Empire of the Sharks
Avec Planet of the Sharks, Mark Atkins transposait le film de requins dans un contexte post-apocalyptique façon Waterworld. Sur fond de cataclysme écologique, il en ressortait une incursion étonnante (dans le mauvais sens du terme) tant l’ensemble s’avérait médiocre et vide d’intérêt. La faute à un manque d’enjeux bien définis et à une progression en roue libre, elle-même servie par un enrobage esthétique des plus inquiétants. Cependant, un concept porteur d’idioties interpelle toujours Asylum et SyFy pour surexploiter un filon malingre. Il n’y a qu’à voir l’hexalogie Sharknado ou la tétralogie Headed Shark Attack pour s’en convaincre.
Prêt pour le grand plongeon ?
Aussi, Empire of the Sharks peut être considéré comme une vraie-fausse suite du précédent métrage, à tout le moins son fils spirituel indigne. D’ailleurs, on retrouve Mark Atkins derrière la caméra et, en guise de caméo parfaitement inutile, Brandon Auret dans la peau du capitaine Barrick. Mais c’est surtout la montée des océans et ses grappes de bidonvilles flottants qui appuient le lien entre les deux films. Pourtant, il n’est nul besoin d’avoir vu Planet of the Sharks pour se confronter à cette nouvelle incartade saugrenue. Bien que l’on sent une volonté évidente d’étayer les bases d’un univers à part entière, il manque une cohérence générale pour crédibiliser cette seule et unique ambition «sérieuse».
On notera que le film délaisse quelque peu le courant post-apocalyptique de la science-fiction pour se focaliser vers un genre hybride assez peu usité en de telles circonstances: la science-fantasy. D’un métrage à l’autre, cette évolution reste valable. Toutefois, elle se pare de l’incompétence du scénariste et metteur en scène qui, reconnaissons-le, est bien incapable de dépeindre une histoire sans l’affubler de clichés plus imposants que la gueule des squales en question. Un groupe de mercenaires, personnages transparents et mal dégrossis, se réunit pour combattre un tyran réfugié derrière les remparts brinquebalants de sa forteresse.
Drôle de manière d'utiliser des bouées...
Certes, la présence d’un antagoniste humain contraste avec Planet of the Sharks. Néanmoins, cet ajout, cruellement absent jusqu’alors, ne se fait pas sans heurts. En effet, les requins deviennent des armes téléguidées et ne sont plus un danger naturel. Leur rôle de figurants pixellisés s’en retrouve réduit au strict minimum pour tenter de dynamiser un récit qui manque de rythme et de sens sur la longueur. Car les caricatures de circonstances n’empêchent en rien de s’empêtrer dans des imbroglios scénaristiques. Peu importe les motivations initiales, le comportement des protagonistes, leurs intentions ou même le contexte! Quid des efforts du capitaine Barrick dans le précédent film?
De plus, on n’échappe pas à l’intégration d’éléments «magiques» par le biais de pouvoirs télépathiques avec les requins. Le procédé est risible et se confond en explications à la fois simplistes et improbables. Répercussion encore plus ridicule, cet aspect souhaite étayer une mythologie autour de la relation entre squale et humain, comme si les deux espèces étaient inextricablement liées depuis le cataclysme! Sauf que l’inconséquence de la société relègue l’homme à un rang inférieur dans la chaîne alimentaire. Bref, dans des conditions toujours aussi peu réjouissantes, les attaques se font plutôt rares et se cantonnent à quelques ombres lancinantes sous la surface ou à des sauts de cabris absolument impayables.
Ce requin-gobelin, c'est de la bombe !
Au final, Empire of the Sharks essaye de jouer la carte de la continuité par rapport à son prédécesseur. Une initiative un peu moins farfelue que les sempiternelles bévues d’Asylum. Néanmoins, l’incapacité à fournir un métrage à minima correct, à tout le moins médiocre, se rappelle immédiatement à notre bon souvenir. Les requins sont désormais des armes téléguidées (presque) à l’aveugle, tandis que la brochette de seconds couteaux tente de former une communauté mal fagotée et crétine face à l’oppresseur, lui-même victime de la méchanceté des hommes. C’en est tellement pathétique qu’on en oublie toute velléité de s’ériger contre le pouvoir, même illégitime, pour se cantonner à des séquences longues, pénibles et décousues. De quoi apporter une curiosité stylistique à la sharksploitation avec son côté science-fantasy, mais rien de plus.