Voir la fiche complète du film : R.I.P.D. : Brigade Fantôme (Robert Schwentke - 2013)

R.I.P.D. : Brigade Fantôme - Critique

Un blockbuster basique et prévisible dans sa progression, malgré de bonnes idées pas assez développées. À découvrir, si vous êtes curieux de voir à quoi ressemble un mix entre Men in black, L'arme fatale et S.O.S. Fantômes...

Publié le 5 Janvier 2014 par Dante_1984
Voir la fiche de R.I.P.D. : Brigade Fantôme
6
Adaptation de bande dessinée

Lorsque l'on parle Comics, on songe automatiquement aux super-héros, Marvel, DC & consorts. Pourtant, ce terme ne désigne qu'outre-Atlantique la bande-dessinée. Aussi, il existe tout un pan de ce média qui demeure dans l'ombre, à tout le moins lu par quelques érudits en la matière. Parfois, l'on se rend compte de leur existence via une adaptation télévisée ou cinématographique. Ce fut le cas pour Red (paru néanmoins chez DC) et ses joyeux espions retraités déjantés. Trois ans après son succès, Robert Schwentke ne signe pas pour sa suite, mais pour R.I.P.D., nouvelle adaptation de comics qui, on l'espère, se révélera bien plus fameuse que sa piètre réputation ne la laisse entendre.

 

T'es mort ? Bah, c'est pas de pot, parce qu'elle est pas de tout repos !

 Le moins que l'on puisse dire, c'est que cette comédie fantastique a pâti d'un bouche-à-oreille assassin (difficile de le définir par un autre adjectif). 130 millions de dollars de budget et à peine la barre des 30 millions atteint aux États-Unis. R.I.P.D. n'a même pas été rentabilisé au box-office mondial (il n'est pas parvenu à se hisser aux 100 millions). Ces chiffres montrent clairement que le film a été boudé par le public et la critique n'est pas tendre avec lui. Mais pourquoi tant de haine ? Qui a-t-il de si lamentable dans le présent métrage pour subir une campagne de dénigrement qui, dans une moindre mesure, rappelle celle de Speed racer ou du flop de John Carter ?

Tout d'abord, le scénario ne se révèle pas des plus fracassants. On découvre Nick, un flic ripou fraîchement décédé, qui, pour se racheter une conduite, se retrouve enrôlé dans la brigade fantôme. Son objectif ? Capturer les esprits récalcitrants au jugement suprême. En soi, le sujet est intéressant et dispose d'un potentiel certain pour en faire un divertissement de premier ordre. Seulement, l'histoire se montre beaucoup trop prévisible. Bien que tendue du début à la fin, la progression use et abuse des ficelles de la comédie policière de bas étage en y incorporant des éléments fantastiques.


Le duo de choc et de charme.

Trahisons, découvertes, investigations sur une enquête bien plus importante qu'elle n'y paraît, sans oublier le noeud principal (à savoir, en quoi consiste le métier de policier de l'au-delà) sont autant d'ingrédients qui forment un amalgame peut-être efficace, mais déjà vu ailleurs. C'est sur ce point que R.I.P.D. peine à convaincre : à trop vouloir multiplier les références et autres clins d'oeil de circonstances, on a davantage l'impression de regarder un film-hommage (particulièrement aux 90's) plutôt qu'une oeuvre originale. Imaginez un croisement entre Men in black et L'arme fatale saupoudrée d'une touche d'ectoplasmes mal embouchés dignes de S.O.S. Fantômes et vous aurez une idée précise de ce que recèle R.I.P.D.

Si l'aspect décontracté et bon enfant est parfaitement assumé, l'humour parvient avec difficulté à sortir son épingle du jeu. On sourit, on s'amuse, mais à aucun moment l'on ne sera la victime d'un fou rire ou d'une scène clairement marquante. Les répliques restent fluides, bien amenées, mais attendues. Même à ce stade, les dialogues laissent la fâcheuse impression d'être régurgité d'un autre métrage (heureusement qu'ils sont morts pour le « Trop vieux pour ces conneries ! »). Tout est agencé, planifié pour contenter le spectateur sans prendre le moindre risque. Et pourtant, le récit recèle quelques bonnes trouvailles qui ne seront jamais pleinement exploitées.


Plus un geste ou vous êtes morts ! Euh, en fait, c'est déjà le cas.

L'une d'entre elles aurait clairement pu changer la donne : la nouvelle identité des policiers de l'au-delà. Simple, amusant et déconcertant, on ne verra qu'à intervalles irréguliers la jolie blonde plantureuse et le petit vieux chinois baladant sa banane à la main (véridique !). L'interaction entre les protagonistes et les personnages secondaires auraient gagné (du moins sur ce point) à multiplier les confrontations entre les différents points de vue (comme à la gare, par exemple). À cela, s'ajoute également l'absence de « collègues » du R.I.P.D., un manque d'explications sur l'organisation de la brigade ou comment elle découvre les crevures (hormis la cuisine indienne). Bref, tout est présent au sein du film, mais les éléments se succèdent sans trouver leur place, plus grave sans une réelle cohérence.

