Wolfcop
Lou est policier dans une bourgade quelconque du Canada. Alcoolique et paresseux, il est toujours en retard, ce qui lui vaut d’être constamment rappelé à l’ordre par son supérieur et d’être ridiculisé face à l’efficacité de sa collègue Tina.
Pilier de comptoir du rad local où il échoue régulièrement pour étancher sa soif et draguer la serveuse sans succès, Lou est chargé par son chef d’aller enquêter dans les environs de la ville suite à des plaintes pour tapages nocturnes. Il se rend dans un bois où il croit trouver des gamins faisant la fête mais il tombe dans les griffes d’étranges personnages masqués s’adonnant à un rituel pas très catholique. Il se réveille le lendemain avec une scarification en forme de pentacle sur la poitrine et la barbe qui repousse instantanément lorsqu’il essaye de se raser. Il est également doté d’une perception sensorielle décuplée, autant de symptômes indiquant au spectateur averti qu’il est atteint de lycanthropie.
Après la découverte du cadavre étrangement mutilé d’un politicien local qui faisait campagne, Lou fini une fois de plus dans le bar miteux où il a l’habitude de terminer son service. La serveuse, jusque-là peu réceptive à ses avances, décide de fermer plus tôt afin de rester seule en sa compagnie. C’est alors qu’une bande de cambrioleur fait irruption par la porte de derrière. La pleine Lune est de sortie ce soir-là et Lou s’en trouve très perturbé. Il fonce en direction des toilettes, pensant être malade à cause de ce qu’il a mangé, s’est alors qu’il se transforme en loup-garou puis massacre les voleurs avant de fuir. Il se réveille menotté à un lit face à une caméra. Il se trouve chez un de ses amis qui lui explique qu’il l’a trouvé sous sa forme monstrueuse et l’a neutralisé avec des fléchettes anesthésiantes. A partir de là, une complicité s’installe et Lou va entreprendre de se servir de son nouveau pouvoir afin de devenir un flic plus efficace. Il transforme sa voiture en bolide à l’image de sa nouvelle nature hors-normeet devient alors un «wolf cop».
En faisant des recherches pour comprendre ce qui lui est arrivé, il découvre un récit mythologique expliquant que les loups-garous sont créés par un baptême de sang, le plus souvent à partir de l’idiot du village. Ce rituel est perpétré par des créatures se métamorphosant en humains, se nourrissant ensuite du sang du loup-garou pendant une éclipse, afin d’entretenir leur capacité à se métamorphoser. Cette explication plus lourdingue qu’originale permet d’expliquer au spectateur ce qui arrive à Lou et qu’il doit retrouver ses tourmenteurs s’il veut échapper à sa destinée. Son enquête de «flic-loup» va l’amener à découvrir que ce sont des personnes qu’il connait bien (ou plutôt qu’il croyait connaître!) qui sont les auteurs de l’abomination. Toute la ville était en fait sous le joug d’une secte démoniaque depuis toujours et Lou va y mettre un terme.
A première vue, le concept du flic-loup que propose Wolf Cop est plutôt original, mais à la sortie du visionnage il reste un goût de déception comme si le spectacle n’avait pas été à la hauteur de ses promesses. Parmi les points positifs que l’on peut néanmoins souligner, il y a les effets spéciaux employés pour la transformation de l’homme en loup-garou qui sont plutôt réussis. Le film préfère un authentique maquillage de poils et de caoutchouc aux images de synthèses, ce qui, à notre sens, est un fait honorable. On voit ainsi Lou se transformer de telle façon que le loup qui est en lui sort littéralement de son corps en déchirant sa peau comme une vulgaire enveloppe de chaire dont il se débarrasse comme une mue. Cet effet n’atteint pas l’intensité des transformations des excellents Le loup-garou de Londres et Hurlements, mais il n’est en pas moins un moment fort du film. Deux ou trois autres effets gores réussis sont à noter, comme quand le «wolf-cop» arrache littéralement le visage d’un adversaire d’un coup de griffes. L’apparence du loup-garou peut rappeler une esthétique de bande-dessinée et cherche davantage à susciter la comédie que la terreur. Là est l’une des ambitions de Wolf Cop: faire un film d’horreur qui soit également une comédie, malheureusement les gags font systématiquement «flop».
Mis à part ces quelques qualités, Wolf Cop est un ratage à tous les autres niveaux, à commencer par la réalisation désastreuse qui donne la désagréable impression d’assister à un court-métrage amateur s’étirant à l’échelle d’un long. Ce travail bâclé, toute proportion gardée, a pour résultat l’échec systématique des effets de mise en scène escomptés. Le réalisateur, dont ce n’est pas pourtant pas le premier essai, passe ici pour un véritable tâcheron. La photographie numérique donne une image dégueulasse digne d’une vidéo destinée à internet. Les acteurs ne sont pas excellent non plus et le côté grotesque visiblement recherché ressemble plus à une auto-parodie involontaire qu’a une véritable réflexion sur le genre.
En voyant Wolf Cop, on a l’impression d’avoir à faire à un projet motivé par le succès de Hobo with a Shotgun, production canadienne baignant dans une ambiance «white trash» similaire, résultant du concours de courts-métrages lancé par la sortie de Grindhouse visant à financer un long-métrage à partir du film gagnant. Hobo était un hommage plutôt réussi au film d’exploitation à l’ancienne, remis au goût du jour avec un certain talent. Wolf Cop cherche visiblement à s’inscrire dans une démarche comparable mais il ne parvient pas à se démarquer et reste un nanar sans grand intérêt.