Voir la fiche complète du film : No dormirás (Gustavo Hernández - 2018)

No Dormirás - Critique

Pas un chef-d'oeuvre, mais un film assez réussi pour retenir l’attention et c’est déjà pas mal.

Publié le 24 Mai 2018 par Geoffrey
Voir la fiche de No dormirás
7

Huit ans après un premier long métrage remarqué pour son côté novateur (The Silent House, constitué d’un long plan-séquence d’1h20, qui a eu droit à son remake US), le réalisateur uruguayen Gustavo Hernández replonge dans le cinéma de genre avec No Dormirás, un thriller bien plus psychologique que ce que laissait présager son accroche et son concept de base.

La circonspection (x2)

1984. Dans un hôpital psychiatrique abandonné, une compagnie théâtrale menée de main de maître par Alma, expérimente une technique extrême de jeu. En privant ses comédiens de sommeil, Alma prétend les préparer à donner le meilleur d’eux-mêmes. Au fur et à mesure des jours d’insomnie, les acteurs ressentent des choses de plus en plus étranges. Bianca, jeune actrice en compétition pour le rôle principal, tente de percer les secrets de cet étrange endroit et devient bientôt l’objet de forces inconnues…

Que ne ferait-on pas par amour de l’art ?

Coproduit entre l’Uruguay, l’Espagne et l’Argentine, le film marquera certainement moins les esprits que The Silent House (même s’il est plus réussi), la faute à plusieurs défauts/maladresses qui seront détaillés plus loin et qui ont tendance à gâcher le plaisir d’un film dont l’entrée en matière est pourtant très réussie : une scène étrange dans laquelle une femme se brosse compulsivement les cheveux au milieu d’une demi-douzaine de chats pendus (avouez, vous êtes intrigué !).

Le film est-il pour autant raté ? Que nenni ! L’effort de Gustavo Hernández mérite en effet le coup d’œil pour ce qu’il tente d’original et pour le fantastique décor de l’hôpital abandonné, magnifiquement mis en valeur par une photographie de toute beauté.

Come on baby, light my fire

Ce qui étonne en premier lieu dans No Dormirás, c’est qu’il s’agit du genre de film dans lequel l’ambiance prime sur tout le reste. Si vous êtes allergique aux films qui prennent le temps de poser leur atmosphère et leur intrigue au détriment des jump-scares, vous pouvez arrêter ici la lecture de cette critique et considérer que No Dormirás n’est pas fait pour vous. Vous vous épargnerez ainsi 1h40 de souffrance. Car le film mise avant tout sur son histoire originale, à base de théâtre et de manque de sommeil, plutôt que sur l’épouvante à tout va, et il faut admettre que c’est plutôt osé tant le concept s’offrait un boulevard propice aux sursauts en tous genres.

Au lieu de ça, il préfère s’engager sur de petites routes chaotiques afin de prendre le spectateur à revers. Pari gagné ? Oui et non. Parce qu’à force de vouloir jouer au plus malin, le film finit par se prendre les pieds dans son intrigue lors d’un final à la fois attendu et alambiqué, ce qui le rend peu crédible.

Heureusement, la tension reste assez soutenue tout du long pour maintenir le spectateur en haleine.

On ne le dira jamais assez, mais le théâtre rapproche les gens

Entre rêve et réalité, le film observe son héroïne principale tandis qu’elle évolue dans les angoisses de l’insomnie, ne sachant plus trop si elle doit faire confiance à ses sens. No Dormirás prend donc un malin plaisir à désorienter autant ses personnages que le spectateur, ce qui est au final assez réjouissant.

Le casting s’avère un poil décevant. Pour une actrice devant incarner une autre actrice, Eva de Dominici est un peu trop sage et manque de « folie », alors que son personnage évolue sur la corde raide et devient de plus en plus à fleur de peau. Même remarque pour sa comparse Natalia de Molina, qui traverse le film sans dégager beaucoup d’émotion. En revanche, Belén Rueda (vue entre autres dans l’Orphelinat et Julia’s Eyes) est excellente en metteuse en scène tyrannique prête à tout pour tirer la quintessence de ses acteurs. Elle phagocyte littéralement l’écran lorsqu’elle y est et constitue l’un des gros atouts du film.

