La Fiancée du Monstre - Critique
Après le très improbable Glen ou Glenda, Wood ose remettre le couvert avec son acteur fétiche, Bela Lugosi, en savant fou cherchant à mettre au monde des surhommes atomiques, dans ce qui peut être considéré comme le meilleur film du metteur en scène le plus pitoyable de toute l'histoire du Septième Art.
D'étranges disparitions entourent une région marécageuse désertée par la population, à l'exception des pensionnaires de "la Maison du Saule", habitée par l'inquiétant Docteur Vornoff (Bela Lugosi), qui dirige en secret des expériences sur des êtres humains.
Débutant sa pitoyable carrière en 1953 avec Glen ou Glenda, une étrangeté sur le thème du travestissement (où il y tient le rôle titre), Edward Wood Jr. signe, trois ans plus tard, La Fiancée du Monstre, son film le plus abouti, hommage honorable aux films de monstres phares des années 30. Bela Lugosi, son acteur fétiche, y tient le rôle principal, celui d'un savant fou qui se paie un monologue censé être bouleversant sur son état d'apatride. Mais Lugosi est la principale attraction de ce film au budget réduit, assez naïf, qui porte bien la patte de son cinéaste. Décors fauchés, accessoires foireux, dialogues souvent aussi nauséeux que la pieuvre qui est censée être l'objet de terreur du métrage, La Fiancée du Monstre présente toutefois quelques qualités qui, dans l'univers d'Ed Wood, font presque office de moments d'extase.

En effet, dès le générique du film, les éléments déchaînés dans la nuit (vent, pluie, orages) sont propices à une entrée réussie au coeur du métrage. Même si le catcheur suédois Tor Johnson en fait des tonnes dans le rôle de Lobo, le serviteur muet à la force surhumaine, aux ordres de Vornoff, Lugosi, pourtant malade (il meurt peu de temps après la sortie du film) assure le spectacle en abusant des coups de fouet, des regards noirs et des menaces verbales. Il lui fallut sans doute beaucoup de courage et d'amitié envers Wood pour tourner certaines scènes dans des conditions rocambolesques (voir sa mise à mort avec la pieuvre, superbement reconstituée dans le film culte de Tim Burton, Ed Wood). On apprend donc que Vornoff cherche à mettre au point des surhommes atomiques, et qu'il a besoin de chair fraîche pour ses expériences, d'où des disparitions qui inquiètent la police locale et une journaliste qui pense avoir affaire à un monstre aquatique semblable à celui du Loch Ness.

Les acteurs, pour une fois, ne surjouent pas et sont assez convaincants, à commencer par le couple composé par le policier et la journaliste (Loretta King). L'idée principale du scénario, le danger atomique cher à la saga des Godzilla par exemple, n'est pas dénuée d'intérêt (le titre original du film devait d'ailleurs être La Fiancée de l'Atome), et Wood s'en tire à peu près derrière la caméra (hormis quelques longueurs et une expérience assez pauvre en matière de cadrage par exemple, rendant ridicules les mises à mort de la pieuvre, celle-ci étant trop visible là où des jeux d'ombre pouvaient donner le change).
La durée du film, assez courte, permet au spectateur de garder son attention jusqu'à un final assez réussi, qui prouve que Wood connaissait quand même les rudiments du cinéma. En observant la filmographie d'Ed Wood, il est surtout remarquable de constater que le plus mauvais réalisateur de tous les temps (qui mérite, selon moi, amplement ce titre) ait inspiré à Burton son meilleur film, une ode bouleversante au cinéma, dans laquelle le rapport entre Lugosi, star vieillissante et malade, et Wood, cinéaste rêveur et nullissime, est touchant (le duo a oeuvré ensemble sur trois films). Rappelons en outre que Wood ajoutera, à titre posthume, l'inoubliable interprète de Dracula dans une séquence de Plan 9. Pour en revenir à cette Fiancée du Monstre, avouons qu'il s'agit là du film le plus lisible de Wood (Plan 9 était davantage heurté et grotesque), hommage sympathique aux films de genre des années 30, assez kitsch par bien des côtés, mais qui se laisse regarder. Le chef d'oeuvre d'Eddy, en somme, mais qui ne dépasse pas la cadre du serial un peu ringard qu'on regardera d'un oeil légèrement ensommeillé, un soir d'insomnie, lorsqu'on ne possède pas l'intégrale de Derrick en VO sous la main...





























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