Quand une franchise marche, on en fait des suites. Mais quand une franchise marche et qu'elle attire des millions de fans à travers le monde, on en fait une suite encore plus rapidement. A l'image des
Resident Evil, saga qui s'étire au cinéma pour des résultats plus que mauvais,
Silent Hill avait au moins la décence de proposer un premier épisode assez honorable. Le premier film signé Christophe Gans, loin d'être excellent, était assez fidèle au jeu vidéo et proposait une ambiance particulière et assez gênante. Ayant plutôt bien marché, une suite voit vite le jour et s'articule autour du troisième épisode de la saga vidéoludique. On refile la production à Monsieur Samuel Hadida, responsable de l'ignoble remake de
Conan et des deux derniers
Resident Evil, et on donne la réalisation à Michael J. Bassett ayant déjà officié sur
Solomon Kane. Alors quel est le résultat ? Le film est-il aussi sympathique que le premier ? Avons-nous droit à un vrai film d'horreur ? Go back to
Silent Hill !
Attends jeune fille ! Je cachetonne juste sur le film, tu ne vas pas me tirer une bastos en pleine tête si ?
L'histoire de ce film suit à peu près le premier opus de Christophe Gans. On revoit Sean Bean qui vient d'aménager dans une nouvelle maison avec sa fille Heather. Seulement, cette dernière fait des cauchemars récurrents où elle se voit dans la ville de Silent Hill avec tout un tas de monstruosités. Dans son nouveau lycée, elle fait la rencontre d'un jeune homme mystérieux et d'un inspecteur un peu trop collant. Mais les ténèbres ont vite raison de Heather, où elle voit l'inspecteur se faire tuer par un monstre et son père se faire enlever avec un mot écrit sur le mur : Viens à Silent Hill. Pour retrouver son père et savoir ce que lui veulent les gens de Silent Hill, elle va devoir s'y rendre en compagnie de son petit compagnon.
Bien souvent, il faut s'accrocher avec les histoires du jeu vidéo, car le scénario est alambiqué, parfois incompréhensible, mais on s'attache surtout à l'ambiance et au mystère. Le problème, c'est que dans le film, tout est relativement édulcoré et que l'histoire devient vite assez simple et ne tient pas la route. On aura donc droit à une histoire de secte, de démone vraiment pas gentille et de ténèbres gagnant peu à peu le cerveau et l'équilibre mental des habitants de Silent Hill. On aura vraiment du mal à voir les tenants et les aboutissants de cette histoire, où une jeune fille possédant une part de démone veut retrouver son père kidnappé par une secte souhaitant la destruction de cette démone qui menace leurs membres. Bref, ce n'est franchement pas très crédible et c'est un peu le diable qui se mord la queue.
Le gros point fort du jeu vidéo Silent Hill, c'est l'ambiance morbide et très dérangeante qui se dégage de la galette. En effet, entre les monstres répugnants et suintants, la brume et les cendres obscurcissant les rues, ces ténèbres si dégoulinantes qui envahissent la ville, tout cela contribue pleinement à rendre une atmosphère vraiment spéciale. Si dans le premier volet, c'était quasiment le seul aspect qui était respecté, dans ce film, on la cherche encore ! Tape-à-l'oeil au possible et pas du tout intimiste, Silent Hill Révélation s'ouvre comme un blockbuster horrifique impersonnel et franchement pas intéressant. Les effets spéciaux numériques sont dans l'ensemble plutôt bien fichus, sauf si l'on excepte les effets 3D inutiles et franchement moches (des doigts ou des bras qui sautent à l'écran) et lorsque les ténèbres arrivent, faisant fondre les murs de manière à peine correct. Mais au-delà de tout ça, le film ne fait pas peur, et tous les effets de brume, de monstres apparaissant ou encore de surprise sont absents dans le métrage.
C'est pour un vaccin ou une amputation ?
En général, quand l'ambiance ne suit pas, c'est souvent à cause des acteurs. Sauf qu'ici, on dira plus aisément qu'il s'agit de la volonté de faire quelque chose de mainstream et donc de moins intimiste que les jeux vidéo, qui joue avec nos peurs et avec notre dégoût. Adélaïde Clemens joue la jeune Heather et le premier constat est qu'effectivement, elle ressemble énormément à l'héroïne du jeu. C'est un bon point, surtout que la jeune fille est plutôt bonne actrice, avec un fort tempérament et, malgré le peu d'attachement que l'on aura pour elle, elle s'en sort plutôt bien. En revanche, difficile de dire que Kit Harington joue bien. Si brillant et flamboyant dans la série
Le Trône de Fer en incarnant John Snow, il est ici invisible et ressemble à n'importe quel ado prépubère que l'on voit dans beaucoup de films d'horreur actuels. Pour le reste du casting, on retrouve un Sean Bean, que l'on adore, complètement ébouriffé et à côté de ses pompes qui se demande encore pourquoi il a accepté de jouer dans ce film. Carrie-Anne Moss joue la méchante de service, méconnaissable avec sa longue chevelure blanche et son visage émacié. Elle n'est pas crédible pour un sou et surjoue à mort. Enfin, on applaudira Malcolm McDowell dans un rôle inutile, dans lequel il cabotine et qui finit en trente secondes montres en main. Bref, hormis l'héroïne, le reste est plutôt mauvais.
Silent Hill se doit d'être gore. Si ce n'est pas tant par des démembrements ou autres excès sanguinolents, c'est plus dans la dénaturation de l'espèce humaine et dans la présence de monstres dérangeants. Et de ce côté-là, c'est plutôt réussi, notamment avec les infirmières et leurs soupirs sexuels, lors d'une scène assez intéressante, ou encore avec l'araignée qui est un rassemblement de mannequins et qui demeure plutôt bien faite. Malheureusement, tout cela reste inégal, si l'on prend en compte la grande méchante qui ne ressemble à rien, Pyramide Head qui est sous-exploité ou bien Léonard (Malcolm McDowell) qui devient un monstre lambda sans charisme. Ce qui est énervant, c'est la présence d'effets spéciaux numériques dégueulasses, comme des projections de sang qui font vraiment fausses ou bien des membres tranchés dans un effet qui fait vraiment faux. La fin reste dans la même veine que les films à gros budget américain, c'est-à-dire un happy ending poussif, laissant entrevoir une hypothétique suite narrant les aventures du père.
Comment ça : j'ai le feu au cul ?
Au final,
Silent Hill Révélation est un bon gros nanar de luxe. Mettant en avant des effets spéciaux tape-à-l'½il plutôt mal fichus et ne correspondant pas forcément à l'univers de
Silent Hill, le film s'efforce à en faire des tonnes pour masquer les faiblesses d'un scénario indigent. Reste l'héroïne qui reste convaincante et certains monstres sympathiques. Mais pas de doute, on est devant un produit formaté et qui déçoit énormément. A mille lieues du premier film, on est dans la catégorie des mauvais films d'horreur.