El Topo - Critique
Dans le désert, un cavalier vêtu de noir de la tête aux pieds, et un enfant nu s'arrêtent devant un poteau. L'enfant y enterre un portrait de sa mère et une poupée, et l'hétéroclite tandem remonte à cheval, en direction d'un village ensanglanté suite à la venue de bandits, que le justicier va rechercher.
En 1970, un western mexicain fait l'objet d'une étrange fascination de la part de nombreux cinéphiles amateurs de films de genre, par le biais de petites salles de cinéma spécialisées dans la diffusion d'oeuvres Bis, notamment aux Etats-Unis. Le film documentaire Midnight Movies (2005), revient en partie sur le succès d'El Topo et autres OVNI cinématographiques de l'époque. Près de quarante années après sa sortie, que reste t'il d'El Topo (la taupe en espagnol) ?

Il y a selon moi deux types de westerns : d'un côté les grands classiques américains signés John Ford ou Howard Hawks, avec souvent John Wayne en héros stoïque, sans peurs et sans défauts, le vrai cow-boy combattant bandits et indiens avec flegme et bravoure (Rio Bravo, Alamo). De l'autre les westerns spaghetti italiens, réalisés par Leone, montrant des héros moins propres mais plus séduisants car plus complexes à comprendre que leurs voisins américains, dont l'apogée reste Il Etait une Fois dans l'Ouest.
Seul Client Eastwood, américain de naissance mais rendu célèbre par sa collaboration avec Leone, trouvera le juste milieu entre ces deux aspects du western, par le biais d'un personnage haut en couleurs, le héros solitaire et invulnérable, récurrent dans toute sa filmographie (de L'Homme des Hautes Plaines à Impitoyable en passant par Pale Rider).

Revenons en donc à ce film mexicain obligatoirement différent de ces traditions mythiques. D'emblée, les images sanglantes du village (marre de sang, murs rouges, villageois pendus) impressionnent, de même que le duo étrange composé de ce justicier en noir et de l'enfant qui le suit comme son ombre. Les dialogues, minimalistes, renforcent cet aspect troublant. Le justicier, qui se présente comme Dieu (le Sauveur), ne mettra pas longtemps à retrouver ceux qui ont tué les villageois, et à les venger. Il abandonne alors son fils et s'enfuit dans le désert avec une femme qui lui doit la vie sauve, afin d'y dénicher les quatre meilleurs tireurs du pays, et de les battre en duel.
Dès lors, le scénario part en vrille, l'aspect impitoyable du héros prend du plomb dans l'aile à mesure que ses journées se composent de jeux érotiques avec la femme et de propos métaphysiques dénués d'intérêt avec ceux qu'il défie et tue dans des circonstances rocambolesques. La principale originalité de ce long atermoiement réside surtout dans l'allure des maîtres : le premier semble tout droit sorti du ventre de Krishna, un autre vit entouré de lapins tandis que le dernier se sert d'un filet à papillons pour arrêter les balles de son adversaire. Pendant ce temps, on comprend aisément que sa muse passe du bon temps dans les bras d'une lesbienne sadique aimant manier le fouet (au moins une scène qui ne passe pas inaperçue entre deux duels saugrenus). Cette même lesbienne achèvera El Topo dans une scène ridicule, Jodorowsky faisant de son héros un nouveau Christ (cf les blessures au pied et l'allure de son personnage principal), avant de fuir avec sa fiancée.

Le héros tué physiquement après avoir été lapidé mentalement par son expérience hors du commun dans le désert aurait constitué un fin intéressante, mais le film se prolonge, se dirigeant vers une résurrection du héros, entouré d'une horde de monstres (nains, handicapés) faisant d'El Topo son Sauveur. Mais le Sauveur fait pâle figure, perdant tout honneur dans des jeux absurdes dans une ville que Clint aurait nettoyé en quelques heures, immonde taudis formé d'être plus affreux moralement que les mutants qu'ils ont refoulé au fin fond d'une grotte, produits nés de relations incestueuses.
Certes, les critiques de Jodorowsky sur certaines dérives religieuses sont parfois sarcastiques (cf la scène de l'enfant tué par balle dans l'église, au nom d'un miracle divin, ternie par un montage chaotique), mais son anti-héros est trop destabilisant pour être sympathique, de sorte que l'on ne s'attache jamais vraiment à cet homme qui finira par se brûler vif après avoir vengé la mort de ses amis mutants, dans un épilogue trop bref pour être réjouissant.

Car le principal ennui avec ce film réside dans les détails (montage, musique, photographie), mais ce sont ces détails qui différencient les classiques du genre des énigmes tout juste bonnes à regarder une fois, par curiosité. Ce métrage, long et trop complexe dans sa démarche mystique ennuyeuse, ne laisse pas un souvenir impérissable. Les fans du cinéaste apprécieront encore davantage sa modernisation du chemin de croix du Christ dans La Montagne Sacrée (1973), espérant voir un jour une possible suite d'El Topo (en projet sous le nom de AbelCain).
Les vrais fans de westerns préféreront dénicher un perle rare du cinéma italien (Le Grand Silence, par exemple, série B jubilatoire avec Trintignant en justicier muet et Kinski en méchant écoeurant).
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