Hannibal
La suite tant attendue du Silence des Agneaux débarque enfin sur nos écrans. Hannibal bénéficie d'une sortie mondiale pour éviter les fuites sur l'intrigue et le contenu de certaines scènes qu' Internet risque de propager avant que le public n'ait vu le film. Louable intention de la part des producteurs.
10 ans après la première confrontation entre Clarice Sterling (alors interprétée par Jodie Foster) et Hannibal Lecter, l'histoire de cette suite nous raconte comment Hannibal coule des jours tranquille à Florence où son amour des beaux-arts l'emmène à faire des cours sur l'art florentin de la Renaissance. Pendant ce temps, un homme prépare sa vengeance, Mason Verger, défiguré par la faute d'Hannibal Lecter voilà quelques années. Pour sa vengeance, il va se servir de Clarice Sterling, alors en butte à l'hostilité de ses collègues du FBI à la suite d'une affaire qui tourna à la fusillade.
A la suite de la vision du film, on peut aisément comprendre pourquoi Jodie Foster a refusé de reprendre le rôle de l'agent Sterling. Car le scénario s'oriente plus du côté horreur que Le Silence des Agneaux. A la fois malsain et grand guignol, le film de Ridley Scott bénéficie d'atouts indéniables: belles images, interprétation de qualité, des scènes gores d'une rare morbidité.
Malgré tout, ces qualités ne camouflent pas l'ennui qui se dégage du film.Car Hannibal est un thriller d'une rare lenteur, surtout dans sa première partie ou l'intrigue passe plus son temps à décortiquer l'histoire de Florence (et les références aux Médicis) qu à faire véritablement démarrer le film. Une fois Hannibal Lecter (Anthony Hopkins, toujours formidable) passé aux Etats-Unis, on commence à ressentir un certain malaise, sans que l' on sache pourquoi. Et on commence à se demander quel sort le Dr Lecter réserve à Clarice. C'est d'ailleurs sur leurs relations réciproques, attirance/répulsion, que repose le scénario. Au fond, la psychanalyse domine sur la terreur pure du précédent opus.
Les fans de films d'horreur bien glauques se rattraperont sur des meurtres très gores, qui n'est pas sans rappeler des films de séries B italiennes des années 70 et 80, ou bien encore une ambiance (notamment chez mason Verger, avec l'attaque de cochons sauvages-brr...) très "Massacre à la Tronçonneuse".
Mais la structure languissante du film (qui peut-être comparé à un opéra) et des scènes qui font plus sourires qu'autre chose (le visage de Mason Verger, et un final dantesque et immoral qui restera à jamais dans les mémoires) font que le résultat à la vue de ce produit laisse un arrière goût de déception. Le thriller sied mal à Ridley Scott qui en restant trop fidèle au roman, n'a pas su transcender ses indéniables faiblesses.
Un film de Ridley Scott
Avec : Anthony Hopkins, Julianne Moore, Gary Oldman, Giancarlo Giannini