Paranormal Activity
Le thème de la maison hantée ne faisait plus énormément parler de lui depuis l'avènement des effets numériques et la multiplication des slashers.
Néanmoins, depuis Cannibal Holocaust et Le Projet Blair Witch, la preuve en est qu'avec un budget inexistant mais quelques bonnes idées en matière de marketing, tout est possible en matière de films d'épouvante car, on le sait, les meilleurs films d'horreur ont toujours été des oeuvres à faible budget (comme pour Evil Dead et La Nuit des Morts-Vivants).
Dès lors, fort d'une promotion conséquente et bien maîtrisée par les producteurs, Paranormal Activity débarque sur nos écrans avec la réputation d'être le nouveau Blair Witch.
Alors, chef d'oeuvre ou réussite commerciale ?
Le scénario du métrage est assez simpliste, mais relativement bien agencé. Nous présentant au début une histoire de fantôme, ce film diverge ensuite vers une idée de possession démoniaque lorgnant vers L'Exorciste, mais en prenant le parti du documentaire réalité, afin de tenter judicieusement de faire monter la pression auprès des spectateurs.
Qui dit aspect documentaire signifie aussi souvent une interprétation amateure. Il faut bien avouer que le couple victime s'en tire de manière honnête tout au long du métrage, l'actrice principale parvenant à nous convaincre en évitant de surjouer.
La mise en scène, par contre, est plutôt morne et insipide durant les deux premiers tiers du film. Le final, davantage prenant et faisant augmenter nettement notre tension, sauve les apparences, mais il faut avouer que la réalisation ne possède guère de qualités marquantes, rendant le démarrage de ce film poussif et peu palpitant, ce qui alourdit inutilement le film et plombe son attrait.
Présenté comme un film effrayant à souhait (merci les bandes-annonces made in Hollywood), Paranormal Activity joue sur des effets à l'ancienne. Au programme, portes qui grincent, bruits dans le couloir et jeux d'ombre, avant un épilogue plus élaboré. On pense donc bien vite aux vieux films d'épouvante, qui privilégiaient les sensations au visuel.
La caméra fixe dans la chambre rappelle le principe de La Corde, d'Alfred Hitchcock, exercice de style assez périlleux, mais donnant au spectateur un plaisir voyeuriste sonnant très télé-réalité. Ce principe permet de rester ancré dans le film, et de participer pleinement à cet épilogue qui, à lui seul, vaut le coup d'oeil.
En effet, force est de constater que, petit à petit, le scénario immisce des éléments de cas de possession et instille une tension grandissante.
La scène du grenier, pourtant minimaliste, diffuse par exemple une terreur sourde difficilement descriptible mais bien palpable. Bénéficiant d'effets spéciaux plus actuels, l'épilogue tient toutes ses promesses, offrant quelques sueurs froides aux spectateurs les plus aguerris.
En résumé, Paranormal Activity fait partie de ces films qui font parler d'eux, surtout en amont. Disposant d'une campagne publicitaire impeccablement sournoise, ce long-métrage est, certes, doté de quelques séquences fort efficaces.
Malheureusement, il est aussi clair qu'en grattant un peu, on se retrouve devant un produit calibré, avant tout destiné à faire du chiffre, artistiquement parlant assez limité, et ne présentant pas finalement l'impact de ses illustres prédécesseurs.
En effet, diffusé sur le net, Blair Witch s'était longtemps fait passer pour un réel documentaire, accompagné par tout un mythe inquiétant autour de la sorcière de Blair. Et Ruggero Deodato avait eu maille à partir avec la justice, qui pensait que le cinéaste avait vraiment filmé les meurtres des reporters de Cannibal Holocaust dans le cadre d'un snuff movie.
Bref, des sensations à des années lumière du sentiment de malaise, mais finalement passager, laissé par Paranormal Activity, dont le principal mérite est de prouver que l'argent reste superflu dans le domaine de l'épouvante.
Un film de Oren Peli
Avec : Katie Featherston, Micah Sloat, Mark Fredrichs, Amber Armstrong