Zombie Shark
Quand il s’agit de tourner des films de requins fauchés aux velléités purement mercantiles, les producteurs ne sont jamais avares en aberrations scénaristiques et biologiques. Entre des poissons mal fagotés ou un contexte ubuesque, la sharksploitation multiplie les exactions pour malmener les squales. De même, la récidive tient autant à la présentation de bestioles hybrides qu’à un massacre sorti de son lieu de prédilection. Avec un titre aussi explicite, Zombie Shark s’échine à amalgamer le survival animalier à une autre figure emblématique du cinéma d’horreur. Les morts-vivants et les requins font-ils bon ménage ?
L'instant selfie bronzette
S’il y a bien quelques cadavres défraîchis qui font une irruption tardive au cours de l’intrigue, le film de Misty Talley se lance dans un concept phagocyté à sa simple évocation. Si l’on a eu droit à peu près à toutes les dérives possibles et inimaginables en matière de squales, le requin mort-vivant constitue une petite première en son genre. Dès lors, la menace semble insurmontable, a fortiori lorsqu’on intègre une contamination interespèces. On l’aura donc aisément compris, le scénario est, une fois de plus, l’occasion de se confronter à une situation invraisemblable dont le seul prétexte est de flouer une bande de protagonistes aussi faméliques que stupides.
Dans un tel contexte cinématographique, il peut paraître louable de saluer le cadre de vie naturel des requins en question. À savoir, le bord de mer. Pour autant, on se heurte rapidement à un déroulement poussif qui multiplie les errances et les inconstances. De comportements improbables en moments embarrassants, ce séjour sur une île de villégiature tente apparemment de recenser les différentes manières de périr dans la gueule d’un poisson mort ; que l’on soit près de l’eau ou en train de barboter. En guise de massacres, les repas des requins sont vite expédiés, quitte parfois à sombrer dans un ridicule consommé.
Voilà ce qui arrive quand on essaye de devenir un triton !
Preuve en est avec cette séquence de gobage progressif sur la plage ou celui sur le ponton de l’embarcadère. Certains de ces passages sont tellement rapides que l’on ne s’embarrasse guère de l’identité de la victime. Mention spéciale aux plans sous-marins qui s’apparentent à une observation sous microscope ! Comme c’est devenu la norme depuis quelques années, la violence est sciemment mise en retrait. Et ce n’est pas de malheureuses gerbes de sang qui inversent la tendance. On peut également s’appesantir sur l’ineptie qui entremêle recherche scientifique, régénération des tissus cellulaires, et résurrection d’un être vivant. Les propos demeurent surfaits et échappent même à l’intelligibilité de la principale interlocutrice.
Il y a bien quelques allusions à Peur bleue ou Les Dents de la mer, notamment avec le surnom du requin (Bruce), mais ce sont surtout des clichés doublés d’absurdités en tout genre qui rendent le tout imbuvable. La progression est tellement chaotique qu’elle en oublie d’expliquer à minima le vecteur qui vient justifier la présence de zombies humains. De même, on ressasse une tempête dévastatrice qui n’arrivera jamais ; un peu comme le père des deux sœurs. Une nouvelle mention spéciale à l’accouchement d’une morte-vivante par le cadavre frais d’un requin-zombie, conférant un dénouement pathétique, en plus de proposer une itération à la nullité consommée.
Ça peut toujours être utile pour la pêche aux andouilles...
Au final, Zombie Shark est à l’image de son antagoniste putréfié : une erreur cinématographique et biologique proprement indigeste. Malgré sa légèreté emportée, il en émane une odeur de poisson avarié face à un scénario d’une profonde débilité. Non satisfait d’infliger des trucages fauchés et un cabotinage omniprésent, cette énième redite du requin-tueur (et tué, au préalable) enfonce le clou d’un métrage famélique en termes d’ambitions. Ce qui contraste avec l’ego démesuré de la production pour jouer la carte de la facilité et de la rentabilité à (très) court terme. Guère amusant, jamais menaçant, Zombie Shark s’avance comme un téléfilm pénible à tous les égards.
Un film de Misty Talley
Avec : Ross Britz, Becky Andrews, Carter Burch, Jason London