Une bougie et au lit (ou pas)

Bref, vous l’aurez compris, malgré de bonnes idées et intentions, No Dormirás loupe le coche de peu. Ses qualités ne sont pas exploitées à fond et c’est dommage dans le sens où ses scènes de tension sont vraiment réussies, tout comme son esthétique. La multiplication des révélations finales est en outre un peu exagérée et nuit à la crédibilité de l’ensemble, tout en ne suscitant qu’un haussement d’épaule entendu chez les habitués du genre, qui avaient vu venir le(s) twist(s) à des kilomètres. Reste que le fond du film est intéressant avec son questionnement constant sur le degré d’implication qu’un acteur est prêt à accepter pour rendre son rôle crédible et que son atmosphère en fait un objet fascinant.

Un film must see ? Sans doute pas. Juste un film assez réussi pour retenir l’attention et c’est déjà pas mal.

 

Portrait de Geoffrey

A propos de l'auteur : Geoffrey

Comme d'autres (notamment Max et Dante_1984), je venais régulièrement sur Horreur.net en tant que lecteur, et après avoir envoyé quelques critiques à Laurent, le webmaster, j'ai pu intégrer le staff début 2006. Depuis, mes fonctions ont peu à peu pris de l'ampleur.

Autres critiques

Dôme

Dôme

En 2009, Stephen King signe l'un de ses plus longs textes avec Le fléau et Ça : Dôme . Un roman-fleuve de près de 1600 pages où l'on suit le quotidien de Chester's Mill, une petite bourgade du Maine, prisonnière d'un dôme invisible et impénétrable. La qualité et le succès du livre n'étant pas vraiment une surprise, il paraissait inévitable pour voir son adaptation télévisée sortir des cartons...
Wolfcop

Wolfcop

Lou est policier dans une bourgade quelconque du Canada. Alcoolique et paresseux, il est toujours en retard, ce qui lui vaut d’être constamment rappelé à l’ordre par son supérieur et d’être ridiculisé face à l’efficacité de sa collègue Tina. Pilier de comptoir du rad local où il échoue régulièrement pour étancher sa soif et draguer la serveuse sans succès, Lou est chargé par son chef d’aller...
Retro Puppet Master

Retro Puppet Master

Comme les animaux venimeux ou dangereux, comme les clowns ou encore comme les tarés qui aiment manier la hachette, les poupées font partie intégrante du folklore phobique de tout un chacun. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que le fameux Chucky soit aussi populaire chez nos amis fans de sang et de décapitations en tout genre. La poupée fait peur, car elle est une représentation de l'...
Blanche-Neige et le Chasseur

Blanche-Neige et le Chasseur

Tout le monde connaît les contes de Grimm. Ils ont souvent bercé notre enfance, et ils sont rentrés dans la bibliothèque mentale de beaucoup de monde. Quand le scénariste du film Evan Daugherty écrit pour la première un scénario, il signe une réadaptation du conte Blanche-Neige. Il prend le temps de l'écrire et surtout de le proposer aux producteurs. L'histoire s'arrache à prix d'or et promet une...
Dead Space Aftermath

Dead Space Aftermath

Dans le domaine vidéoludique, la saga Dead Space est encore aujourd’hui une véritable référence en matière de survival horror. Adaptés à un cadre spatial, les mécanismes de la peur sont parfaitement huilés pour susciter l’effroi à chaque recoin ou détour de couloir. Pour accompagner le premier volet, un film d’animation a vu le jour: Dead Space Downfall . Il en ressortait une...

Dernières Actus

Découvrez les dernières sorties en salles et en DVD/Blu-ray, accompagnées de critiques pour vous guider dans vos choix. Restez informés des films en tournage, des annonces exclusives et des projets à venir. Ne manquez pas nos reportages sur les festivals, comme le BIFFF (Brussels International Fantastic Film Festival), où l'horreur et le fantastique sont à l'honneur.