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Slumber Party Massacre - Critique

Slumber Party Massacre n’est pas un chef-d’œuvre, loin de là, encore moins si on lui applique les standards de qualité de 2023, mais il a malgré tout de belles choses à offrir aux amateurs de slashers à l’ancienne que nous sommes.

Publié le 26 Septembre 2023 par Geoffrey
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Sorti en 1982 dans les salles américaines avec un certain succès puisqu’il ne moissonnera pas moins de 3,6 millions de dollars, Slumber Party Massacre (sorti sous le nom Fête sanglante chez nous), a depuis engendré 2 suites en 1987 et en 1990, ainsi qu’un remake tardif en 2021.

Le scénario est l’œuvre de Rita Mae Brown, militante lesbienne et féministe par ailleurs autrice de romans policiers, et s’il est d’abord conçu comme une parodie du slasher, d’où l’utilisation d’une arme plutôt curieuse, l’histoire subit des transformations afin d’obtenir les financements nécessaires de la part de Roger Corman, se métamorphosant ainsi en slasher classique, agrémenté d’une bonne dose de nudité.

En l’absence de ses parents, Trish Devereaux invite chez elle quelques amies de son équipe de basket pour une soirée entre filles. Leurs petits amis n’étant pas conviés, ils vont tenter de s’introduire de façon inopinée à la petite sauterie, tandis que depuis la maison voisine, deux filles observent ce manège avec certaine aigreur puisqu’elles n’ont pas non plus été invitées.

Mais tout ce petit monde ignore qu’un évadé de l’hôpital psychiatrique a, lui aussi, l’intention de s’incruster.

Comme vous le voyez, le scénario est d’un classicisme à toute épreuve, mais son traitement n’en demeure pas moins intéressant. En effet, Slumber Party Massacre semble en permanence tiraillé entre les aspirations contradictoires de ses auteurs puisque la féministe Rita Mae Brown a, semble-t-il, voulu proposer une critique de la domination masculine et des comportements toxiques, mais l’écran est sans cesse inondé de scènes voyeuristes à la gratuite hallucinante.

Il ne faut en effet pas deux minutes pour que Trish, notre héroïne, se réveille et se change face caméra pour aller au lycée. Le tout de façon frontale, bien évidemment.

Et comment ne pas citer cet incroyable plan-séquence dans la douche des femmes, où l’œil de la caméra passe d’une demoiselle à une autre en s’attardant longuement sur chaque poitrine et chaque fessier ?

Les amateurs et les amatrices de jolies courbes en auront pour leur argent, même si ces séquences, pour gratuites qu’elles soient, parviennent à distiller un certain malaise quand on se rend compte qu’elles adoptent le point de vue des personnages masculins, tous obsédés par une seule chose : la pénétration, sexuelle pour les adolescents, meurtrière dans le cas du tueur.

Le choix de la perceuse comme arme de prédilection n’a évidemment rien d’anodin, et si l’affiche du film ne vous avait pas encore mis la puce à l’oreille quant à son sous-texte sexuel, certains dialogues vont se charger de vous expliciter la chose puisque lorsque Trish, en larmes, demande au tueur pourquoi il commet ce massacre, celui-ci lui répond qu’il sait ce que veulent les femmes et qu’elles vont aimer ça.

Pour le dire autrement, les meurtres de Slumber Party Massacre sont symboliquement des viols et quand on a compris ça, leur impact s'en trouve démultiplié.

Bien sûr, Slumber Party Massacre peut aussi s’apprécier en tant que slasher basique, mais sachez alors qu’il vous faudra passer outre des défauts plus ou moins gênants. La réalisation d’Amy Jones n’a en effet rien d’incroyable, même si elle tente de braconner sur les terres du Halloween de John Carpenter, mais l’élève n’est clairement pas au niveau du maître.

Le tueur incarné par Michael Villella ne présente pas non plus d’élément mémorable hormis un regard halluciné qui peut provoquer autant le rire que l’angoisse en fonction de la sensibilité des spectateurs, mais il n’en reste pas moins que certains meurtres un peu plus graphiques sont franchement réussis, et que l’utilisation de la perceuse comme arme mortelle s’avère une source intarissable d’amusement et de haussements de sourcils.

Slumber Party Massacre n’est donc pas un chef-d’œuvre, loin de là, encore moins si on lui applique les standards de qualité de 2023, mais il a malgré tout de belles choses à offrir aux amateurs de slashers à l’ancienne que nous sommes.

Signalons au passage que Rimini Editions a sorti le 3 octobre 2023 un très beau coffret comprenant un DVD et un Blu-Ray de très bonne facture, ainsi qu’un livret réalisé par Marc Toullec qui revient sur la genèse du film. Un objet indispensable, donc.

Portrait de Geoffrey

A propos de l'auteur : Geoffrey

Comme d'autres (notamment Max et Dante_1984), je venais régulièrement sur Horreur.net en tant que lecteur, et après avoir envoyé quelques critiques à Laurent, le webmaster, j'ai pu intégrer le staff début 2006. Depuis, mes fonctions ont peu à peu pris de l'ampleur.

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