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Brisby et le Secret de NIMH - Critique

Brisby et le secret de NIMH est devenu un classique intemporel, un film qui continue de résonner auprès des spectateurs, jeunes et moins jeunes, grâce à ses thèmes profonds et sa magie visuelle.

Publié le 16 Octobre 2024 par Geoffrey
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Avec Brisby et le secret de NIMH, Don Bluth se démarquait des productions Disney des années 80, rompant avec son ancien employeur pour devenir un véritable concurrent dans le monde de l'animation. Ce film marquait une révolution dans ce secteur dominé par la firme aux grandes oreilles, même si son succès commercial aux États-Unis ne fut pas à la hauteur des attentes, un drame terriblement injuste au regard de ses immenses qualités.

Madame Brisby, une souris veuve, doit tout faire pour protéger sa famille de la destruction imminente de leur maison par la charrue d'un fermier. Aidée par un corbeau maladroit, une voisine souris et un hibou craintif, elle se retrouve face à des défis immenses : un rat mystérieux, un chat féroce et une amulette magique...

À l'époque, l'animation américaine était quasi exclusivement associée à Disney. Mais au début des années 80, le studio connaissait des difficultés avec des échecs comme Taram et le Chaudron Magique ou Basil, détective privé. C'est dans ce contexte que Don Bluth, ayant quitté Disney, sort en 1982 son premier long-métrage : Brisby et le secret de NIMH. Bien que son accueil aux États-Unis ait été plus que timide, le film a su s'imposer comme un honnête succès international, posant les bases pour une nouvelle ère de l'animation indépendante.

Bluth, bien avant l'arrivée de DreamWorks, se profilait comme un pionnier dans le domaine, avec d'autres œuvres notables comme Fievel et le Nouveau Monde en 1986 (produit par Spielberg) et Anastasia en 1997. Malgré cela, son dernier film, Titan AE, un flop monumental, le poussera à prendre sa retraite en 2000, signant ainsi la fin de son aventure dans l'animation.

Quarante ans après sa sortie, Brisby et le secret de NIMH impressionne toujours par sa qualité visuelle. Ses personnages sombres évoluent dans des décors énigmatiques, dans une atmosphère qui rappelle les productions Disney de l'époque, comme Les Aventures de Bernard et Bianca. Le film dépeint la quête désespérée d’une mère pour sauver son enfant malade, transformant un environnement champêtre en un lieu de danger et de magie. Il est imprégné de l’esprit d’une époque où la fantasy régnait, aux côtés d’œuvres comme Dark Crystal.

Bien que Brisby baigne dans la magie et la féerie, son message principal est ancré dans des thèmes sociaux profonds. Le film traite du déracinement et de l'exil, avec des échos à des œuvres littéraires comme celles de Steinbeck. À travers le combat de Madame Brisby pour éviter que sa famille ne soit expulsée, le film évoque des problématiques plus larges, telles que la crise du logement et le manque de sécurité sociale, des sujets qui trouvent encore une résonance aujourd'hui.

Avec Brisby, Don Bluth livre l'une de ses œuvres les plus marquantes, aux côtés de l’incontournable Fievel. Contrairement à beaucoup de films d'animation, il n'hésite pas à montrer des blessures et des morts, tout en abordant des thématiques adultes comme la parentalité, la justice sociale et l'écologie. Les magnifiques décors champêtres et la poésie visuelle du film sont d'une rare beauté, rarement égalée en dehors du cinéma d’animation japonais.

À noter que la version originale bénéficie des performances vocales d’acteurs talentueux comme Derek Jacobi (le chef des rats), Dom Deluise (le corbeau) et John Carradine (le grand hibou), ainsi que la jeune Shannen Doherty dans le rôle de Teresa Brisby, l’une des petites souris. Elle n’avait que 11 ans lors du doublage, et nous a malheureusement quitté récemment.

Malgré ses qualités, Brisby et le secret de NIMH fut un échec commercial aux États-Unis lors de sa sortie en 1982, n’atteignant que 14 millions de dollars de recettes. Le film se classa en 68e position cette année-là, éclipsé par des productions comme Amityville II et Grease 2. Cependant, il connut une nouvelle vie grâce à la vidéocassette, devenant un classique culte auprès d'une génération de jeunes spectateurs.

En France, sa sortie, bien que concurrentielle face à Les Aristochats et d’autres films, lui permit de toucher 1,2 million de spectateurs, un score modeste mais honorable.

Brisby et le secret de NIMH est devenu un classique intemporel, un film qui continue de résonner auprès des spectateurs, jeunes et moins jeunes, grâce à ses thèmes profonds et sa magie visuelle. En revisitant ce chef-d'œuvre, on découvre des couches de sens qui parlent à l’adulte tout autant qu'à l’enfant que nous avons été.

 

Le Blu-ray

Rimini Editions continue de mettre en avant les films de Don Bluth avec une nouvelle édition de Brisby et le secret de NIMH, quatorze ans après une première version Blu-ray assez discrète. Ce coffret s’intègre parfaitement dans la collection dédiée à Bluth, avec un packaging similaire aux précédents titres tels que Charlie mon héros ou Rock-O-Rico. Il contient à la fois un DVD et un Blu-ray, ainsi que cinq cartes postales. Si les photos du digipack ne sont pas les plus flatteuses, le choix de l’affiche cinéma pour la jaquette, avec le visuel de Jouineau Bourduge, est un bel hommage à l’illustration originale.

La nouvelle restauration en haute définition est impressionnante. La netteté et la précision de l’image sont remarquables, et la réévaluation des couleurs, généreuse sans jamais être excessive, apporte un véritable souffle de fraîcheur à cette œuvre visuellement sublime. Une restauration tout simplement magique.

 

Portrait de Geoffrey

A propos de l'auteur : Geoffrey

Comme d'autres (notamment Max et Dante_1984), je venais régulièrement sur Horreur.net en tant que lecteur, et après avoir envoyé quelques critiques à Laurent, le webmaster, j'ai pu intégrer le staff début 2006. Depuis, mes fonctions ont peu à peu pris de l'ampleur.

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