Pour autant, le casting s'avère des plus plaisants. Le duo de tête Jeff Bridges et Ryan Reynolds fonctionne comme il se doit. Ils remplissent leur office en occupant le devant de la scène avec application. Malgré des échanges pas toujours subtils ou des situations faciles, l'on suit leur péripétie non sans déplaisir. Toutefois, le fait qu'ils ne puissent mourir aurait gagné à être développé (le saut de l'immeuble, la tête fracassée par un morceau de béton...). Les seconds rôles ne sont pas laissés de côté avec un Kevin Bacon en bad-guy détestable ou un Robert Knepper qui offre une brève incursion plaisante, mais trop furtive.


Faudrait pas louper la chute de l'histoire.

Il reste un point sur lequel il faut se pencher : la réalisation. Robert Schwentke donne dans le grandiloquent le plus décontracté possible. Floutage, ralenti, séquences de vols planés sur des gratte-ciel, le cahier des charges du parfait petit blockbuster est rempli via une succession de scènes dynamiques et bien cadrées. On sera plus mitigé sur les effets spéciaux. Le physique des fantômes est varié et leur transformation répugnante plutôt bien fichue. Toutefois, l'animation est d'une qualité médiocre pour le moins surprenante. Qu'il s'agisse des crevures ou des chutes (voire celle de Nick au début de l'histoire) laissent perplexe. Les gestes sont, au choix, trop rapides, trop mous et font songer à de la guimauve fondante qui se tortille en tous sens. Très particulier.

Si R.I.P.D. ne mérite pas qu'on lui crache en pleine figure, il faut reconnaître que le métrage possède pas mal d'errances et peu de nouveautés pour susciter l'indulgence des spectateurs. Entre un scénario hybride à la croisée des genres, un humour qui ne prend pas toujours ou des images de synthèse au rendu discutable (exception des destructions, des métamorphoses et des tourbillons de l'au-delà), il est difficile de s'attarder sur les bonnes idées qui resteront au stade de l'anecdotique. Un blockbuster simpliste et prévisible dans son ensemble qui parie trop sur les références en dépit de sa propre histoire. Il en ressort un divertissement basique aux ficelles éculées. À voir sans grandes attentes ni exigences.

Portrait de Dante_1984

A propos de l'auteur : Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

Autres critiques

Big Bad Wolves

Big Bad Wolves

Un père de famille entreprend de venger sa fille en infligeant au meurtrier de cette dernière les mêmes tortures qu’il lui a fait subir. Au-delà de la simple vengeance, le but est aussi de lui faire avouer l’endroit où il a enterré la tête de l’enfant. Dès sa scène d’ouverture, Big Bad Wolves est marqué par la confusion qui ressort de l’action : trois hommes en malmènent un quatrième en l’...
Killing Sharks

Killing Sharks

Comme un grand nombre de prédateurs, le requin fait partie des animaux que l'être humain craint le plus, au même titre que le crocodile, la pieuvre géante ou encore l'ours. Il est donc assez logique que des producteurs peu scrupuleux tentent de jouer sur la peur de ces animaux en faisant des films d'horreur. Et ils ne sont pas nombreux à tirer leur épingle du jeu. On pourra noter le...
Night Monster

Night Monster

Encore auréolées du succès des films de monstres au début des années 1940, les productions hollywoodiennes s’essayent à de nouvelles pistes d’exploration en matière de frissons cinématographiques. À l’époque, le thème de la maison hantée est généralement tourné en dérision avec des comédies pseudo-horrifiques. Idée reçue que l’on entretient ou délaisse à travers des huis...
Amityville

Amityville

Si les remakes ont toujours fait partie du modèle hollywoodien, les années 2000 ont connu un recyclage effréné de productions emblématiques. Après le succès mérité du Massacre à la tronçonneuse de Marcus Nispel, le cinéma de genre a particulièrement été impacté. Bien que sa notoriété soit restée dans les mémoires pour les affaires DeFeo et Lutz, le cas Amityville a été progressivement dénaturé au...
Twilight - Chapitre 3 : Hesitation

Twilight - Chapitre 3 : Hesitation

« Les feux de l’amour » Le temps est venu de fusiller le nouvel épisode de la saga Twilight . La seule question est de savoir s'il faut s’acharner dessus ou rester timoré? Car si le premier film arrivait à jongler avec bon nombre d’éléments en respectant les limites de l’acceptable, la suite versait déjà trop dans la mièvrerie. Et cela continue dans cette seonde séquelle. Mais d’où vient cette...