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L'Etrange Creature du Lac Noir - Critique

Un très grand classique du film de monstre du studio Universal.

Publié le 1 Janvier 2008 par Julien
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En Amazonie, un scientifique découvre la main fossilisée d'une étrange créature. Il décide immédiatement de faire part de sa découverte à d'autres scientifiques et ordonne à Tomas et Luis, deux autochtones de rester pour surveiller le camp. Une équipe est rapidement mise sur pied. Mais de retour au camp, ils découvrent que l'un des otoctones a été attaqué sauvagement. Ils décident cependant de poursuivre leurs recherches et commencent à creuser dans la roche, à l'endroit précis où la "main" a été découverte. Ils ne trouvent aucun autre fossile et décident de remonter la rivière, jusqu'à un lagon, surnommé le "Lagon Noir". Bientôt, ils découvrent qu'une étrange créature, à la fois proche de l'homme et du poisson, vit dans le lagon...

L'Etrange Créature du Lac Noir est un classique dans le registre des films de monstres, au même titre que le Frankenstein (1931) de James Whale ou Le Loup-Garou (1941) de George Waggner. Encore auréolé du succès de son Météore de La Nuit (It Came From Outer Space, 1953), le réalisateur Jack Arnold est considéré comme l'homme de la situation pour la Universal. En effet, ce dernier s'est déjà frotté à la 3-D et a déjà officié dans le registre du cinéma fantastique. De même, sa rigueur légendaire et son sens de la mise en scène le désignait presque d'office.

Si le film d'Arnold est considéré aujourd'hui comme un classique, ce n'est bien sûr pas pour rien. Qu'il s'agisse de l'histoire, des effets spéciaux, des décors ou des acteurs, L'Etrange Créature du Lac Noir est un véritable enchantement. Si, dans un premier, l'attention du spectateur est dirigé vers cette créature tapie au fond d'un lagon (dès les premières minutes du film, on voit sa main palmée surgir de l'eau), il est par la suite entraîné dans les conflits qui vont se créer au sein du groupe de scientifiques. Même si le schéma peut paraître galvaudé aujourdhui, avec d'un côté le héros franc, droit, et téméraire (David Reed) et de l'autre le scientifique arrogant, imbu de lui-même et ne cherchant que fortune et gloire (Mark Williams), le traitement de ce schéma dans le film d'Arnold n'est jamais caricatural. Bien entendu, le spectateur s'identifiera presque immédiatement au personnage de David Reed (Richard Carlson, déjà dans Le Météore de La Nuit de Jack Arnold), qui prône des valeurs morales "classiques".

L'une des grandes réussites du film réside dans la créature en elle-même, dans son "look" et dans le traitement qui lui infligé par le scénario. Alors qu'il aurait très bien pu être un monstre vindicatif et assoifé de sang, sans "logique", le scénariste Harry Essex le présente finalement comme une créature naturelle comme les autres, faisant partie intégrante d'un éco-système. Et son comportement agressif lors de certaines séquences n'est jamais gratuit. Il répond tout simplement à son instinct naturel de survie et de conservation (la défense de son territoire, "profané" par l'homme). A ce titre, on retiendra la scène mémorable où Kay (la ravissante Julie Adams) fait un premier plongeon dans le lac. La créature, tapie dans les hautes algues, regarde la nageuse et se dirige vers elle pour évoluer sous elle à son rythme. Une très belle séquence (dont certains plans doivent sans doute avoir inspiré Spielberg pour la scène d'intro des Dents de la Mer appuyée par une musique à la fois douce et puissante.

Dans L'Etrange Créature du Lac Noir, la musique est particulièrement présente. Le thème "principal", dédié à la créature (légèrement redondant à la fin), ne se fait pas attendre dans le film puisqu'il est audible dès les premières minutes du film, lorsque la fameuse main palmée de la créature surgit aux abords du camp. Mais si la musique (signée par cinq compositeurs différents!) tient une place prépondérante dans le film, c'est également du au fait que de nombreuses séquences se déroulent en milieu aquatique. La musique est alors oppressante, conviant sans cesse le spectateur à "être sur ses gardes". Et en effet, le réalisateur Jack Arnold aime introduire régulièrement la créature dans des cadres parfois inattendus. Au passage, on appréciera beaucoup la forte présence à l'écran de la créature, au look à la fois kitsch et impressionant, mais jamais ridicule (même hors de l'eau, il reste convaincant).

Aujourd'hui, L'Etrange Créature du Lac Noir risque sans doute d'en décevoir plus d'un. Si vous n'êtes pas nostalgique du cinéma d'antan et si vous ne souhaitez pas découvrir un film qui en influença un nombre incalculable aujourd'hui, vous pouvez passer votre chemin. Mais ce serait vraiment dommage de passer à côté d'un tel chef-d'oeuvre!

A noter que deux suites ont vu le jour (succès = suites, une formule pas toute jeune et toujours d'actualité!) : The Revenge of the Creature (1955, Jack Arnold) et The Creature Walks Among Us (1956, John Sherwood).

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