Opération destruction
Tout comme le survival animalier est inépuisable en idées absurdes pour mettre en exergue les requins, le film catastrophe est intarissable pour exploiter à outrance l’apocalypse. Après les astéroïdes, le réchauffement climatique et la folie autour du 21 décembre 2012, les trublions du genre détournent les codes au profit d’une approche délirante du mythe de la boîte de Pandore. D’emblée, on devine que cette vision saugrenue et fauchée sera une pénible occurrence cinématographique. S’il ne s’agit nullement d’une production Asylum ou SyFy, Doomsday Device dégage le parfum méphitique d’une bobine bon marché à l’opportunisme clairement affiché.
L'apocalypse sera psychédélique ou elle ne sera pas
Parce que les légendes ont toujours un fond de vérité, le scénariste et réalisateur a jugé bon de trouver un récit à dormir debout pour attester de sa vaine initiative. On plonge dans le Japon féodal où l’histoire de l’illustre Oda Nobunaga est détournée de la plus insidieuse des manières. Non satisfait de massacrer une telle figure historique, l’intrigue enchaîne sur un contexte contemporain qui se rapproche de l’urban fantasy au rabais. Les aspects fantasmagoriques étayent alors une mythologie bancale autour d’une présence immortelle acoquinée avec des mafieux, sans oublier un milliardaire mégalomaniaque en mal de pouvoir et de reconnaissance.
Très vite, la relique sacrée est considérée comme la boîte à surprises où les catastrophes naturelles mitraillent à tout-va les villes ciblées. D’incohérences en stupidités mal placées, on assiste à une déferlante d’effets spéciaux aussi ridicules qu’improbables. La destruction des immeubles, les éclairs tombés du ciel ou les formidables fonds verts, annonciateurs d’une confrontation «mémorable», sont autant d’éléments qui enfoncent le film dans les affres de la nullité de bas étage. Si l’ensemble est réalisé par-dessus la jambe, l’enrobage spectaculaire initial déplore un manque de moyens flagrant et encore plus d’ambitions. Quant à parler d’imagination ou d’une quelconque originalité...
Le selfie de la fin du monde !
Si l’intrigue multiplie les péripéties sans vraiment s’intéresser à la cohérence ou à la fluidité de la progression, il n’en demeure pas moins que l’on s’ennuie ferme. Est-ce dû à l’interprétation d’un casting perdu dans leurs considérations personnelles? À moins qu’il ne s’agisse de cet humour à l’emporte-pièce qui suinte de chaque réplique? À ce titre, l’atmosphère comique qui émane des séquences, comme des dialogues, est en total contraste avec un sujet foncièrement sombre, à tout le moins pessimiste. Ici, c’est dans une ambiance bon enfant que s’évertuent des enquêteurs incompétents et une partenaire inattendue.
Soit dit en passant, il serait judicieux d’expliquer au cinéaste qu’un ronin est un samouraï sans maître. Spécificité que la personne concernée ne possède pas. Enfin, au point où le niveau de débâcle est tel, on ne peut exiger un soin sur les détails alors que les principaux éléments de l’histoire sont déjà à la rue. Fusillades et règlements de compte se déroulent sans que quiconque soit touché, tandis que les investigations de base sont d’une rare bêtise. On use de subterfuges et de prétextes douteux pour faire avancer un récit inintéressant au possible. Quant au parallèle avec la boîte de Pandore, on n’en restera qu’au stade des allusions en sollicitant la culture du spectateur.
Boîte de Pandore Vs Force verte
Au final, Doomsday Device tient plus du navet que du film catastrophe. La comparaison n’est pas antinomique, mais elle se révèle particulièrement opportune pour dépeindre la qualité générale d’une telle production. Au-delà du simple ennui et de la connerie omnipotente que l’histoire génère, on s’inflige des trucages en carton du plus mauvais effet. Le tout servi par une brochette d’acteurs fatigués dont le sens de l’humour est aussi pénible qu’embarrassant. Eu égard à Corin Nemec, on est bien loin des facéties de Parker Lewis. De tout temps, la fin du monde a fasciné et effrayé. Vraisemblablement, Doomsday Device en profite sans vergogne, privilégiant le mauvais goût au bon sens. L’intérêt étant englouti par un trou noir de médiocrité.
Un film de Christian Sesma
Avec : Corin Nemec, Mike Hatton, Robert Carradine