chemin entre Les Diaboliques de Clouzot et Les Innocents de Clayton.

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A propos de l'auteur : GORE MANIAC

J'essaie de partager ma passion pour un cinéma méconnu, mais qui mérite incontestablement qu'on s'y arrête !

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