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Greenland - Le dernier refuge - Critique

S’appuyant sur un récit où le drame humain prévaut sur l’inéluctabilité de l’Apocalypse, Greenland est un film catastrophe qui n’en est pas vraiment un. Davantage orienté vers le drame, le film de Ric Roman Waugh se distingue par son approche réaliste et la qualité de sa caractérisation. Une incursion convaincante qui joue sur la fibre émotionnelle, autrement que par le truchement du patriotisme.

Publié le 21 Mars 2021 par Dante_1984
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Catastrophe naturelle

S’il est désormais admis que le film catastrophe s’est majoritairement cantonné à des productions de seconde zone, certaines incursions nous rappellent que le genre peut aussi éclairer les salles obscures. Pour peu que l’on y mette les moyens, l’aspect spectaculaire d’un tel exercice cinématographique procure des divertissements d’un bel acabit ; ce que l’on nomme communément un plaisir coupable. C’est notamment le cas de 2012, Le Jour d’après ou, plus récemment de San Andreas et Geostorm. Ce dernier métrage avait d’ailleurs pour tête d’affiche Gerard Butler qui semble réitérer sa prestation grandiloquente pour sauver la planète.

 

Seulement, le ton donné de Greenland met rapidement un terme à toute comparaison avec le film de Dean Devlin. Pour offrir un parallèle pertinent, Geostorm évoquait l’exubérance d’Armageddon avec un florilège de péripéties, d’effets spéciaux et d’héroïsme en tout genre. Il en ressortait un divertissement percutant qui répondait aux standards des blockbusters américains. Greenland peut être considéré comme son antithèse. Il se rapproche du traitement timoré de Deep Impact. Le film de Ric Roman Waugh prône un réalisme de circonstances en développant la dramaturgie de son contexte. À savoir : l’inéluctabilité de la fin du monde.

En l’occurrence, on ne se retrouve pas dans une situation où une équipe d’experts tente de remédier au « problème ». On écarte également la trame politique qui vise à maintenir les masses dans l’ignorance le plus longtemps possible. L’intrigue s’avance sous prisme d’une famille issue de la classe moyenne américaine ; si tant est que ce terme ait encore un sens. Toujours est-il que l’on s’affranchit d’un esprit patriotique et d’un sentiment d’appartenance nationaliste pour se focaliser sur le drame humain, les dilemmes et les épreuves qui en découlent. Preuve en est avec ce départ du domicile ou les ingérences administratives qui pèsent sur des critères de sélection obscurs.

 

De fait, la trame prend une tonalité presque intimiste. La caméra, comme la narration, se concentre sur le parcours presque désespéré des protagonistes. Certes, les éléments scénaristiques n’ont rien de foncièrement novateur à offrir, mais ils demeurent maîtrisés et bien amenés pour suggérer la tension, l’appréhension ou toute autre émotion chez le public. Les confrontations ne sont pas forcément celles attendues, mais elles mettent en avant la veulerie de notre espèce et l’incohérence des comportements qui découlent de la panique. Une quête de survie vaine et nihiliste qui révèle autant l’altruisme que les pires penchants de l’homme.

En ce qui concerne le côté spectaculaire du genre, on restera néanmoins sur sa faim. Les effets spéciaux sont irréprochables, notamment ce qui a trait à la pyrotechnie. Cela vaut aussi pour les panoramas larges qui présagent du pire, ainsi que de la destruction de l’environnement et de lieux emblématiques. Cependant, la menace initiale survient essentiellement dans la dernière demi-heure, eu égard aux multiples dangers que traversent les protagonistes. Finalement, ce qui est la cause de l’effondrement de la civilisation se traduit à travers la résultante du chaos. Il en émane un parfum apocalyptique délétère et particulièrement anxiogène tant le réalisateur fait preuve de modération dans l’expression de la catastrophe.

 

En partant d’un postulat conventionnel et maintes fois exploité, Greenland crée la surprise en abordant son sujet sous l’angle du drame. Le scénario a beau être attendu dans l’enchaînement des péripéties, il s’écarte de l’aspect élitiste d’autres productions pour privilégier une histoire à échelle humaine. La multiplication des points de vue reste minimale et facilite l’identification aux protagonistes dont les préoccupations sont plus terre à terre qu’un nouveau mandat présidentiel ou la perspective d’un prix Nobel. Dans un rôle à contre-emploi, Gerard Butler délaisse sa figure de héros américain au profit de celle d’un père de famille. Une incursion étonnante qui, malgré un côté spectaculaire en retrait, s’avance comme une réussite.

Portrait de Dante_1984

A propos de l'auteur : Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

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