First Squad : Le moment de vérité
1942, l'Europe est plongée dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale. Les nazis gagnent du terrain sur le front russe. C'est dans ce contexte que la jeune Nadya, douée de dons de voyance, doit empêcher des guerriers déchus de rejoindre le monde des vivants…
La Seconde Guerre mondiale a toujours été une manne providentielle pour toute sorte de médias. Littérature, cinéma, jeux vidéo... Cette page capitale du XXe siècle a fait l'objet d'innombrables analyses et autres témoignages avec un seul objectif : ne pas oublier. Aussi, ce récit n'aurait rien de surprenant si l'on excepte le côté fantastique. L'intérêt que les nazis portaient à l'ésotérisme et à l'occulte est assez mal connu, du moins cet aspect est assez peu évoqué dans les livres d'histoires, voire tourné en dérision. Aborder ce thème dans un anime s'avère pour le moins inattendu.
Pourquoi cet air de déterré ?
Rien que pour cela, First squad mérite le détour. Toutefois, il ne s'agira pas du seul atout que l'on dénotera, loin s'en faut. De prime abord, l'on se dit que la faible durée du métrage (59 minutes) sera un frein à son bon développement. Difficile d'exposer une histoire sur un aussi court laps de temps ; a fortiori, lorsque le potentiel pour le décliner en un long-métrage, voire en une série télévisée (il y a vraiment matière), est au rendez-vous. On se sent happé par le récit dès les premiers instants et l'on appréhende de voir défiler le générique de fin tellement l'ambiance est présente.
Dès lors, on pourrait comparer First squad à Blood - The last vampire. Pas dans son histoire, mais l'impact qu'il exerce sur le spectateur. Un anime violent mené tambour battant sur une toute petite heure sans longueur. Outre le rapprochement entre Saya et Nadya, leur caractère assez sombre et taciturne, l'arme qu'elles utilisent (le katana), on dénotera un ton volontairement adulte et brutal dans le déroulement de l'intrigue. On prend à peine le temps d'ébaucher le passé de Nadya sans y apporter toutes les réponses ou de décliner des personnages secondaires sans se soucier de leur devenir.
On va trancher dans le vif du sujet.
En effet, certains aspects demeurent en suspens. Outre des souvenirs nébuleux concernant les parents de Nadya, on se demande ce qu'il adviendra de la première escouade, exécutée, de retour dans le monde des vivants, puis... mystère. Retournent-ils dans l'au-delà ? Quelle influence possèdent-ils sur leur environnement ? De simples fantômes ou sont-ils capables d'interagir sur les objets ? Autant de questions qui resteront sans réponse. Faute de temps oblige, le développement des personnages n'est pas la principale préoccupation des scénaristes. Le travail de fond est effectué à minima et surtout concentré sur Nadya. Les autres protagonistes sont lésés et ne s'avèrent que de pâles figures sans grande originalité, même si on peut les trouver à certains égards attachants.
Pour ce qui est du traitement ésotérique. On sent une véritable recherche amorcée pour donner un aspect authentique à l'ensemble. L'Ahnenerbe et ses implications mystérieuses sont clairement définis. Occultisme, magie noire, hypnose... Autant de sujets parapsychologiques ou paranormaux qui seront évoqués mais qui, là encore, auraient gagné à faire l'objet d'un développement isolé et poussé. On conviendra qu'un moyen-métrage d'une heure n'en est pas capable (d'où l'envie d'en découvrir plus via des épisodes ou des OAV supplémentaires). À cela, on ajoute un au-delà aux teintes violacées et éthérées où errent esprits et démons dans ce qui s'apparente à l'enfer.
Petit ours abandonné cherche famille d'accueil...
La richesse visuelle est au rendez-vous. Cet au-delà où se côtoient des guerriers de tous âges (samurais, soldats de la guerre de Sécession ou des conflits mondiaux et même des templiers) et les plaines désolées se succèdent à un château médiéval ou un parc d'attractions, mais également les champs de bataille dans la toundra russe ou Moscou. Le cadre forme un ensemble cohérent en dépit de son éclectisme. La qualité de l'animation est bel et bien présente. Le travail exposé laisse admiratif. On ne criera pas au génie, mais le rendu se révèle propre et fluide. À noter que les images de synthèse (essentiellement utilisé pour les véhicules) se fondent parfaitement dans l'animation en 2D grâce à des fondus enchaînés du plus bel effet. Un point assez rare qui mérite d'être souligné.
Bref, le principal défaut de First squad est sa courte durée. Une heure pour amorcée un univers qui s'accapare une période historique tout en apportant une touche d'originalité et d'authenticité (le cadre si l'on excepte l'au-delà), voilà un tour de force que First squad arrive partiellement à surmonter. À la fois dense et immersive, l'impression d'avoir effleuré les prémices d'un récit plus complexe est permanente. Il demeure tout de même une heure rondement menée servie par une atmosphère réussie et une animation de très bon aloi. En espérant une suite...
À noter que le Blu-ray (contrairement au DVD) ne dispose pas d'une piste japonaise. En contrepartie, la langue russe se révèle une excellente alternative pour plonger au coeur de l’action.