Jurassic Planet
Avec un bestiaire minimaliste et représenté avec trois fonctions de Windows, Jurassic Planet extirpe ce qu’il y a de plus mauvais dans la science-fiction et le survival animalier. Malgré la simplicité du scénario, les incohérences s’enchaînent. Le périple demeure poussif, prévisible et sans intérêt. Le propos ne prête même pas un amusement involontaire, tant l’ensemble est plat, inconsistant et creux. Une production aussi stérile que son désert préhistorique issu d’une autre galaxie.
À force de surexploiter de sempiternels poncifs, le survival animalier s’est de lui-même essoufflé jusqu’à fournir des bobines qui prétextent leur existence par l’absurdité de leurs propos. Cela vaut surtout pour les principales espèces de prédateurs malmenées à l’écran. Le constat est tel que le genre est devenu le refuge de tâcherons et de producteurs opportunistes. Comme les requins ou les serpents, les dinosaures n’échappent pas à cette dérision plus ou moins assumée où l’indigence des moyens rivalise avec la vacuité cérébrale de pareilles roublardises cinématographiques. Après les mondes perdus et autres voyages dans le temps, Jurassic Planet nous propulse dans les strates interstellaires de la bêtise humaine.
L'équipe de secours déjà à l'oeuvre pour décortiquer l'épave... et les survivants
Dans le cas présent, le duo Kondelik s’investit dans une science-fiction de pacotilles où le naufrage d’une boîte de conserve mal modélisée s’avance comme le prétexte à une longue errance. Extirpée des tréfonds du bis, la poignée de survivants expose des clichés de circonstances qui rendent leur rôle respectif aussi inutile qu’un cure-dent géant pour T-Rex. Au-delà d’une interprétation alarmante, les réparties révèlent une stérilité préoccupante pour faire progresser une histoire linéaire au possible. À ce titre, cette dernière est menée avec la perspective douteuse d’un scénariste dénué d’imagination ou sous l’emprise de substances illicites, voire les deux.
Aux premières excursions en pleine jungle, la planète privilégie les panoramas désertiques avec des fonds d’écran Windows en guise d’arrière-plans et d’horizon. De reliefs incertains en incohérences géographiques manifestes, l’environnement ne présente pas la moindre originalité. La seule touche exotique que l’on peut distinguer réside dans ses plans nocturnes indigestes. La gestion de la pénombre et de la photographie laisse perplexe tant les séquences sont illisibles ou d’une rare laideur. Et il ne faut pas compter sur l’éclairage des lunes pour rattraper l’ensemble. On a l’impression de contempler la scène sous la lumière d’un lampadaire de boulevard en fin de vie.
Encore une vaste fumisterie aux relents bibliques !
On notera également des invraisemblances dans l’alternance jour/nuit ; parfois dans deux passages successifs. Les éléments de destruction et le peu d’effets pyrotechniques ne dissimulent même pas l’absence de budget pour fournir un travail potable, sinon correct. Mention spéciale à cet éboulement vu de profil qui sépare les protagonistes par une poignée de pixels mal agencés. L’idée prête à sourire, et ce, en dépit d’une tonalité privilégiant le premier degré. Exception faite de la connivence inattendue avec un drone en forme de boule, le propos a beau être stupide, l’ambiance générale semble aller à l’encontre des facéties narratives.
Quant aux dinosaures, leurs attaques surviennent à intervalles irréguliers. Il faut néanmoins se contenter d’un bestiaire basique où T-Rex, bandes de raptors et ptérodactyles donnent le change. Leur design demeure standard, mais ce sont surtout les incrustations qui font de la peine à contempler. Outre des animations farfelues où les reptiles multiplient crampes et engourdissements en diverses occasions, elles sont calamiteuses. Certes, ce n’est en rien une surprise. Toutefois, cette tare interpelle lors des assauts où les mouvements des dinosaures sont aux antipodes de la gestuelle de leurs victimes, surtout quand celles-ci remuent de la tête.
Fin de tournage mouvementée avec des acteurs qui poursuivent les réalisateurs !
Au final, Jurassic Planet s’avance comme une nouvelle aberration cinématographique. À de nombreux égards, le film du duo Kondelik n’est pas sans rappeler le pitoyable métrage de Brad Silberling : Le Monde (presque) perdu ; l’aspect pseudo-comique en moins. Affublée d’effets spéciaux capables d’altérer l’acuité des spectateurs, la mise en scène se démarque également par un cadrage douteux et une gestion de la lumière (ou de son absence) immonde. Comme attendu, l’incursion des dinosaures n’est qu’un prétexte mal dégrossi pour rendre cette excursion intergalactique embarrassante et ridicule. Vraisemblablement, la vision d’un autre monde, mais pas dans le bon sens du terme.
Un film de James Kondelik, Jon Kondelik
Avec : Doug Burch, Tamara Stayer, Eric Erickson, Madison West