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Silent Night, Bloody Night - Critique

Suite à la mort de son propriétaire, brûlé vif, en 1950, un manoir est conservé en l'état durant vingt ans. En 1970, son petit-fils décide de le revendre. L'occasion est trop belle pour ne pas replonger avec délice dans cette période indécise du cinéma d'horreur US.

Publié le 7 Décembre 2017 par GORE MANIAC
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Hôpital

Attention, cette critique contient des spoilers.

Suite à la mort de son propriétaire, brûlé vif, en 1950, un manoir est conservé en l'état durant vingt ans. En 1970, son petit-fils, en manque de liquidité, décide de le revendre à la mairie de la bourgade, qui souhaite détruire cette maison, considérée comme maudite.

Après la Nuit des Morts-Vivants, le cinéma d'horreur américain entame une mue spectaculaire, abandonnant les vieux monstres des années 30 (vampire, loup-garou, monstre de Frankenstein) au crédit de nouveaux cauchemars, plus sanglants et réalistes. Deux ans avant l'Exorciste, le cinéma indépendant est truffé de séries B au modeste budget tentant de sortir du lot. La plupart de ces métrages n'ont pas dépassé le stade des drive-in. Aujourd'hui, l'éditeur Bach Films nous permet de redécouvrir l'un d'eux.

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A la demande de son client, l'avocat John Carter (le distingué Patrick O'Neal) passe un week-end dans une paisible bourgade avec sa maîtresse (la ravissante Astrid Heeren) dans le but de finaliser la revente d'une imposante demeure à la mairie locale. Le couple adultère décide de passer la nuit dans cette propriété réputée hantée. Au même moment, le patient d'un asile environnant s'échappe.

Au centre du drame qui va ensanglanter cette longue nuit, une inquiétante demeure mise en valeur par l'oppressante bande originale. Le meurtre plutôt expéditif du couple est la première surprise d'un long-métrage qui ne manque pas de ressort. Débutant comme un slasher avant l'heure (certaines séquences filmées avec les yeux du tueur évoquant le futur Halloween de Carpenter), Death House (dont l'autre titre d'exploitation rappelle une chanson de Noël à succès) se rattache également au thriller, les meurtres n'étant pas très saignants, faute de budget sans doute. On se perd vite en conjectures, tant les pistes et les coupables potentiels se multiplient au fil des minutes.

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Le casting de qualité entretient ce doute, James Patterson, dans son dernier rôle, ayant une belle gueule de psychopathe. Face à lui, John Carradine campe un muet bien mystérieux. A mesure qu'on en apprend davantage sur les sinistres secrets du manoir, le jeu de massacre continue, mais de manière plutôt astucieuse, les meurtres ne dénaturant pas l'intrigue. Le réalisateur Theodore Gershuny, qui travaillera ensuite davantage pour la télévision, sait soigner ses effets, ménageant jusqu'au bout le suspense. La révélation sur le sort réservé à la mère du héros, avec une photographie sépia restituant assez bien les films expressionnistes muets européens, sort définitivement Silent Night, Bloody Night du lot, là où la majorité des séries B de l'époque se contentaient d'un scénario minimaliste et d'une réalisation académique.

Bien évidemment, ce film n'est pas exempt de défauts. Certaines séquences nocturnes dénoncent un manque de potentiel technique évident et le duel final aurait, certes, gagné en intensité s'il avait été plus long et soigné. Le cinéaste, en outre, n'a pas toujours suffisamment exploité le personnage de la maison. Comme dans la Maison du Diable, cette demeure avait tout pour devenir le centre névralgique de ce long-métrage, mais elle se transforme en simple décor à partir de la seconde moitié du film.

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La copie proposée dans son jus par l'éditeur Bach Films depuis quelques semaines n'est pas sans défauts. Toutefois, elle restitue sans doute davantage l'atmosphère poisseuse de ce type de film, à l'opposé des vidéos trop lisses qu'on nous impose désormais. Au prix modique de dix euros, l'occasion est trop belle pour ne pas replonger avec délice dans cette période indécise du cinéma d'horreur US.

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A propos de l'auteur : GORE MANIAC

J'essaie de partager ma passion pour un cinéma méconnu, mais qui mérite incontestablement qu'on s'y arrête !

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